Voitures électriques : la Chine impose aux constructeurs le recyclage des batteries
La Chine va forcer les constructeurs à collecter et recycler les batteries usagées des voitures électriques. Une nécessité écologique, qui pourrait permettre de sauvegarder des emplois si on en faisait de même en France.
En matière de voitures électriques, la Chine ne plaisante pas. Il va bientôt y avoir des quotas pour les immatriculations dans l'Empire du Milieu. En 2019, les constructeurs devront réaliser 10 % de leurs ventes avec des voitures hybrides ou électriques. Puis la part sera régulièrement revue à la hausse. Ceux qui ne seront pas dans les clous pourront acheter des "crédits" à d'autres marques… ou devront payer de lourdes amendes.
Et la réglementation se durcit à nouveau. Les constructeurs qui vendent des voitures branchées vont devoir assurer la collecte des batteries usagées, ce qui reste simple, et surtout gérer leur recyclage. Et là, c'est déjà nettement plus contraignant, d'autant que les marques automobiles se fournissent le plus souvent à l'extérieur pour les batteries. Le temps qu'ils s'organisent, ils devront collecter et confier les accus à des spécialistes du recyclage.
Les fabricants vont être mis aussi à contribution. Ils sont même en première ligne puisque la réglementation va leur imposer de mettre en place un système de traçabilité, pour connaître les propriétaires des batteries. Ils sont aussi invités à travailler sur un design standard de batterie, ce qui permettra de faciliter le démontage et donc le démantèlement. Pékin leur a aussi demandé d'aider les constructeurs sur le processus de recyclage.
L'Empire du Milieu est le premier marché mondial de la voiture électrique, avec près de 600 000 autos branchées livrées en 2017. Un chiffre qui va progresser avec la politique de quotas, le gouvernement envisageant atteindre la barre de 25 % des ventes en 2025. Pour le centre chinois de recherche et de technologie automobile, il y aura en 2020 environ 200 000 tonnes de batteries usagées en Chine. Et ce serait 350 000 tonnes d'ici à 2025. Autant donc réglementer avant qu'il ne soit trop tard et que cela se transforme en un désastre écologique.
Il n'y a pas d'équivalent en Europe, où les immatriculations de voitures électriques progressent aussi à vitesse grand V. Près de 150 000 modèles branchés ont été livrés sur le Vieux Continent l'année dernière, un résultat en hausse de 43 % par rapport à 2016. Pour l'instant, les opérations de recyclage sont des initiatives de bonne volonté de la part des constructeurs, conscients que c'est l'un de leurs prochains défis technologiques… et que c'est toujours bon pour l'image, le bilan écolo de la voiture électrique étant souvent remis en cause par la batterie. Renault a par exemple imaginé une réutilisation dans des habitations. Du côté de l'Union Européenne, on avait en octobre dernier évoqué l'idée d'un Airbus de la batterie, pour voir émerger une production de masse de batteries en Europe, le marché étant dominé par les firmes asiatiques. Cela engloberait aussi la partie recyclage.
Développer une telle filière permettrait chez nous de sauvegarder des emplois, à un moment où l'industrie automobile vit une époque charnière. La chute des ventes de véhicules diesels fragilise la santé de sous-traitants spécialisés, avec par exemple l'usine de Bosch à Rodez. Cela offrirait aussi de nouvelles opportunités à des sites menacés, comme Blanquefort où Ford vient d'annoncer qu'il n'investirait plus.
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