La question mérite d'être posée tant il est difficile d'émettre un jugement mitigé sur le nouveau coupé Audi A5 sans risquer l'opprobre des fans outrés. Vous n'êtes pas sans savoir que le groupe VW a opéré un sévère remaniement de ses équipes Design, privilégiant la branche Walter De'Silva (Groupe Audi) à celle de Murat Günak (Groupe VW) "gentiment" remercié.
La découverte de l'A5 à Genève est troublante. On peut y trouver toutes les qualités Audi traditionnelles mais on reste obligatoirement sur sa faim. Seuls ceux dont l'amour sans borne pour la marque empêche de juger objectivement refuse le constat. Comme pour ne pas affronter la réalité, ils rejettent inconsciemment l'idée d'une auto décevante.
Audi a tellement satisfait les fans depuis près de 10 ans qu'il est difficile d'admettre que l'on puisse être déçu. En ce sens l'amour rend un peu aveugle.
Audi, c'est un peu le "Bayrou" des marques automobiles Premium. C'est le troisième larron qui vient piétiner les plates-bandes des 2 dinosaures du segment qui peinent à progresser. Audi c'est le "troisième homme".
L'A5 serait elle le modèle qui montre le basculement d'Audi du statut de outsider audacieux à celui de tête de liste devenu timide voire timorée?
Force est de constater que le Design choisi s'éloigne de celui attendu à l'origine. Tout le monde espérait une Nuvolari ou un TT échelle 1.5 et à la place, Audi nous sert un engin mixant les influences reniant plus ou moins les éléments clés de design qui ont fait son succès. Autant le TT2 est parvenu à "latiniser" un style un peu froid à l'origine sans le dénaturer, autant l'A5 pose question.
En y regardant de près le pli de caisse qui parcourt le profil de l'auto porte une grande part de responsabilité dans cette impression étrange. Alors que jusqu'à présent, Audi avait bati son succès esthétique sur des lignes tendues, voire droites, l'A5 ondule. Inconsciemment on lui trouve un air mou. Même Renault semble être revenu de (ou semble avoir atténué) ce genre d'excentricité prévue sur la Laguna 3.
De plus, le "tombé de pavillon" devenu légendaire sur le TT et joliment adapté au concept Nuvolari a subitement disparu. La malle, le montant arrière, le dessin des vitrages deviennent tout à coup nettement plus "CLSien" que "TTistes". En moins bien. Même les feux ramènent à des images de BMW Série 3 coupé. Singer plus ou moins la concurrence (à succès) c'est le symptôme caractéristique du 'parvenu pusillanime' qui décide la peur au ventre ! Le troisième homme aurait-il atteint un tel niveau de popularité que ses décisions (simplement design) seraient dictées par la peur de perdre des clients plus que par l'envie d'en gagner ?
Bref, sur le strict plan du style, mis à part la bouche bée aux 4 anneaux déclinée sur toute la gamme, cet A5 n'est, à mon sens, plus tout à fait une Audi. Du moins telles qu'on les aimait jusque là.
Les fans l'admettront ils ? Pas sûr. Et pourtant...
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