Alfa Romeo 159 V6 SW vs VW Passat V6 FSI SW : break de classe contre break de masse, dès 5 500 €
Vous voulez un break performant, sûr et raffiné mécaniquement pour partir en vacances mais sans négliger le plaisir ? Le tout pour un petit prix, bien sûr ? L’Alfa Romeo 159 V6 SW Q4 et la VW Passat V6 FSI 4Motion SW semblent tout indiquées, chacune avec des avantages propres.
Les forces en présence
- Alfa Romeo 159 V6 SW Q4 (2005-2010), break 5 portes, V6 3,2 l atmo, 260 ch, 1 730 kg, à partir de 5 500 €.
- VW Passat 3.2 V6 FSI SW 4motion DSG (2006-2010), break 5 portes, V6 3,2 l atmo, 250 ch, 1 715 kg, à partir de 6 000 €.
Le style prime sur l’Alfa Romeo, au détriment de la capacité de chargement, alors que la Volkswagen tente d’abord d’habiller son coffre très volumineux. Mais mécaniquement, ces deux modèles se marquent à la culotte, ce qui est aussi valable pour leurs prestations. Surtout, ils offrent à prix discount des moteurs raffinés et performants.
Présentation : Deux breaks à l’esprit opposé
Succédant à une 156 très populaire, la 159 a fort à faire. Fruit du rapprochement Fiat-GM, elle doit utiliser une plate-forme développée par ce dernier. Dénommée Premium, elle se révèle extrêmement rigide et adaptée à de fortes puissances, ce qui oblige Alfa à monter en gamme. De sorte que quand elle sort au salon de Genève 2005, effectivement, la 159 surpasse très nettement sa devancière par le raffinement de son habitacle. Seulement, malgré une carrosserie plus encombrante, l’espace disponible progresse peu, le coffre variant de 445 l à 1 245 l banquette rabattue : pas formidable.
Autre effet de l’accord avec le géant américain, l’italienne en récupère aussi ses moteurs à essence, notamment le V6, conçu par la filiale australienne Holden. Très moderne, ce 3,2 l dispose d’une injection directe et de 24 soupapes commandées par 4 arbres à cames à calage variable, ce qui lui permet de développer 260 ch sans forcer. Il s’attèle à une transmission intégrale, avec différentiel central Torsen, ainsi que, aux choix, une boîte 6 manuelle ou automatique.
Quant à la suspension, elle conserve une double triangulation à l’avant et un essieu multibras à l’arrière. Malheureusement, avec une mécanique aussi évoluée, la 159 V6 coûte plus cher et pèse bien plus lourd que la 156 GTA : 1 730 kg en SW, soit près de 300 kg supplémentaires… La 159 pointe tout de même à 237 km/h et abat le 0 à 100 km/h en 7,2 s. D’emblée, deux carrosseries sont proposées, une berline et un break, aussi réussies l’une que l’autre et signées Giugiaro.
Dérivant de celles du concept Brera, elles concilient modernité, élégance et caractère avec brio, ce qui aide à faire passer la pilule du prix : 40 750 € en version Distinctive (47 800 € actuels selon l’Insee), et 43 100 € (50 600 € actuels) en Sélective, mieux équipée. Fin 2006, une boîte automatique à 6 rapports apparaît en option, puis, en 2007, une séduisante finition Ti aux airs sportifs s’ajoute au catalogue. Ensuite, jusqu’à sa disparition fin 2010, la 156 V6 ne pas plus tellement évoluer.
Présentée, à l’instar de sa rivale italienne, au salon de Genève 2005, la Passat B6 tranche, elle aussi, avec sa devancière. Alors que celle-ci dérivait de l’Audi A4, la nouvelle récupère en l’étirant la plate-forme de la Golf V. Du coup, la Passat implante désormais ses moteurs de façon transversale et, quand elle se dote d’une transmission intégrale, abandonne le différentiel central Torsen pour un Haldex. Cette nouvelle architecture lui permet de progresser en matière d’habitabilité, tout en réduisant le prix de revient, mais on regrette que le tout s’emballe dans une carrosserie nettement banalisée. Fini le toit en arc de cercle et le vitrage latéral bombé !
