En mars 2007 en Allemagne, une expérience à grande échelle a été lancée pour tenter de vérifier si le C02 émis par les industries polluantes pouvait être enfoui dans les profondeurs de la Terre au lieu d'être rejeté dans l'atmosphère où il contribuera au réchauffement climatique. Il s'agit d'une méthode qui consiste à capturer, injecter et stocker le CO2 (dioxyde de carbone, appelé également gaz carbonique), principal gaz à effet de serre. A Ketzin, une bourgade de l'ex-RDA située à 40 km de Berlin, une équipe internationale de scientifiques a commencé l'année dernière à forer le sol afin d'atteindre une nappe d'eau salée souterraine à 800 m de profondeur. Ces scientifiques envisageaient alors d'injecter près de 60 000 tonnes de CO2 pur amenés par camions-citernes.
Günter Borm, professeur au Centre de Recherche de la Terre (GFZ) de Potsdam (l'institut coordonnant le projet), avait expliqué : "Nous allons équiper le site de toute une série de capteurs qui nous aideront à vérifier la pérennité d'un tel stockage. Il n'y a rien de dangereux : le site choisi est très stable et le gaz que nous injectons est le même que celui utilisé pour gazéifier la limonade. Le réservoir est situé sous une couche d'argile et en principe étanche." Ce projet pilote en Europe est co-financé par l'Union europénne, la France, l'Allemagne, des entreprises et des universités européennes. Son objectif : confirmer la faisabilité du stockage géologique du CO2. C'est dans un aquifère salin profond, une nappe d'eau salée souterraine sans contact avec les nappes phréatiques, que les chercheurs (allemands, britanniques, français, polonais et scandinaves) ont souhaité injecter le gaz.
Le coût de ce projet ? 35 millions d'euros. Cette technologie revient très cher, au moins 40 euros la tonne de CO2 enfouie alors que sur le marché européen du carbone, les entreprises ayant dépassé leur quota d'émission paient moins de deux euros la tonne pour compenser la pollution qu'elles engendrent. Certains militants écologistes se sont opposés à ce projet. Matthias Seiche, de la Fédération allemande pour l'environnement et la protection de la nature (BUND), avait souligné : "On ferait mieux d'affecter les énormes investissements nécessaires à ce stockage au développement des énergies renouvelables." La géologue Gabriela von Goerne, de l'association Greenpeace, avait pointé du doigt "une expérience qui n'empêchera pas que l'on continue à utiliser massivement les énergies fossiles." Greenpeace s'inquiétait aussi d'éventuelles fuites asphyxiantes et massives de CO2. Par contre, des experts sont favorables à cette solution pour faire baisser la pollution sur la planète.
Voici les dernières informations en date : l'institut GFZ a indiqué aujourd'hui que le site de stockage de CO2 souterrain a été inauguré le 30 juin 2008. La première injection dans la terre de CO2 émis par une usine fabriquant de l'hydrogène près du site a été ainsi effectuée : le CO2 a été acheminé par camions-citernes comme prévu. Le président du GFZ, Reinhard Hüttl, a mis en avant : "Le stockage du gaz à effet de serre est une option afin de gagner du temps en attendant le développement et la mise en oeuvre de technologies énergétiques pauvres en CO2." Le fonctionnement est le suivant. Trois tubes d'environ 700 mètres de profondeur chacun ont été creusés : deux pour les contrôles, la surveillance et un troisième pour l'injection de gaz. Les canaux aboutissent à un ancien réservoir de gaz naturel datant de l'ex-RDA contenant actuellement une nappe d'eau salée. Chaque jour, 100 tonnes de CO2 doivent être injectées sous terre, ce qui représente la quantité moyenne de gaz émise par 60 voitures en un an.
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