En plus de commercialiser l'hybride Prius, Toyota est déterminé à réduire aussi les émissions polluantes de ses usines, en commençant par son pays natal. Est-ce qu'un fabricant automobile peut être réellement écologique ? Si un peut l'être, ça ne peut être que Toyota.
La marque japonaise a déjà vendu plus de 400 000 Prius et compte étendre sa gamme hybride à au moins dix autres modèles. On connaît par contre moins les efforts que fait Toyota afin de réduire la pollution autant de ses cheminées que de ses sorties d'échappement. Durant les 15 dernières années au Japon, Toyota a ainsi diminué ses émissions de dioxyde de carbone de 2.12 millions de tonnes à 1.78 alors que globalement ses émissions par voiture ont baissé de 15% depuis 2002.
Cette année, la marque a annoncé qu'elle projetait de diminuer de 20% la pollution de ses usines d'ici 2010 en se basant sur les chiffres de 2001. "Nous nous sentons très concernés par les économies d'énergie et le réchauffement de la planète" a confié Kiyoshi Masuda, un des responsables dans la branche environnement de Toyota à Tokyo.
Cet ultimatum place l'ambition de Toyota bien au delà de la cible établie par le protocole de Kyoto. Le traité, qui a été accepté en 1997 mais appliqué seulement cette année, demande au Japon ainsi qu'à la majorité des pays développés de réduire d'ici 2012 ses émissions de C02 et de gaz à effet de serre d'une moyenne de 6% par rapport aux niveaux de 1990. Le gouvernement japonais est allé plus loin en demandant à son industrie locale de les réduire de 8.6%, un chiffres que plusieurs entreprises craignent de ne pas atteindre.
Comment Toyota parvient-il à réduire si facilement ses émissions alors que les autres luttent ? Une explication possible est une plus grande efficacité. En remplaçant ses multiples lignes de production par des lignes uniques capables de produire différents véhicules, Toyota a diminué sa consommation d'énergie de 40%, selon Masuda. De la même façon, une nouvelle technique de soudure mise en place en 2003 a permis d'accélérer la production, de diminuer les coûts et de réduire de 50% les émissions de C02 en utilisant moins d'électricité.
Tout ceci a été fortement aidé par les profits records de Toyota, argent qui a été réinvesti dans de nouvelles usines plus propres. A contrario, les derniers plans de restructuration de General Motors incluaient une diminution de la production mais n'augmentait pas les pourtant très nécessaires investissements dans les nouvelles technologies de production, selon Andrew Phillips, un analyste de Nikko Citigroup à Tokyo.
Ne soyons pas naïfs pour autant, de nombreuses personnes mettent en doute les ambitions écologiques de Toyota. En Octobre, Bluewater Network, un groupe environnemental, certifiait que ses hybrides n'étaient pas beaucoup plus sobre que les voitures classiques à essence. Sa consommation par véhicule aurait aussi empiré suite à l'augmentation des ventes de véhicules de grande taille aux Etats-Unis, où la marque japonaise s'est jointe aux constructeurs de Détroit pour s'opposer à un durcissement des standards de consommation.
De plus, bien que Toyota soit la figure de proue en matière de réduction d'émission lors de sa production, elle est encore capable de bien mieux. En effet, alors que les émissions de C02 de la marque ont chuté au Japon, elles ont augmenté dans le reste du monde, Toyota produisant plus de véhicules. L'année dernière, 6.4 millions de tonnes de CO2 ont ainsi été émis, à comparer aux 5.9 millions de tonnes de 2001. Masuda sait aussi très bien que ses usines situés dans les marchés en voie de développement continueront à cracher plus de polluants que celles du Japon, d'Europe ou des Etats-Unis. « Nous fixons des limites pour chaque pays en observant ce que font nos concurrents, et nous nous donnons ensuite comme but d'être le meilleur », dit Masuda.
Toyota n'est pas la seule entreprise japonaise qui réalisé des progrès en diminuant les gaz à effet de serre. Nisan projette aussi de baisser de 10% ses émissions de CO2 par rapport à 2000 et ce, dès l'année prochaine. Honda de son côté les a déjà réduit de 24% par rapport à 1990, en ayant pour but d'atteindre 30% en 2010.
Evidemment, un constructeur automobile écolo tient de l'oxymore, mais si plus d'entreprises japonaises s'engouffrent à la suite de Toyota et des autres bons élèves, atteindre les normes dictées par le protocole de Kyoto pourrait être possible.
Voilà une course qui a du sens.
Source : BusinessWeek
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