Dans le dictionnaire, la définition du terme lobby est lapidaire : « groupe de pression ». Bien menée, la pratique du lobbying peut faire en sorte que les orientations politiques décidées par les institutions ne desservent pas trop les objectifs de compétitivité et de croissance de grands groupes industriels. Pour un constructeur automobile, qui doit jongler en permanence entre contraintes industrielles, sociales et environnementales, cette pratique apparaît comme essentielle. Toutefois, le lobbying peut buter sur l'écueil du conflit d'intérêts, voire de la corruption, et laisse à penser que, quand il est pratiqué de façon excessive, il est le signe que ceux qui le pratiquent ont quelque chose à cacher.
Les groupes automobiles sont ainsi très présents au sein des institutions européennes, où ils emploient des lobbyistes à temps plein et consacrent d'énormes sommes d'argent à la défense de leurs intérêts. C'est ce que démontre un classement établi par l'association écologiste Greenpeace, qui s'est basée sur des chiffres communiqués par la Commission européenne.
Groupe |
Montants investis en lobbying à Bruxelles en 2014 (en Euros)* |
Nombre de lobbyistes |
Volkswagen |
3 300 000 |
43 (dont 18 disposent de badges d'accès permanents au Parlement européen) |
Daimler (Mercedes) |
2 500 000 |
14 (dont 8 disposent des badges d'accès permanents au Parlement européen) |
BMW |
1 500 000 |
8 (dont 5 disposent de badges d'accès permanents au Parlement européen) |
Mitsubishi |
1 000 000 |
1 |
Opel |
1 000 000 |
5 |
Fiat Chrysler Automobiles |
700 000 |
6 |
Hyundai |
700 000 |
5 |
Ford |
600 000 |
3 |
PSA Peugeot Citroën |
600 000 |
4 |
Toyota |
500 000 |
5 |
Renault |
400 000 |
4 |
Volvo |
400 000 |
1 |
Jaguar Land Rover |
100 000 |
2 |
Mazda* |
100 000 |
4 |
Honda |
50 000 |
10 |
*Chiffres 2013 pour Mazda
A la lecture du tableau, on constate que les constructeurs allemands sont de loin les plus actifs à Bruxelles, ce qui est logique pour des acteurs de leur dimension. Volkswagen, avec toutes ses marques, est le champion incontestable des groupes de pression pour l'année 2014… ce qui n'a toutefois pas empêché d'éclater le scandale que l'on sait. A l'inverse, les constructeurs français apparaissent relativement timides. Pour autant, n'oublions pas que Carlos Ghosn est aussi Président de l'ACEA (Association des constructeurs européens d'automobile), puissant organisme de défense de l'industrie automobile, basé à Bruxelles.
« Du cours des matières premières aux formalités en matière de douane, en passant par les normes antipollution ou l’électronique embarquée, l'automobile intervient dans des domaines incroyablement variés. Cela explique l’importance du lobbying pour les industriels. Tous les constructeurs ont un département lobbying, c’est d’ailleurs très concurrentiel. », résume un spécialiste du secteur. Le tout est de savoir jusqu'où aller trop loin…
Officiellement, les constructeurs automobiles dépensent chaque année plus de 13 millions d'euros pour défendre leurs intérêts auprès des institutions européennes.
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