Bien avant la naissance de l'automobile, les grandes villes souffraient déjà d'un engorgement chronique. Des labyrinthes inextricables de ruelles étroites et encombrées d'échoppes, une circulation anarchique de carrosses et autres charrois, des foules de piétons indisciplinés se jetant sous les sabots des chevaux... tel était le tableau que dressait Boileau au XVIle siècle dans son traité sur les "Les Embarras de Paris". Ce n'est qu'à la fin du siècle dernier que Paris prendra l'aspect qu'on lui connaît aujourd'hui. Le décor changea alors radicalement avec les percées dévastatrices du baron Haussmann qui établissaient notamment de larges axes nord/sud et un savant quadrillage de grands boulevards. En quelques décennies seulement, environnement et modes de vie traditionnels sont bouleversés. L'avènement de l'automobile, coïncidant avec la naissance d'un siècle tout neuf va accélérer le phénomène. Pourtant rien n'est vraiment prévu. Si à Paris, là où le nombre de véhicules à moteur est le plus élevé, les automobilistes sont plutôt bien acceptés, malgré une cohabitation difficile avec les cochers, leur situation dans les villes de province est nettement moins enviable. Ils se heurtent à l'hostilité des maires qui n'hésitent pas à publier des arrêtés aussi abusifs que loufoques. Ainsi celui-ci édité à Bergerac en 1898 stipulant que "les cyclistes sont tenus de mettre pied à terre et de conduire leur machine à la main. La même prescription étant applicable aux.. automobilistes !" En dépit d'un décret national publié en 1899 réglementant la circulation en ville, force restera longtemps aux maires. Ils imposeront longtemps la traversée de leur cité à la "vitesse d'un homme au pas", multiplieront les tracasseries administratives et certains oseront même le racket en percevant des droits sur les carburants consommés par les autos pendant la traversée de leur ville ! Dès les années vingt, les autorités devront alors s'occuper sérieusement des problèmes d'encombrements. Tout est alors à inventer et il faudra près d'un demi-siècle pour mettre de l'ordre dans une incroyable pagaïe. Les premiers signaux lumineux font leur apparition mais ils restent rares et leur coordination sera longue à mettre en oeuvre, le stationnement sera longtemps aussi permissif qu'anarchique, tandis qu'il faudra attendre encore plus longtemps pour la création d'un réseau de sens unique cohérent. Le formidable accroissement de la circulation dans les années soixante conduira à la création de voies rapides et de rocades extérieures destinées à désenclaver le centre des villes. Longtemps ouverte et contrainte à s'adapter à la circulation, la ville, prenant en compte les problèmes de pollution est aujourd'hui nettement moins accueillante pour l'automobile, mais la solution miracle reste à découvrir...
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