6:15 AM. Hotel Whittlebury Hall
C'est au milieu des fantômes des grands pilotes de F1 que j'ai passé la nuit. Au Whittlebury Hall, le majestueux (autant qu'inquiétant, il ressemble à l'Overlook Hotel dans The Shining) établissement qui accueille chaque année les plus grands pilotes lors du GP de Silverstone. Et me dire que j'ai peut-être dormi dans le même lit que Jacky Stewart, ben... ça me fait quelque chose (VGE, si tu m'entends...). Le réveil est matinal, le petit déjeuner rapidement expédié, et la sortie du hall de l'hôtel nous rappelle que les clichés sur l'Angleterre n'en sont pas : il y fait froid, venteux et pluvieux...
7:15 AM. Transfert au circuit
Il nous faudra un petit quart d'heure pour nous rendre au circuit. Un voyage ponctué des admirables grincements en provenance de la porte coulissante gauche d'un Nissan NV200 Evalia pourtant flambant neuf mais aussi des traits d'humour de notre chauffeur, dont j'aurais certainement profité si son accent n'avait pas été aussi impénétrable.
L'entrée dans l'enceinte du circuit est solennelle. Le portique nous indique que nous arrivons à "Silverstone, the home of British Motor Racing", la maison des sports mécaniques britanniques. Nissan n'a pas fait les choses à moitié pour faire parler de son Juke-R. Et ça marche puisque... je suis là !
J'ai roulé dans le Juke le plus rapide du monde
7:45 AM. Découverte de l'enfant terrible
Après un passage par une salle où trônent un Juke classique et une Nissan GT-R (les géniteurs), je me dirige vers le "Pit Garage". Là, une demi-douzaine de techniciens, à la fois du staff Nissan et de l'équipe de RML, s'affairent autour du Juke-R, comme des guèpes autour d'un pot de miel. Je le découvre enfin "en vrai" après l'avoir étudié en photo. Il fait plus joli. Entendons-nous bien, l'ensemble est surtout assez... bestial pour les uns, kéké pour les autres. Mais il se dégage de ce Juke rabaissé et bodybuildé un parfum indéniable d'asphalte et de course automobile.
Posé sur des jantes de 20 pouces, affublé d'appendices aérodynamiques très m'as-tu vu, dont un étonnant double aileron, il semble très joufflu. Et pour cause, il a pris 13 cm de large au niveau des ailes, qui semblent aussi gonflées que l'œil de Rocky Balboa après son combat contre Apollo Creed. Des boucliers et bas de caisse (très) enveloppants complètent le tableau et une teinte noire mat vient conclure de façon assez spectaculaire il faut l'avouer. Reste que l'on reconnaît tout à fait un Juke. Qui aurait juste fait de la gonflette. C'est qu'il a bien fallu absorber les trains roulant et transmissions de la GT-R ! Pour faire simple, on a élargi le Juke pour faire passer en largeur, et raccourci l'empattement de la GT-R pour faire rentrer le tout en longueur. Facile à dire, pas facile à faire. Mais le résultat est là, après 22 semaines de boulot.
8:00 AM. Le Juke-R s'ébroue
Premier tour de clé, ou du moins premier appui sur le bouton Start, et le Juke-R nous fait entendre sa mélodie. Discrète, très discrète même. Point d'échappement libéré pour l'occasion, point de sonorité typée endurance, l'enfant terrible commence sa petite vie avec une extinction de voix. Il a la même en réalité que celle de sa maman GT-R, qui de l'avis de tous, n'est pas bien haut perchée. Enfin c'est relatif, on n'a pas affaire non plus à une Clio dCi...
8:00 – 10:00 AM. L'attente
Frustration, montée en pression, j'ai eu du mal à distinguer mon état d'esprit durant ces deux heures pendant lesquelles des confrères de la télé ont disposé de la voiture. Non, nous n'étions pas seuls, et oui, comme c'est la télé, ils ont eu droit à deux heures pour travailler quand moi-même et mon cadreur devront faire la même chose en 30 petites minutes. Frustrant je vous dis... Sympas, ils nous ont laissé tourner quelques images en bord de piste. Nous nous sommes donc pelés les miches en même temps qu'eux tandis que pour moi la pression montait d'un cran à chaque minute qui me rapprochait de la prise de volant.
