Avec Carlos Ghosn, la position de patron de Renault a indéniablement pris de l'envergure. Lorsque le boss parle, il n'y a pas que les français qui écoutent mais la planète automobile dans son entier. Grâce à son parcours international précédent chez Michelin et chez Nissan, par sa volonté d'ouvrir le groupe Renault-Nissan au monde, Carlos Ghosn est également écouté aux USA, même quand il parle de Renault:
Et comme Renault sort d'une période de long silence due à une actualité produit longtemps anémique, les interviews sont légions (cf Remi Deconinck aussi chez RST) en ce moment. Il faut convaincre là où le produit seul n'y parvient pas forcément tout seul.
Interview par Inside Line
IL : L'alliance Renault Nissan a fonctionné au contraire de celle avec Volvo. Pourquoi ça ?
CG: Il y eut beaucoup d'importantes leçons tirées de l'échec avec Volvo. Les ratés du passé nous apporte la connaissance du présent. Le succès de Renault-Nissan est la résultante de l'échec de Renault-Volvo. Nous avons appris à ne pas répéter nos erreurs et même si chez Renault, beaucoup ne souhaitaient pas tenter à nouveau ce genre d'alliance autrefois douloureuses, nos succès présents sont en fait le produit de cette période.
De quelle façon appréciez vous Renault et Nissan ?
Les compagnies sont à des étapes différentes. Chez Renault, nous cherchons à obtenir 6% de marge pour 2009. 4.5% en 2008 et 3% cette année. Durant les 6 premiers mois de l'année nous sommes à 3.5% donc nous sommes sur la bonne voie mais c'est très difficile. Renault n'a jamais fait 6% de marge. Il n'ya que BMW en Europe qui a réussi cet objectif.
Nissan est déjà à un très bon niveau. Les gens disent qu'avec nos 7.4 ou 7.5% de marge nous sommes en difficulté, que nous sommes une compagnie en difficulté (rires). Les attentes sont si grandes que la plus petite déception est considérée comme une crise. Nous devons maintenir la pression sur Nissan pour éviter de pêcher par excès de confiance.
Vous avez étonné le monde en sortant la Logan à 5000$. Comment avez vous réussi votre pari ?
Vous ne pouvez réussir une auto à 5000$ qu'en partant de zéro et en faisant une avancée technologique. D'autres essaient de réaliser ce même chemin, mais ils ont déjà 2 ans de retard. Nous travaillons déjà à la prochaine Logan et nous avons beaucoup appris de la première. Nous ne referons pas certaines erreurs.
Nous savons que vous envisagez une auto à 3000$. Comment est ce réalisable ?
Nous devons à nouveau progresser techniquement et nous avons besoin d'un partenaire indien. La Logan est construite en Roumanie. Pour faire moins cher, il nous faut aller en Inde. Nous discutons avec Bajaj actuellement.
Est ce que la F1 fait encore sens pour les produits Renault ?
En fait, cette question n'est posée que lorsque vous perdez. Quand vous dominez, personne ne se le demande. En 2006, nous avons mis toutes nos ressources dans la conquête des titres pilotes et constructeurs et la voiture 2007 en a forcément pâtit. Cette année, nous avons été gênés par le changement de pneus et de pilote. Mais nous préparons déjà 2008.
Vous ne pouvez pas gagner chaque année mais vous devez être capable de vous battre pour des victoires. Vous devez être dans le Top 2 ou 3 des teams de F1 pour être un top team. Et si vous en êtes un, c'est un avantage marketing. Nous devons toutefois faire baisser le coût de la F1 et la course technologique incessante et un peu folle. Le public veut du spectacle et la technologie ne crée pas de spectacle !
Y'a t'il un lien entre monoplace de F1 et voitures de route ?
Aucun lien direct mais plutôt indirect. Lorsque vous observez les procédures en vigueur dans les teams de F1, vous apprenez comment rendre fiable une auto de route. C'est une des plus importante compétition au monde et cela génère un impact indirect sur nos ingénieurs.
Chez Renault, nous découvrons actuellement un Design très conservateur. Pourquoi ?
Le design d'avant-garde marche pour certains segments, comme les sportives. Mais dans le segment D, les gens veulent du fiable, du robuste, une bonne tenue de route, le tout avec un coût d'entretien compétitif. Et ils veulent que cela paraisse encore moderne 6 ans plus tard. Le design ambitieux audacieux ne dure pas. Le Design automobile, c'est un marathon, pas un sprint. Une auto a besoin de bien se vendre jusque dans ses 4 dernières années, pas seulement dans les 2 premières. Vous devez rester prudent et ne pas donner aux consommateurs ce qu'ils ne veulent pas.
En Europe, la Vel Satis, le haut de gamme de Renault n'a pas marché. Pourquoi ?
Nous avons essayé de faire quelque chose de complètement différent de ce qui existait, ce qui était une bonne idée. Mais quand vous essayez de faire ça, il y a danger de se marginaliser totalement, ce qui est arrivé avec la Vel Satis.
Ensuite, quand vous faites quelque chose de nouveau, il faut que ce soit impeccable en terme de qualité et de fiabilité. Si ça n'est pas le cas, l'innovation devient suspecte. Les gens se mettent alors à avoir peur de l'innovation. Aujourd'hui, nous avons amélioré nos standards de qualité.
Nous faisons des voitures pour un marché global. Quand nous dessinons une auto, nous devons être sur qu'elle ne satisfera pas seulement les besoins des français, ou même des européens mais les besoins de tous. Ceci doit influencer le design.
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