On en parle mais on y met rarement un chiffre dessus. La délocalisation de l'industrie automobile est plus qu'une angoisse, c'est une réalité. Ainsi, selon une étude d'Euler Hermes relayée par Autoactu, les chiffres sont les suivants:
Depuis 2000, soit 6 ans, les emplois perdus en Europe sont au nombre de 117.000. Les prévisions font état de 100.000 nouvelles disparitions de postes d'ici à 2009.
Point besoin de chercher d'explications fumeuses, la technique des vases communicants est avérée. Elle laisse toutefois apparaitre quelques 'fuites' dans le transfert d'emplois puisque ce sont "seulement" 90.000 emplois qui ont été créés dans le même temps dans l'Est de l'Europe (République Tchèque, Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie). Les chiffres montrent une augmentation significative du flux en 2004 puisque 60% des créations d'emplois à l'Est se sont faites à partir de cette date. Le nombre total d'emplois automobiles dans ces 7 pays est passé de 310 à 400.000. Il faut dire que le coût horaire moyen du travail y est 5 fois plus faible. 6,2 euros pour la Slovaquie, 6,4 euros pour la Tchéquie et 11,5 euros pour la Slovénie tandis que le chiffre est de 28,6 euros pour l'Allemagne et 30,3 euros pour la France.
En Europe de l'Ouest (les 15 pays d'avant les 27 !), la tendance est rigoureusement inverse et depuis 2004, 70.000 emplois se sont évanouis.
Selon Euler Hermes, société d'assurances crédits, la tendance va de pair avec la baisse de la marge opérationnelle. L'objectif des constructeurs étant d'arriver à un taux de 6% alors qu'ils stagnent en moyenne autour de 2.5%, le mouvement n'est pas prêt de s'estomper. De plus, les équipementiers ont précédé les constructeurs dans cette tendance et tous provisionnent encore aujourd'hui des charges de restructuration de 0.5 à 1% de leur chiffre d'affaire.
Les pays ayant le plus souffert de ce mouvement vers l'Est sont la Grande Bretagne (-46.000 emplois en 6 ans), la Belgique (-10.000 emplois) et le Portugal (-7200 emplois).
La France qui a tout de même perdu 21.300 emplois en 6 ans (dont 9000 en 2006) est dans la moyenne si l'on tient compte du pourcentage de l'effectif global (-6.8% de 290.000 emplois au total dans la branche).
L'Allemagne était jusqu'à présent restée stable. Nous savons que le phénomène devrait la toucher rapidement.
En comparaison, les Etats Unis (constructeurs et équipementiers) vont supprimer plus de 285.000 emplois entre 2005 et 2009. Si le Japon reste épargné par la baisse de la marge opérationnelle, ils doivent remercier leur monnaie qui ne cesse de se dévaloriser face à l'Euro et au dollar.
Bref, l'avenir de l'industrie automobile en Europe de l'Ouest n'est pas des plus reluisantes.
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