On démarre cette rubrique sur les chapeaux de roues avec un monument de l'automobile française, la Peugeot 205 GTI. Elle a commencé par littéralement sauver le constructeur français dans les années 80 après des années 70 difficiles en rajeunissant son image, mais elle a aussi marqué le retour de la marque en compétition avec la Turbo 16 multiple championne de rallye. Surfant sur la vague de succès de cette dernière, la GTI a aussi repris la succession de la légendaire Volkswagen Golf portant le même blason alors que la première mouture était sur le point de prendre sa retraite. Renouvelant le genre initié par l'allemande, elle était plus moderne, plus polyvalente, plus confortable et plus performante.
Certes, elle n'a pas inventé le concept de petite sportive qui existait déjà dans les années 70 avec par exemple la Simca 1000 Rallye, mais elle en reprend les ingrédients principaux : une voiture de taille réduite et un gros moteur sous le capot. Ainsi la 205 GTI a démarré en février 1984 avec un moteur 1 600 cm3 de 105 ch qui, associé à une masse de seulement 850 kg, lui permettait d'aller chatouiller d'autres voitures beaucoup plus puissantes mais aussi plus lourdes et donc moins agiles. Elle gagnera ensuite 10 ch pour atteindre 115 ch en 1986 avant de recevoir le renfort quelques mois plus tard d'une version 1 900 cm3 de 130 ch, le clou du spectacle.
Esthétiquement, la Peugeot 205 GTI se différenciait du reste de la gamme par quelques appendices transformant totalement la paisible citadine. À la base très bien dessinée par l'équipe de Gérard Welter, la GTI recevait en plus des extensions d'aile en plastique noir, des baguettes rouges, des phares longue portée à l'avant, des jantes alliage de 14 pouces, le tout formant un ensemble sport/chic qui évitait la vulgarité et lui garantissait une clientèle aussi féminine que masculine.
Combien ça coûte à l'achat ?
Problème et avantage de la 205 GTI : il y en a eu beaucoup, il y en a donc à tous les prix. Mais Il ne faut absolument pas se précipiter sur les petits prix démarrant à 1 500/2 000 €, à moins de tripler ou quadrupler cette mise de départ en travaux ou de tomber sur l'affaire du siècle, ce qui est aujourd'hui très rare. En dessous de 3 000 €, il est même difficile de trouver une base propre sans avoir des frais importants. Pour une belle GTI et ce, quelle que soit la motorisation, le ticket de départ aujourd'hui est à 5 000 € pour une voiture saine, voire même un peu plus pour celle de notre reportage. Les plus beaux modèles s'échangeront même contre 7 000 à 8 000 € pour les petits kilométrages fournis avec un historique présentant des tampons des concessionnaires, et même 9 000 € pour une belle restauration dans les règles de l'art avec des pièces d'origine.
Quelle version choisir ?
À chaque GTI son usage. Pour le puriste qui en veut une avec en tête l'esprit collection ou même faire un placement, le modèle de choix est celui d'avant juillet 1984, c’est-à-dire les toutes premières produites qui présentaient des spécificités bien à elles, avec par exemple un pommeau de vitesses et un logo de volant différents. Pour l'amateur d'arsouille et de hauts régimes voulant profiter de l'esprit GTI, la 1600 115 ch ne décevra pas. Pour un usage régulier au quotidien avec des déplacements plus longs, la 1900 130 ch a un moteur plus souple, plus disponible, plus linéaire, plus confortable.
Y’a-t-il des versions collector ?
La Peugeot 205 CTI était la version cabriolet de la GTI, plus sage dans l'esprit puisqu'elle n'avait notamment pas le train avant plus pointu de la berline pour préserver la rigidité de la caisse.
Mais le Graal est la série limitée Griffe (1990) reconnaissable facilement à sa robe vert métallisé Fluorite et qui avait aussi une sellerie spécifique avec des surpiqûres de la même couleur. Elle s'échange aujourd'hui contre 10 000 € voire plus.
Quels sont les points à vérifier ?
Au niveau carrosserie, on commence toujours sur une 205 GTI par regarder les bas de caisse à la recherche de rouille mais aussi au niveau de l'aile arrière où elle se développe autour du joint et derrière les extensions en plastique. Là est son plus gros point faible. Évidemment, avec l'âge, les plastiques commencent à blanchir et ce sont des pièces qui sont délicates à trouver et peuvent coûter cher, en attendant une éventuelle reproduction.
