Seule face à une forte coalition française, l'Alfa Romeo 2900 B de Sommer-Biondetti, va rester 3000 km en tête de la course ! Moteur cassé, elle renonce à deux heures de l'arrivée et laisse le champ libre aux Delahaye, qui signent ainsi un heureux doublé.
Après une édition 1937, haute en couleurs et, où tous les records furent battus par la Bugatti de Wimille-Benoist, ce millésime 1938 semble nettement plus terne. Les voitures de Molsheim sont, en effet, absentes et la désaffection des Britanniques en "grosse cylindrée" se confirme. Le public se console tout de même et trouve de bonnes raisons d'espérer une nouvelle victoire française avec la présence de 28 voitures bleues sur 42 partants.
Delahaye, qui a réussit à occuper les deux autres marches du podium en 1937 derrière l'intouchable Bugatti, n'aligne pas moins de sept voitures, dont deux à moteur 4.5 litres. Ces dernières pilotées par Dreyfus-Chiron et Comotti-Divo ne sont autres que les "145" à moteur V12 de 230 ch, dérivées des modèles de Grand Prix ayant triomphé au "Million", l'année précédente. Elles sont soutenues par cinq classiques "135", animées par le solide 6 cylindres 3.6 litres, pilotées par Chaboud-Tremoulet, Serraud-Giraud Cabantous, Villeneuve-Bioley, Monneret-Loyer et Mongin-Mazaud.
Talbot réplique avec six voitures dont une nouvelle 4.5 litres, dérivée elle-aussi d'une machine de Grand Prix, confiée à Chinetti-Etancelin. La marque de Suresnes engage également trois T 150 à moteur 4 litres pour Mathiesson-Clifford, Trévoux-Levegh et Carrière-Le Bègue, ainsi que deux coupés Lago SS, qui semblent s'être évader d'un concours d'élégance, pour Prenant - Morel et Rosier - Huguet. Enfin, la Delage D6-3 litres de Gérard - De Valence complète la présence française en "grosse cylindrée" avec une plus modeste Amilcar 2.5 litres confiée à Mesdames Roux et Rouault.
Un fort contingent français donc, qui doit toutefois faire face à la menace bien réelle matérialisée par l'Alfa Romeo 8C-2900 B de Sommer - Biondetti. Possédant une ligne sublime signée Touring, la voiture italienne est en fait une Formule 1 du type 308 "déguisée" en machine d'endurance. Rapide et puissante, elle est animée par le 8 cylindres-3 litres, suralimenté de la monoplace développant plus de 230 ch. Un modèle 8C plus ancien et aux ambitions plus modestes est également engagé par les Français Horvilleur-Matra.
En catégorie 1500/2000 cm3, trois Peugeot Darl'Mat, animées par de nouveaux moteurs à culasse hémisphérique se retrouvent face à une Adler Trümpf dotée d'une carrosserie profilée, et alignée officiellement sous la bannière du constructeur allemand, deux Riley et une Aston Martin. Forte présence française également en petite cylindrée avec une impressionnante cohorte de dix Simca 8, Simca 5 ou Simca-Fiat (dont six préparées par Amédée Gordini) arborant ou non des carrosseries spéciales ou proches de la série. Un plateau complété par une seconde Adler à carrosserie aérodynamique, qui vise quant à elle la victoire en moins de 1500 cm3 et de sept petites voitures britanniques (HRG, Singer, Atalanta, MG et Morgan).
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