L'hydrogène traverse une période difficile aux Etats-Unis. La mauvaise nouvelle : 3 stations-service à l'hydrogène ont fermé en Californie dont une à Richmond, utilisée par les autobus. Au lieu de se développer comme prévu, les infrastructures de ravitaillement de ce carburant vert se réduisent comme peau de chagrin. L'Etat de Californie compte désormais plus que 23 stations-service à l'hydrogène destinées notamment à des expérimentations ou à l'alimentation de véhicules gouvernementaux ; aucune autre station n'est en cours de construction... Pourquoi ces fermetures et cet abandon ? Chacun des trois organismes qui ont reçu un financement de l'État pour construire une station a décidé de ne pas poursuivre le projet, les coûts d'entretien sont élevés et les clients ne sont pas au rendez-vous.
En Californie, l'hydrogène, alternative au pétrole, demande bien sûr l'installation de stations-service de ravitaillement mais cela revient cher : du coup, les entreprises privées ne veulent pas les sortir de terre, même si le gouvernement leur donne un gros coup de pouce financier. Pacific Gas & Electric a également laissé tomber un projet de station-service à l'hydrogène qui devait naître en banlieue de San Francisco, destinées à ravitailler des centaines de véhicules élaborés par Mercedes-Benz et bientôt commercialisés. Jill Egbert, gestionnaire de Pacific Gas & Electric, a dit : "Les choses ont changé. Nous croyons que l'hydrogène est une solution à long terme, mais du point de vue des ressources, il est plus pressant de tourner notre attention vers les véhicules électriques."
Pour Felix Kramer, créateur de la California Cars Initiative, un mouvement sans but lucratif réunissant écologistes et experts, cette décision de Pacific Gas & Electric représente un tournant : "On sent que l'hydrogène est en perte de vitesse. Cela ne me surprend pas vraiment. En fait, ce qui est surprenant, c'est que les projets aient duré aussi longtemps. Les fabricants à Detroit ont fait du lobbying à Washington en disant: 'Ne nous imposez pas de normes sévères sur les moteurs à essence : nous allons tout régler avec les voitures à l'hydrogène'. Résultat : les politiciens ont mis les normes antipollution sur la glace. Aujourd'hui, on réalise que l'hydrogène n'était qu'un mirage. Les solutions d'avenir se trouvent plutôt dans les véhicules hybrides toujours plus performants et dans les piles à autonomie prolongée. Les voitures hybrides se rechargent en roulant, ou durant la nuit, à l'aide d'un simple fil électrique. C'est une technologie beaucoup plus réaliste, parce que ça ne demande pas de construire des dizaines milliers de stations-service. Pour être attrayantes, les technologies doivent être simples et facilement applicables, pas complexes et onéreuses comme l'hydrogène."
Cette situation est un revers pour le gouverneur de la Californie, Arnold Schwarzenegger, propriétaire d'un Hummer modifié afin de fonctionner à l'hydrogène et fan de cette technologie ! Petit rappel : en 2004, Arnold Schwarzenegger a impulsé le projet "d'autoroute à l'hydrogène" : 100 stations-service à l'hydrogène doivent voir le jour avant 2010. Afin d'atteindre cet objectif, l'État a décidé de financer chaque station pour un coût de 1,5 million de dollars ! John White, directeur du Centre pour l'efficacité énergétique et les technologies renouvelables de la Californie, affirme que le projet de Schwarzenegger est mal parti : "L'attitude des gens envers l'hydrogène a changé. Le public et les entreprises refusent tout simplement d'embarquer, même si l'État les paie pour le faire. Si les élus ne reprennent pas le flambeau, j'ai bien peur que l'autoroute à l'hydrogène ne soit reléguée aux oubliettes." Schwarzenegger va-t-il se retrousser les manches pour y remédier ?
(Source : Mercury News Photo : General Motors)
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