Pour le châssis, c'est le train arrière qui est à surveiller puisque les roulements ont tendance à se gripper, ce qui fait que la voiture a tendance à se raidir de l'arrière et à sautiller, avec un carrossage de Simca Rallye. Le changement du train est une opération lourde dont la note finale peut atteindre 1 000 à 1 200 € en le confiant à un spécialiste.
À l’intérieur, il faut se rappeler que la 205 est une voiture de grande série qui n'hérite donc pas de matériaux particulièrement résistants, surtout après 30 ans de vie, avec des alignements douteux, des agrafes qui lâchent ou des commodos qui cassent. Mais c'est surtout la sellerie qui vieillit mal : les sièges baquets ont leur mousse qui se tasse et leurs bourrelets qui se déchirent.
Terminons sous le capot. La première chose à faire, c'est de vérifier qu'on a le bon moteur dans la bonne voiture. La 205 a en effet particulièrement souffert du tuning et de la préparation et les « swaps » ou échanges de moteur sont monnaie courante : des 1900 contre des 1600, voire des MI16 ou des 2,0 l turbo de Xantia. Il est donc conseillé de se faire accompagner d'un membre du club 205 GTI qui les connaît par cœur, pour savoir ce à quoi on a affaire. Mécaniquement, les 1600 et 1900 sont des moteurs très robustes, avec 300 000 km facilement atteignables. Il convient tout de même de vérifier les injecteurs qui peuvent gripper, ce qui donne un ralenti instable et des à-coups. Le collecteur d'échappement, difficilement accessible, peut aussi se fendre, mais c'est globalement un moteur sans surprise. De façon classique comme pour toutes voitures dans ces âges, les joints de queue de soupape peuvent nécessiter d'être remplacés et les indices les plus flagrants sont une consommation d'huile importante et de la fumée bleue à l'échappement.
La Peugeot 205 GTI étant une voiture à caractère sportif, il faudra aussi faire attention aux traces d'accident. La plus belle preuve de réparation est la traverse entre les phares qui à sa sortie de l'usine était grise, mais qui est souvent repeinte en cas de choc. Acheter une voiture accidentée n'est pas forcément un problème si elle a été correctement réparée, l'important est de le faire en connaissance de cause et ça peut être un levier pour discuter le prix.
Et à conduire, c'est comment ?
Pas de direction assistée, pas d'ABS et encore moins d'airbag, la Peugeot 205 GTI est une sportive légère, et tout le reste est du superflu, sécurité et confort compris. La boîte de vitesses est aussi exclusivement étagée pour les performances et non pour les consommations ni pour le bruit sur l'autoroute : à 120 km/h, on est à 4 000 tr/min. Le moteur 1600 a la fausse réputation d'être creux à bas régime : il est évidemment moins plein à tous les régimes comme le 1900 mais il peut tout de même reprendre à bas régime sans peiner. L'injection rustique peut donner quelques à-coups mais ce n'est pas un sujet d'inquiétude. Le 1600 donne toute sa mesure après 4 500 tr/min et les 105 ch, aussi ridicule qu'une telle puissance puisse paraître aujourd'hui, se jouent de la légèreté de l'ensemble.
La 1600 105 ch a des disques avant et des tambours à l'arrière : ce n'est pas forcément un défaut tant la 205 GTI a un bon touché de pédale mais il faudra se méfier en cas de conduite particulièrement poussée, où les tambours ont tendance à bloquer les roues avant les disques et ainsi déséquilibrer la voiture. La commande de boîte demande un peu d'habitude et n'aime pas être brusquée, il faudra décomposer un peu son geste pour un passage de vitesse optimal. La direction est sans filtre, un vrai kart avec des remontées d'information très fidèles.
Combien ça consomme ?
Paramètre qui n'avait absolument pas la même importance au siècle dernier, la consommation n'est pour autant pas un sujet douloureux en ce qui concerne la 205 GTI puisqu'elle consomme en moyenne 8 l/100 km, de préférence de Sans-plomb 98, ce qui n'est vraiment pas excessif pour une voiture de cet âge.
Plaisante à conduite, fiable et pas chère, la Peugeot 205 GTI était la voiture idéale pour démarrer cette rubrique. Mieux encore, les prix ayant visiblement atteint un prix plancher ces derniers temps, sa cote devrait flamber dans les années à venir ce qui en fait aujourd'hui un excellent investissement.
Avec la collaboration de Thierry Réaubourg – Magazine Youngtimers
Pour trouver des annonces de Peugeot 205 GTI, rendez-vous sur le site de LaCentrale.fr !
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