Heureusement, les trains roulants conservent l’essieu arrière multibras (jambes McPherson à l’avant) et peuvent s’agrémenter d’un amortissement piloté. Surtout, le volume utile du break SW varie de 605 l à 1 730 l banquette rabattue : un vrai déménageur ! Plusieurs finitions sont proposées, de la basique Trend à la luxueuse Carat.
Cette dernière est la seule à se combiner avec le bloc le plus raffiné de la gamme : le V6 3,2 l de 250 ch, qui est en réalité un VR6 agrémenté d’une injection directe ainsi que d’un déphaseur sur chaque arbre à cames. En France, ce bloc s’associe exclusivement à une boîte 6 DSG (à double embrayage donc) ainsi qu’aux 4 roues motrices. En résulte une auto performante, cossue et bien équipée. Malheureusement, comme la Passat V6 SW pèse lourd (1 715 kg), la consommation se révèle élevée, tout comme la facture. Mais elle roule à 243 km/h, et atteint les 100 km/h en 7,2 s, officiellement.
En break SW, elle est proposée à 39 520 € (46 400 € actuels selon l’Insee). Elle n’évoluera pas avant son retrait fin 2010, si ce n’est qu’elle se décline en Carat Edition dès 2008, plus équipée encore.
Fiabilité/entretien : pays différents, problèmes similaires
Bien fabriquée, la 159 a tout de même connu quelques avaries. Son moteur a beau avoir une distribution à chaîne, il demande de ce côté-là un peu de surveillance, en raison de tendeurs parfois défectueux. Les autos dont on a réduit les intervalles de vidange face à ce qu’annonce le constructeur semblent épargnées. Autre souci, les rotules de direction prenant du jeu : cela impose parfois de changer toute la direction !
Normalement, cela a été résolu. Pas de souci récurrent par ailleurs, si l’entretien est respecté (ne pas oublier de vidanger la boîte), hormis des cas d’usure prématurée des pneus avant en début de carrière. Évidemment, une panne électrique ou électronique est toujours possible (bobines d’allumage, fusibles), comme sur toutes les autos de cette génération, mais dans l’ensemble, la mécanique est très endurante.
Pour sa part, la Passat V6 profite, elle aussi, d’une mécanique solide. Tout comme celui de l’Alfa, son moteur demande une surveillance accrue des bruits en provenance de la chaîne de distribution passé 100 000 km, les tendeurs étant parfois fragiles. Côté boîte, pas de gros soucis non plus si l’on prend garde de la vidanger tous les 60 000 km, à l’instar du différentiel Haldex, sous peine de casse.
La pompe de ce dernier peut aussi rendre l’âme prématurément : si la voiture convoitée souffre de problèmes de motricité sur le train avant, c’est que la transmission intégrale est en panne. Comme sur l’Alfa, on relève aussi des cas d’usure prématurée des pneus ainsi que des bobines d’allumage à changer parfois avant 100 000 km. Les soucis électriques/électroniques sont, là aussi, assez communs, et le compresseur de clim n’est pas forcément endurant.
Avantage : aucun. Les deux autos sont globalement solides, mais pâtissent de défaillances assez semblables, côté distribution et bobines. Pas d’avantage à accorder ici.
Vie à bord : l’allemande plus spacieuse
Comparée à la 156, la 159 progresse nettement par sa finition. Effectivement, à bord, on découvre un beau tableau de bord, réalisé dans des matériaux valorisants : plastiques épais, aluminium. En Distinctive, l’équipement est déjà complet : clim bizone, régulateur de vitesse, radio CD, airbags de genoux, radar de recul…
La Sélective ajoute la sellerie cuir, le chargeur de CD, la clim trizone et les sièges à réglages électriques. Luxueux ! Malheureusement, l’espace disponible apparaît juste suffisant, tout comme le volume du coffre, aux formes peu pratiques.
Pour sa part, la Passat n’affiche pas la même qualité de plastiques que l’Alfa, surtout dans la partie basse de la planche de bord : l’ancien modèle faisait mieux ! En compensation, l’équipement de la Carat est très complet.
Cuir, sièges électriques et chauffants, clim bizone, bois, régulateur de vitesse, frein de parking électrique… La Carat Edition ajoute le GPS à DVD ou encore la caméra de recul. De surcroît, l’habitacle se révèle fort vaste et le coffre immense, comme on l’a vu plus haut.
