Alfa Romeo 155 Q4 (1992-1997) : une berline au pedigree de course, dès 18 000 €
Utilisant la mécanique de la mythique Lancia Delta Integrale, cette Alfa peu connue prodigue des performances de haut niveau tout en accueillant dignement toute la famille. Un pur collector.
Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi l’Alfa Romeo 155 Q4 est-elle collectionnable ?
Symbole de la reprise d’Alfa Romeo par Fiat, la 155 ne manque pas de qualités, malgré le désamour des Alfistes. Surtout, sa variante Q4 se pare d’une mécanique d’exception, plusieurs fois championne du monde des rallyes lorsqu’elle est installée dans la coque de la Lancia Delta Integrale. 190 ch, quatre roues motrices, la Q4 est le fleuron de la gamme 155. Chère quand elle était neuve, donc très peu vendue, cette berline performante et sûre demeure rarissime sur le marché.
C’est peu dire que les Alfistes ont peu goûté le rachat de leur marque fétiche par Fiat, fin 1986. En effet, le Géant italien s’est emparé d’Alfa Romeo de peur que celle-ci ne soit rachetée par Ford, qui utiliserait imposant son réseau pour diffuser ses modèles. Danger ! Il faut dire aussi que le Biscione n’était plus, depuis longtemps, en mesure de concevoir de A à Z une voiture sur ses propres ressources, faute de finances. La situation était critique même si les ventes se tenaient encore bien.
Pourquoi ? Parce qu’il n’y avait aucune nouveauté dans les tuyaux, hormis la grande 164, sur base Croma/Thema, donc pas une auto pouvant faire vivre la marque. Fiat commence à remédier au vieillissement alarmant de la gamme Alfa Romeo dès 1992 en lui offrant la 155.
Celle-ci, les passionnés de la marque ne l’ont pas du tout acceptée. Est-elle mauvaise ? Pas le moins du monde. Au contraire, elle reprend l’excellente plateforme inaugurée par la Fiat Tipo, conçue pour élaborer une pléthore de voitures souvent très différentes. Mais voilà, prenant la suite de la 75, elle aussi un dérivé, en l’occurrence de l’Alfetta, donc une pure Alfa, la 155 n’est pas prévue pour être une propulsion, principe cher aux fans du Biscione.
Par ailleurs, la 155, dessinée par le studio IDEA, n’a pas un physique totalement fédérateur. Elle compense pourtant par des blocs performants à double allumage Twin Spark et le fabuleux V6 Busso. Pourtant, ce dernier ne constituera pas la motorisation de pointe de la 155.
Pour la version ultime Q4, on s’en remet à une mécanique ultra-performante qui a fait ses preuves : pratiquement celle de la Lancia Delta Integrale. Soit le réputé 4-cylindres 2.0 Lampredi agrémenté d’une culasse à 16 soupapes et d’un turbo, ici un Garrett T3. Dépollué par un pré-catalyseur et deux catalyseurs à trois voies, ce moteur, doté d’une gestion électronique spécifique, développe 186 ch CEE (ou 190 ch DIN) pour 291 Nm CEE. Petit détail, il y a, dans l’aile arrière gauche un réservoir mystérieux. En fait, il envoie son eau sur l’intercooler, pour refroidir encore un peu plus l’air injecté dans le moteur, et donc gagner quelques canassons. Seulement, il fallait demander son branchement en concession, ce qui faisait sauter la garantie…
Autre argument de la 155 Q4, sa transmission intégrale sophistiquée, issue de la Lancia : différentiel central épicycloïdal allié à un viscocoupleur Ferguson, et différentiel arrière à glissement limité Torsen.
Côté châssis, la 155 Q4 bénéficie évidemment de quatre roues indépendantes (bras tirés à l’arrière, moins raffinés que l’épure de la Delta) agrémentées d’un amortissement piloté (en option) et d’un ABS à six capteurs. Une fiche technique ultramoderne, jamais vue chez Alfa Romeo ! Cela se paie par un poids élevé, frisant les 1 500 kg en ordre de marche.
Les performances ? 225 km/h au maxi, pour un 0 à 100 km/h exécuté en 7 s. Celles d’une bonne GT plus que d’une hyper-sportive, ce que cette 155 n’est de toute façon pas. Elle se veut plutôt une berline très rapide, efficace et confortable, quelle que soit la météo. On s’étonne tout de même qu’à 180 200 F (41 200 € actuels), il faille remettre la main à la poche pour s’offrir une clim, des vitres arrière électriques ou encore un airbag. Cela dit, sa cousine Lancia Dedra Integrale, techniquement très proche mais moins puissante (177 ch), coûte 7 700 F de plus.
Quoi qu’il en soit, la 155 Q4 ne se vendra guère, concurrencée par les Renault 21 Turbo Quadra, Opel Vectra Turbo 4x4, Ford Sierra Cosworth 4x4 et, plus tard, Peugeot 405 T16. L’Alfa sera très légèrement retouchée en 1995 (équipement enrichi, suspension retouchée), terminant sa carrière en 1997, remplacée par la 156. 2 591 unités de la Q4 seront écoulées de 1992 à 1995, plus 110 entre 1995 et 1997.