Mon objectif, c'était tout en exploitant au mieux les capacités de l'engin, de ne pas non plus rejouer le drame de Senna, en m'envoyant dans le mur. Pour mémoire, il existe sur Terre seulement 2 exemplaires de Juke-R. Un en conduite à droite, celui que j'allais devoir dompter, et un en conduite à gauche, en tournée promotionnelle sous le soleil d'Espagne. Y'en a qui ont de la chance. Parce que là présentement pour moi, c'est 8 C° et 70 km/h de vent du Nord... Mais la perspective de rouler en Juke piquousé aux hormones me réchauffe au moins le cœur.
10:15 AM. En selle ! enfin baquet...
Avec un quart d'heure de retard sur le strict emploi du temps fixé par l'équipe de Nissan, nos confrères nous laissent les clés.
Au programme, équiper rapidement la voiture de go-pro à l'intérieur et à l'extérieur. Commencer doucement par des travellings, puis s'arrêter pour rentrer la caméra preneuse de son dans la voiture, et repartir pour recueillir en live mes impressions. Sans oublier une rapide présentation.
Le résultat, vous l'avez en vidéo un peu plus haut. Soyez indulgents, on n'a eu que 30 minutes...
Casque sur la tête, je m'installe sur le siège de droite (oui, c'est bien moi qui conduis, je vous rappelle que nous avons la version UK). Je me sangle bien serré dans un harnais 5 points et suis rejoint par le pilote Nissan maison, sorte d'ange gardien. Premier tours de roues pour moi. Mon co-pilote m'explique durant le premier tour les trajectoires et les zones de freinage. Puis, je lâche les chevaux...
10:45 AM. J'ai roulé dans le Juke le plus rapide du monde
Trente minutes plus tard, fini le tour de manège. Trop court, bien trop court évidemment. Suffisant pour se faire une idée sur les capacités de l'engin, mais pas assez pour avoir pu l'exploiter, d'autant que vous vous en doutez peut-être, la piste trempée avait autant d'adhérence qu'une savonnette sur de la glace.
Autant le dire tout de suite, la greffe de la mécanique de la GT-R a très bien pris sur le Juke. On n'a pas du tout l'impression de conduire un engin bricolé, mais au contraire un véhicule très très abouti et fignolé (même la clim a été conservée !).
La facilité de conduite est la même que celle ressentie au volant du coupé de Nissan. Le Juke-R obéi au doigt et à l'oeil. Les 485 chevaux du V6 3.8 litres version 2010 sont très dociles, mais font parler la poudre dès qu'on soude la pédale de droite au plancher. La boîte de la GT-R fait admirablement son boulot avec des passages de rapport éclairs et sans à-coups.
Alors bien sûr les performances ne sont pas celles de la GT-R. L'empattement raccourci, le lourd arceau cage ajouté et une aérodynamique qui n'a rien à voir avec celle du coupé sportif s'y opposent. Mais le 0 à 100 km/h est annoncé en moins de 5 secondes.
Là n'est pas l'important d'ailleurs. L'essentiel est le plaisir de piloter. Et pour ça, le Juke-R est généreux. Il donne de la voix plus à l'intérieur qu'à l'extérieur, il procure de grand coups de pieds aux fesses à la réaccélération, il freine fort et ses 4 roues motrices permettent, même sous la pluie, de se faire plaisir en courbes serrées. En fait on peut prendre le Juke-R de deux façons.
Soit on se dit que c'est une GT-R recarrossée et là on est déçu des sensations. Soit on le prend comme un Juke survitaminé, et là on se dit que c'est un "truc de fou". Le Juke le plus rapide du monde. Incroyable de se dire qu'on prendre tant de plaisir dans un Juke, quand on sait que la plupart de ceux qui sont vendus sont des 1.5 dCi. Dans le R, c'est un autre monde. Je me serais damné pour 2 choses : que la piste soit sèche (merci Lady Angleterre...) et que ça dure plus longtemps.
11:00 AM La pression retombe.
Après avoir remisé mon casque au vestiaire, il a fallu encore quelques minutes avant que mon rythme cardiaque revienne à la normale. C'est alors que des questionnements sont remontés à la surface.
Pourquoi seulement 2 exemplaires de Juke-R ? Pourquoi ne pas imaginer une coupe Juke-R ? Quel dommage de faire le buzz avec seulement 2 véhicules et de ne pas ensuite exploiter des retours qui sont pour le moment très positifs. J'ai posé la question...
Et bien au-delà de faire parler, on m'a assuré que le but était de tester aussi la réaction du public, comme avec le Juke Nismo qu'on peut voir en ce moment au salon de Tokyo. Et si c'est positif, il pourrait y avoir une version plus puissante et fun du Juke, qui sortirai pour se placer au-dessus de la version 190 ch essence. Comme quoi ce ne sera peut-être pas qu'une spectaculaire opération de com...
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