Youpi, les berlines sont de retour. Du moins en Amérique
Après avoir abandonné la fabrication de sa berline Malibu, au profit de ses SUV, Chevrolet fait volte-face et relance les chaînes de sa bonne vieille tricorps. Car ses clients, plutôt que d'acheter les crossovers de la marque, se sont tournés vers les constructeurs japonais et coréens qui, quant à eux, continuent de produire des berlines. Cette histoire venue d'Amérique pourrait-elle advenir chez nous ?
On a coutume de dire que l’Amérique a dix ans d’avance sur l’Europe. Et que ce qui survient par là-bas, fini par nous arriver par ici. Dans le cas présent, prions pour que ce vieil adage soit toujours d’actualité, car si l’information, tombée cette semaine, n’est pas qu’un aléa dont l’industrie automobile a le secret, elle pourrait changer la face de nos routes ornées de SUV.
Car c’est l’histoire d’une résurrection, celle des bonnes vieilles berlines honnies qui, de ce côté-ci de l’Atlantique, n’intéressent plus que quelques commerciaux conscients du confort qu’elles prodiguent et de quelques seniors qui lui trouvent la même allure statutaire qu’elles avaient au temps de leur jeunesse.
Cette histoire d’Amérique et de résurrection, se passe à Detroit, siège de General Motors. Une maison qui, sous sa marque Chevrolet, produit depuis 1964, une berline Malibu on ne peut plus traditionnelle. Cette auto à tout faire, qui, au cours de ses 9 vies et générations a servi de taxi, de voiture de shérif et de carrosse familial, a connu une triste fin il y a un an tout juste.
Histoire d’inciter ses clients à acheter des Equinox ou Blazer, les SUV de la marque, GM a tout simplement décidé d’arrêter de produire sa bonne vieille Malibu. Une décision a priori logique, que d’autres marques américaines ont prise aussi. Buick et Cadillac toujours chez General Motors, ou le concurrent Ford ont annoncé eux aussi qu’ils renonçaient aux tricorps pour se concentrer sur les camionnettes hautes sur pattes.
Les berlines américaines sont mortes ? Vive les Japonaises et les Coréennes
Sauf que c’est parfois imprévisible, un client. Et de temps en temps, ça n’en fait qu’à sa tête, déjouant toutes les projections marketing. N’ayant plus de Malibu à se mettre sous le séant, ils ne s’en sont pas tournés vers les SUV de Chevy pour autant. Mais vers les berlines des concurrents. Double affront : les marques américaines en fabriquant de moins en moins, ces mêmes clients s’en sont allés sonner à la porte des Japonais et des Coréens. Résultat : Toyota est passé en tête des ventes aux États-Unis l’an passé, et Hyundai – Kia s’y porte plutôt très bien, merci.
Du coup, en novembre dernier, voyant les Toyota Camry et Hyundai Elantra déferler dans les rues de Detroit et d’ailleurs, les dirigeants de GM ont ravalé leur orgueil et relancé les chaînes de la bonne vieille Malibu. Mamie a fait son retour dans les concessions US la semaine passée et on lui souhaite de passer encore plusieurs années heureuses entre les mains des chauffeurs de taxi de New York, des shérifs des hautes plaines et des familles du Midwest.
Évidemment, on pourrait se draper derrière cette anecdote en hurlant à l’épiphénomène. Sauf qu’elle se déroule aux US, au pays de naissance du SUV, dans une contrée ou derrière chaque pick-up, et derrière chaque gros 4x4, sommeille un chariot de pionnier, ou les routes sont plus défoncées qu’en Europe, faute de services publics à la hauteur et exigent ce type de voiture.
Du coup, on peut se dire que si même les US font un tantinet marche arrière sur ces autos lourdes, inutiles et chères, pour en revenir à des véhicules plus légers, plus confortables et à moindre coût, il se pourrait bien que nous autres européens suivions cette même voie de la sagesse. Si ce phénomène se poursuit et s’il traverse l’Atlantique. Mais à coups de « si » on se dit que personne n’aurait jamais eu la malencontreuse idée d’inventer les SUV.
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