Combien ça coûte ?
La vraie question sera : où en trouver ? Cette Alfa n’arrive que très rarement à la vente. On en voit quelques-unes en Italie. Comptez 17 000 € pour une auto en très bon état, et 20 000 € pour un exemplaire impeccable totalisant moins de 100 000 km. Au-delà, ce n’est pas raisonnable, à moins de tomber sur une 155 en état vraiment exceptionnel.
Quelle version choisir ?
Celle qui sera dans le meilleur état possible et dotée de preuves d’un bon suivi.
Les versions collector
Ce sont les exemplaires parfaits, là encore d’origine, faiblement kilométrés et, si possible, dotés d’options désirables comme le cuir. A fortiori s’il s’agit de l’une des introuvables phases 2 !
Que surveiller ?
La 155 Q4 est une auto mécaniquement solide, à condition de bénéficier d’un entretien très scrupuleux. Cela commence par une courroie de distribution à changer tous les 40 000 km maxi, des vidanges du moteur tous les 7 500 km et un renouvellement régulier de l’huile des divers éléments de transmission.
Utilisée de façon moins sportive que la Delta Integrale, la 155 Q4 ne semble pas souffrir des faiblesses d’embiellages connues par la Lancia. En effet, sur celle-ci, la motricité étant totale, les bielles jouent une sorte de rôle de fusible quand on passe son temps à demander le maximum au moteur et finissent par défaillir.
On regardera aussi l’état des fonctions électriques sur l’Alfa, un point faible sur les italiennes de ces années-là, souvent bénin mais très agaçant. Enfin, la corrosion peut attaquer, vu l’âge de la voiture, même si sa tôlerie est galvanisée à 70 %.
Au volant
On a beaucoup critiqué l’habitacle de la 155… et on a eu raison. Présenté de façon très austère, il se contente d’une finition banale, pour ne pas dire légère. En revanche, l’habitabilité est excellente et la position de conduite plutôt bonne, même si on est assis assez haut. Au démarrage, on retrouve le ron-ron sympa du Lampredi. Souple, celui-ci semble toutefois atone à bas régime.
Puis, vers 3 000 tr/min, il se réveille et dévoile l’étendue de son caractère généreux : il pousse comme un damné, prend allègrement ses tours et sonne fort bien. Même en bout de développement, ce bloc ne manque pas de ressources ! Il procure à l’Alfa de sacrées performances. La boîte, bien étagée et plaisante à manier, constitue un atout supplémentaire.
Le châssis absolument sans broncher : on a l’impression que rien ne peut le déstabiliser. Gros grip, motricité totale, bel équilibre, c’est un bloc d’airain. Ce qui signifie aussi qu’il pâtit d’une certaine lourdeur, alors que la suspension laisse apparaître un peu de roulis. Très efficace, rassurant mais sous-vireur à la limite et donc, pas sportif.
D’autant que le freinage pourrait être plus puissant. Heureusement, le confort demeure très acceptable, et l’insonorisation fort convenable. Cette Alfa 155 Q4 se pose donc en GT familiale et redoutable dès que les conditions climatiques se dégradent. Dommage qu’elle soit gourmande : 12 l/100 km en moyenne.
L’alternative newtimer*
Alfa Romeo 156 GTA (2001-2005)
Si la 155 Q4 bénéficie d’une transmission intégrale, la 156 GTA demeure une simple traction, malgré les 250 ch de son virulent V6 3.2. Celui-ci incarne la dernière évolution du fabuleux Busso, apparu en 1979 sur l’Alfa 6. Pourtant, malgré l’absence de différentiel à glissement limité, la puissance passe très correctement au sol, grâce à des trains roulants raffinés (double triangulation avant, essieu arrière multibras) et affûtés.
Dire que la plateforme dérive de celle de la 155, donc de la Tipo ! Disponible en berline et break SW, en boîte 6 manuelle ou robotisée, la 156 GTA se montre rapide (250 km/h) efficace et à peu près confortable. Jusqu’en 2005, environ 3 200 berlines seront produites, contre 1 700 breaks. Dès 14 000 €.
Alfa Romeo 155 Q4 (1992), la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 995 cm3
- Alimentation : injection, turbo
- Suspension : jambes McPherson, triangles, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, barre antiroulis (AV), bras tirés, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 5 manuelle, quatre roues motrices
- Puissance : 186 ch à 6 000 tr/min
- Couple : 291 Nm à 2 500 tr/min
- Poids : 1 390 kg
- Vitesse maxi : 225 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 7,0 s (donnée constructeur)
> Pour trouver des Alfa Romeo 155 d'occasion, rendez-vous sur le site de La Centrale.
* Les newtimers sont des véhicules iconiques ou sportifs plus récents que les youngtimers, mais dont la valeur monte. Plus fiables et faciles à utiliser au quotidien, ils doivent leur essor à des caractéristiques techniques souvent disparues, comme de gros moteurs atmosphériques.
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