Avantage : VW. Généreusement dotée quelle que soit la version et remarquablement spacieuse, la Passat prend l’avantage sur une Alfa pourtant un peu plus cossue.
Sur la route : une allemande plus forte en caractère !
On a beaucoup reproché à la 159 son poids. Celui-ci pénalise surtout le moteur, qui ne délivre pas des performances spectaculaires, loin de là. Elles sont simplement convenables. Très doux et souple, le V6 offre une sonorité raffinée et discrète, flattant les oreilles. Mais il demeure désespérément linéaire, faillant à procurer quelque frisson. L’exact opposé du moteur Arese de la 156 GTA, symphonique et regorgeant de caractère ! Pire, la 159 avoue un penchant certain pour la boisson, surtout avec la soyeuse boîte automatique.
Dommage, car le châssis est remarquable. Direction rapide, précise et informative, guidage impeccable de roues, grosse adhérence, motricité totale : la 159 concilie efficacité, sécurité totale et même agrément certain. Surtout, même quand on la maltraite sur mauvaise route, elle ne se désunit jamais, grâce à un amortissement un peu souple mais qui permet à la suspension de bien avaler les bosses. Le confort, par ailleurs, est excellent. À l’évidence, la 159 V6 pourrait encaisser une puissance bien supérieure !
Pour sa part, la Passat V6 séduit d’abord par son moteur. Outre qu’il sonne mieux que celui de l’Alfa (un comble !), il se démarque également par son caractère plus affirmé et procure des performances légèrement meilleures, surtout que la boîte DSG est très rapide à la montée des rapports. Mais lui aussi se montre assez gourmand. Côté châssis, là aussi, c’est du rigoureux, mais moins que sur l’Alfa.
En effet, on sent le moindre guidage du train avant, ce qui se traduit par une précision de conduite inférieure, d’autant que la direction apparaît moins rapide. La Passat n’en demeure pas moins très sûre et efficace, alors qu’elle accepte, si on la brusque en ayant débranché l’ESP, de jouer gentiment de la poupe. Cela dit, la tenue de cap à très haute vitesse sur autoroute allemande reste perfectible (en France, elle est irréprochable), et surtout, la suspension manque de confort face à celle de l’Alfa. Le niveau sonore apparaît également plus élevé, dommage.
Avantage : aucun. La Passat, grâce à son moteur, séduira davantage que l’Alfa si on aime conduire un peu sportivement. Mais en usage familial, ce que l’on cherche avec un break, l’italienne se rattrape par un comportement plus rigoureux et un meilleur confort.
Budget : une Alfa un peu plus abordable
Un peu plus chère quand elle était neuve, la 159 coûte désormais légèrement moins que la Passat à kilométrage équivalent. À 5 500 €, on la trouve avec environ 180 000 km compteur, alors que la VW franchira allègrement les 200 000 km pour 6 000 €.
À 8 000 €, on accède à une Alfa de 120 000 km, alors que la Passat en totalisera 150 000.
Pour une auto de moins de 100 000 km, comptez 11 000 € pour la 159, et 13 000 € pour la VW. Revers de la médaille, l’italienne apparaît plus vorace que l’allemande : 13 l/100 km en moyenne, contre 11 l/100 km.
Avantage : Alfa (léger). Moins chère que la VW, l’Alfa Romeo réclame plus de carburant. Mais comme on n’achète pas un V6 essence pour parcourir 30 000 km par an, c’est surtout gênant côté autonomie.
Verdict : La Passat, plus affirmée
Aux points, nos deux rivales sont difficiles à départager. Mais je donne la victoire à la Passat, pour son volume utile très supérieur, constituant un gros avantage quand on part en vacances avec toute la famille, et sa consommation moindre, lui conférant une meilleure autonomie ce qui est, là aussi, un plus certain sur long trajet.
Son déficit de confort n’est pas énorme, non plus que celui touchant à ses qualités routières, alors qu’elle marche un peu plus fort et gratifie d’une sonorité moteur plus plaisante. L’Alfa ne démérite en aucun cas. Elle séduira les amateurs de douceur, de confort et de sécurité totale. Voire de style !
Le classement final
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | Égalité |
Vie à bord | Volkswagen |
Sur la route | Égalité |
Budget | Alfa Romeo |
VERDICT | Volkswagen |
> Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : Alfa Romeo 159 SW, Volkswagen Passat 6 SW.
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