Volkswagen : une assemblée générale sous haute tension
Des excuses présentées mais pas vraiment acceptées et un vote de confiance quand même, c’est le bilan en forme de paradoxe que présente une assemblée générale du groupe Volkswagen qui vient de s’achever. Un événement qui se déroulait jusque-là sans accrocs dans le meilleur des mondes avant que le scandale sur les moteurs diesels n’éclate. De quoi excéder les petits actionnaires qui ont fait entendre leur voix mais dont les voix ont finalement peu pesé.
Car les hauts dirigeants de Volkswagen ont obtenu ce qu’ils étaient venus chercher : une validation de leur action en 2015. Hans Dieter Pötsch, Matthias Müller, Martin Winterkorn et Herbert Diess ont recueilli plus de 97 % de votes favorables, a déclaré le président du conseil de surveillance. Les familles Porsche et Piëch, l'Etat de Basse-Saxe et le Qatar, qui contrôlent ensemble quasiment 90 % du capital, ont serré les rangs derrière la direction pourtant mise à mal pendant onze heures de débat houleux.
Au cours de ceux-ci, Hans Dieter Pötsch, le directeur financier, a déclaré regretter « sincèrement que le dossier du diesel jette une ombre sur cette grande entreprise ». « C'est d'autant plus douloureux pour vous, pour nous et pour moi personnellement que les règles ont été violées et les limites éthiques transgressées », a renchéri Matthias Müller, le président du directoire, devant les quelque 3 000 actionnaires présents. C’est bien le moins tandis qu’Ulrich Hocker, de l'association d'investisseurs privés DSW a insisté sur un « désastre » relevant d'un « échec collectif » des neuf membres du directoire.
Certes, mais la confiance est passée. Car point trop n’en faut et les actes de contrition ont leurs limites. Le directoire et le conseil de surveillance ont recommandé aux actionnaires d'approuver l'action du directoire en 2015 parce que les investigations en cours sur le scandale n'avaient alors mis au jour aucune malversation ou infraction des hauts dirigeants. Le doute doit donc bénéficier à l’accusé tandis que, dans le même temps le parquet de Brunswick, dont dépend le siège du groupe à Wolfsburg, a ouvert une enquête visant directement l'ex-président du directoire Martin Winterkorn et le directeur de la marque VW, Herbert Diess, qu'il soupçonne d'avoir manipulé le cours de Bourse de l'action Volkswagen en retardant la publication d'informations sur le trucage des tests.
Les apparences sont sauves mais rien n’est pour autant réglé. L’onde de choc de la déflagration du 18 septembre dernier, date des révélations sur les manipulations des moteurs diesels, va continuer à coûter à Volkswagen qui veut se refaire immédiatement une image avec l’affichage d’une ambition électrique. Les actionnaires ont cependant obtenu un petit quelque chose de cette assemblée : l’adoption d’une proposition conjointe du directoire et du conseil de surveillance consistant à baisser significativement le dividende au titre de 2015, à 0,11 euro par action ordinaire et 0,17 euro par action préférentielle contre respectivement 4,80 et 4,86 euros au titre de 2014.
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