Voiture électrique : il faut rouler 90 000 km avant qu'elle soit plus "écolo" qu'une thermique
C'est à la fois beaucoup, et peu. Selon une toute récente étude allemande, il faut parcourir en moyenne au moins 90 000 km pour qu'une voiture électrique "efface" son bilan écologique de fabrication défavorable par rapport à une thermique. Et sur sa durée de vie totale, le bilan serait toujours très favorable.
Cette récente étude qui nous vient d'Outre-Rhin, et plus précisément de VDI (une entreprise spécialisée dans l'ingénierie, la transformation numérique, l'adaptation au changement climatique et la limitation du réchauffement), corrobore d'autres études plus anciennes. Tout comme elle va dans le sens des résultats de l'organisme Green NCAP, qui s'occupe des performances environnementales de nos autos pendant que Euro NCAP s'occupe de leur sécurité.
Selon VDI (VDI Society for Vehicle and Traffic Technology), et "en moyenne", il faut donc parcourir 90 000 km avant qu'une voiture électrique (VE) devienne plus écologique qu'une thermique.
VDI a examiné l'impact environnemental de divers modes de carburation pour les véhicules de la catégorie compacte (par exemple VW ID.3, Ford Focus, Toyota Corolla Hybrid, VW Golf). Résultat : les voitures électriques de cette catégorie de véhicules seraient plus respectueuses du climat que celles à propulsion thermique après 90 000 kilomètres parcourus (pour des voitures roulant en Allemagne). C'est à la fois peu (toutes les autos sont destinées à parcourir bien plus que ce kilométrage dans leur vie), et beaucoup (sur la base du kilométrage moyen des Français, il faudrait tout de même 7,5 années avant d'éponger le "déficit" environnemental).
Le bilan CO2 d'un VE
devient plus favorable
à partir de 90 000 km
en moyenne
Dans l'analyse à long terme réalisée par les ingénieurs du VDI, en collaboration avec l'Institut de Technologie de Karlsruhe (KIT), après un kilométrage de 200 000 kilomètres (un cycle de vie complet), les voitures électriques et les véhicules hybrides obtiennent les meilleurs résultats en termes d'empreinte carbone, suivis par le diesel et les voitures à essence fonctionnant aux combustibles fossiles.
Selon le Dr. Joachim Damasky, président de VDI : "Il est bien connu que l’équilibre écologique exact des voitures dépend de nombreux facteurs : le lieu de production, le mix énergétique dans la production du véhicule et de ses composants, ainsi que le système de propulsion utilisé sur la route et l’énergie utilisée. En raison de leur production plus gourmande en ressources, les voitures électriques et les véhicules hybrides partent avec un "sac à dos écologique" lorsqu'il s'agit de leur évaluation du cycle de vie, car la production de batteries a désormais lieu presque exclusivement en Asie. Mais sur le long terme, les voitures électriques et les véhicules hybrides prévaudront en matière d’équilibre écologique".
Un VE 35 % moins émetteur qu'un thermique sur le cycle de vie
Malgré donc ce "sac à dos" écologique initial, l'étude nous apprend que sur un cycle de vie complet, un VE rejettera 24,2 tonnes de CO2, depuis sa production (y compris la batterie) et jusqu'à son recyclage. Pour un véhicule PHEV (hybride rechargeable), c'est 24,8 tonnes. Mais pour un diesel, c'est en moyenne 33 tonnes, et pour une essence, 37 tonnes de CO2.
Mais attention ! Ces kilométrages peuvent varier grandement à la baisse ou à la hausse selon la façon dont l'électricité pour les recharger a été produite. Dans l'hypothèse où elle est à 100 % d'origine renouvelable, il ne faut plus que 65 000 km pour arriver au "point de bascule". À l’opposé, si l'électricité est produite à partir de combustibles fossiles, comme en Chine, en Pologne, alors le kilométrage à parcourir atteindrait les 160 000 km, ce qui change grandement la donne !
La France, avec sa production électrique très peu carbonée, serait plus proche des 65 000 km que des 160 000 km, c'est une certitude. Pour ça et on le savait déjà, notre pays est plutôt bien placé.
Quelques recommandations de VDI toutefois : fabriquer plus de batteries en Europe, où leur empreinte carbone sera moindre qu'en Asie, même si ce sera loin d'être écolo. Les projets de gigafactory de batterie en Europe sur déjà sur les rails, dont un en France. Mais aussi, recharger le plus souvent possible les hybrides rechargeables (quelle surprise !), produire des véhicules plus petits, plus légers et à plus petite batterie, qui suffisent à assurer de la mobilité urbaine, et enfin encourager les investissements dans le recyclage, qui sera un gros enjeu en rapport avec l'utilisation des ressources.
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