La 84e édition du salon de Genève vient de fermer ses portes ce dimanche. Que faut-il retenir de cette cuvée 2014. La rédaction de Caradisiac vous propose son bilan


Alexandre Bataille : l'électrique sans branchement


Autrefois, les salons automobiles étaient le théâtre des nouvelles technologies. Le lieu où les ingénieurs venaient nous exposer leur vision du futur. Ce que serait l’automobile au siècle prochain. Cette année c’est la firme NanoFlowcell qui a retenu toute notre attention. Cette société présentait en Suisse un concept doté de batteries à flux. Si cette technologie ne semble pas nouvelle, il s’agit de sa première application dans le milieu automobile. Le plein ne se fait plus par branchement mais avec un ravitaillement d’électrolyte. Il suffit de vidanger le liquide déjà passé dans la membrane et de faire le plein d’électrolyte dans le réservoir principal pour les régénérer. NanoFlowcell annonce une densité énergétique cinq à six fois supérieure à celles des batteries lithium-ion avec une autonomie comprise entre 400 km à 600 km.  Cette technologie est couteuse mais surtout encombrante car elle nécessite un réservoir de 200 litres ! Naturellement, il n’existe pas de point de ravitaillement pour remplir ce type de batterie, mais l’idée mérite d’être étudiée à grande échelle.  



Manuel Cailliot : personnalisation, tout le monde s'y met !

La personnalisation automobile n'est pas nouvelle. Même aux tous premiers temps de cette industrie, alors entre les mains d'artisans, les carrossiers faisaient beaucoup pour adapter la forme extérieures des voitures aux désirs de leurs clients, ce qui rendaient beaucoup d'exemplaires uniques. Puis vint la Ford T et l'uniformisation à outrance de ce nouveau moyen de transport de masse.

Petit à petit pourtant, les automobilistes ont voulu à nouveau pouvoir se démarquer, rouler dans une voiture différente de celle de son voisin, et la personnalisation est revenue sur le devant de la scène, y compris pour les voitures de (très) grande série.

Mini, Fiat avec sa nouvelle 500, Smart ont été les pionniers du renouveau de la personnalisation. Et à Genève cette année, nous avons eu la preuve que tous les constructeurs, presque sans exception, s'engouffraient dans cette voie. Peugeot d'abord avec sa 108, aux peintures bicolores, aux coloris variés, aux trois ambiances intérieures et aux thèmes de stickers au choix. Renault avec une nouvelle Twingo férue de stickers également, et où la couleur fait son apparition dans l'habitacle. Même Toyota, improbable candidat à cette mode, fait de sa nouvelle Aygo un chantre de la personnalisation, avec même des morceaux entiers de carrosserie qui donnent le choix dans la teinte (le fameux X). Chez les constructeurs Premium, les programmes qui permettent de rendre sa voiture quasi unique existent depuis de nombreuses années. D'autres japonais comme Mitsubishi avec sa Space Star s'y mettent aussi. Skoda propose Fabia et le nouveau Yeti avec également des coloris bi-tons au choix.

Salon de Genève 2014 - Le bilan de la rédaction

Enfin, pour terminer avec le dernier constructeur français, Citroën présente une importante nouveauté, le C4 Cactus, avec une variété de coloris, d'ambiance intérieures et surtout 4 couleurs pour les fameux "Airbumps".

C'est certains donc, si l'acheteur potentiel ne peut plus (ou ne veut plus...) se démarquer avec une voiture différente parce qu'elle est haut de gamme, ou très puissante, il pourra le faire, pour pas cher, avec des mariages de teinte et une décoration à son image. Avant (peut-être ?) d'envisager la personnalisation ultime : le tatouage automobile (voir Peugeot 108 Tatoo Concept) !


Pierre Desjardins : Biposto sinon rien

L'édition 2014 du Salon de Genève restera dans les annales pour avoir été particulièrement riche en nouveautés importantes. Quasiment chaque stand présentait en effet un modèle central conçu pour devenir un best seller de la marque, que ce soit parmi les constructeurs français, avec la Citroën C4 Cactus et les nouvelles Renault Twingo et Peugeot 108, allemands, avec la nouvelle Audi TT, la BMW Série 2 et la Porsche Macan ou même italiens (et à moindre échelle), comme la Lamborghini Huracan remplaçant la Gallardo, modèle de Sant-Agata le plus vendu de l'histoire de la marque, ou la Ferrari California T, marquant le retour de la suralimentation chez le cheval cabré.


Pourtant, vous ne trouverez pas parmi ces dernières celles qui m'a fait la plus forte impression, ni même parmi les plus gros stands. Non, je ne suis pas non plus laissé attirer par les champs des sirènes exotiques que sont la Pagani Zonda Revolucion, la Koenigsegg One:1 ou la McLaren 650S qui paraissent tellement hors de portée du commun des mortels avec ces chiffres qui dépassent l'imagination.

Salon de Genève 2014 - Le bilan de la rédaction

Non, pour moi, la voiture du salon, celle qui incarne selon moi la passion automobile tout en restant (à peu près) accessible, ça n'être autre que l'Abarth 695 Biposto. Pour être honnête, en la découvrant sur la liste des modèles que je devais traiter durant le salon, je me suis dis « flûte, encore une énième version toujours plus accessoirisée de la Fiat 500 ». Et puis en arrivant sur le stand, mon attention a d'abord été attirée par les fenêtres avant fixe en polycarbonate. Et ce n'est que le premier élément qui en fait une version route à peine civilisée de l'Assetto Corse : échappement Akrapovic, amortisseurs ajustables Extreme Shox, enregistreur numérique, sièges Abarth Corsa Sabelt avec harnais 4 points, système de freinage Brembo, jantes allégées OZ 18 pouces et arceau de sécurité arrière en titane de Poggipolini. Sous le capot, on retrouve toujours le 1,4 T-Jet en version 190 ch mais le plus inhabituel est qu'il est associé à une boîte de vitesses en H à crabots avec différentiel autobloquant, une caractéristique unique pour une voiture de série aujourd'hui ! Avec la cure d'amaigrissement qui lui permet d'afficher 997 kg sur la balance, les performances sont de premier ordre avec un 0 à 100 km/h expédié en 5,9 s et une vitesse de pointe de 230 km/h. Une voiture qui respire donc avant tout la passion, comme on n'en faisait plus depuis longtemps.


Antoine Dufeu : un salon très urbain

Quelle différence entre les éditions 2013 et 2014 du salon de Genève. Souvenez-vous : l’édition de l’an passé avait été marquée par l’apparition d’une série d’hypercars dont les fameuses Ferrari LaFerrari et McLaren P1. Cette année, à Genève, ce sont bien les citadines qui ont focalisé toute l’attention. Il n’est pas si courant de voir des citadines occuper le devant de la scène comme sur les stands Renault (pour la Twingo) et Toyota (pour l’Aygo). Si la mise en avant de la Twingo sur le stand du constructeur français semblait évidente, celle opérée par Toyota l’était moins, d’autant que les deux nouveautés étaient très proches l’une de l’autre. J’ai pour ma part été en revanche étonné de voir les nouvelles Citroën C1 et Peugeot 108 reléguées au fond des stands de leur constructeur respectif. Il est vrai que Citroën et Peugeot avaient d’autres nouveautés à défendre : la C4 Cactus pour le premier et la 308 SW pour le second. Alors que l’on aurait pu penser que Citroën et Peugeot étaient plus que jamais prêts à en découdre avec Renault dans le domaine des citadines, cette édition 2014 du salon de Genève aura rendu les intentions des cousins du groupe PSA plus évidentes : ils semblent partir battus d’avance.


Patrick Garcia : l’auto moderne et le vieux con


Salon de Genève 2014 - Le bilan de la rédaction

L’automobile, bien que découpée en segments regroupant des modèles de taille ou de formes différentes, était jusqu’à peu un agrégat assez homogène dans lequel existait une cohérence transversale de la plus petite à la plus grande, de la moins chère à la plus onéreuse. Les différences existaient mais quelqu’un qui roulait dans une 104 tous les jours n’était pas extraordinairement dépaysé s’il avait la chance de se retrouver derrière le volant d’une Ferrari 308 GTB, il savait même comment allumer l’autoradio dans les 2 autos.

Désormais, les voitures modernes truffées d’électronique sont devenues des machines extraordinairement complexes qui vont normalement évoluer jusqu’à la voiture autonome d’ici quelques années.

Par conséquent, déjà aujourd’hui, l’essai sur route d’une nouveauté n’a plus vraiment grand intérêt. Finalement, les nouveaux (jeunes) clients sont moins intéressés par le compromis suspension et la réponse moteur que par les rejets CO2 ou encore par la question capitale qui consiste à savoir si la fonction Mirror Link qui va permettre d’afficher le contenu de leur smartphone sur l’écran tactile de leur voiture est disponible et si l’auto sera connectée à internet.

Ce salon de Genève montre que la tendance s'accélère et que le fossé s'élargit La somme des équipements et assistances que propose une auto augmentant de façon exponentielle (encore plus en montant en gamme), la façon dont la fonction de base du véhicule (rouler !) s’opère devient accessoire. Outre le fait que cela légitime l’arrivée prochaine de la voiture autonome (pour pouvoir utiliser toutes les applications, autant ne plus conduire), je me dis que si l’on devait mettre un client de Logan (ou de Caterham) dans une Mercedes Classe S ou une simple Audi A3, pas sûr qu’il sache ou veuille utiliser ne serait ce que 10% de ses capacités.

Bref, j'ai aimé l'Abarth 695 Biposto, beaucoup moins le fait qu'on me vante des nouveautés par le biais de leurs capteurs, radars et autres assistances électroniques. Les smartphones, c'est bien, mais ça sert avant tout à téléphoner.


Olivier Pagès : la revanche française

Salon de Genève 2014 - Le bilan de la rédaction

Depuis plusieurs mois, quand on évoque l'automobile française, c'est uniquement pour parler de plans sociaux, réduction de coûts, bref que des mauvaises nouvelles. Et bien, ce salon de Genève a apporté un petit vent de fraîcheur car ce sont les nouveautés françaises qui ont suscité le plus d'intérêt. On ne peut que s'en réjouir. Sans être particulièrement chauvin, c'est véritablement la nouvelle Renault Twingo qui a constitué LA grande vedette de ce salon, suivi de peu par la Citroën C4 Cactus. Les autres Citroën C1 et Peugeot 108 ont aussi pas mal fait crépiter les flashs et on peut citer à un degré moindre la version 308 SW, tout juste auréolée du titre de voiture de l'année.

Les mois arrivent promettent donc de belles choses et on va reparler de ces modèles lors des premiers essais. Cela changera des fermetures d'usines et autres licenciements. Et cette tendance arrive à point nommé car il ne faut pas oublier qu'au mois d'Octobre prochain a lieu le Mondial de Paris, un rendez-vous essentiel pour les constructeurs français qui jouent à domicile. Même si beaucoup de choses restent encore secréte, on sait d'ores et déjà que Renault y présentera la nouvelle génération d'Espace. Vous l'aurez compris, on ne peut que souhaiter que ce salon de Genève soit l'amuse bouche du Mondial de Paris

En attendant, voici notre sujet réalisé à Genève sur les nouveautés françaises