Ventes des véhicules professionnels : le Covid 19 impacte lourdement le marché
Sans grande surprise, le confinement ordonné à la mi-mars dans le contexte épidémiologique du Covid-19 a sérieusement détérioré le bilan des ventes automobiles en France au premier trimestre. Le segment des véhicules destinés aux entreprises, aux administrations et aux loueurs longue durée, qui avait déjà éprouvé des difficultés en janvier, a dû de nouveau courber l’échine, cette fois face à une crise économique d’ampleur.
Les constructeurs, les distributeurs et l’ensemble des professionnels de l’automobile s’attendaient certes à un millésime 2020 compliqué sur le marché français. D’une part en raison du durcissement du malus écologique dès le 1er janvier. D’autre part en raison de l’entrée en vigueur au 1er mars du cycle WLTP (Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedures), qui s’érige désormais comme la référence unique en termes de mesure des émissions de CO2 sur les véhicules neufs.
Sauf que personne ne s’attendait à ce qu’une crise sanitaire majeure, en l’occurrence, l’avancée de l’épidémie de Covid-19, ne vienne ajouter un niveau de complexité supplémentaire et inédit aux problématiques du secteur.
Les livraisons et les commandes au point mort
Tout s’est en fait passé très vite. Dès les premiers jours de mars, mais surtout, dès le 17 mars, date de l’annonce par le Premier ministre Édouard Philippe d’une période de confinement général. Cette décision a eu entre autres conséquences la fermeture des réseaux de distribution automobile et l’arrêt progressif des chaînes de production de différents constructeurs, qu’ils soient français ou étrangers.
Une situation jamais vue, qui a occasionné une chute des ventes historique sur le marché du véhicule léger neuf (VP + VUL) : 70,9 % de baisse en mars par rapport à mars 2019, selon le CCFA, le Comité des constructeurs français d’automobiles.
Le véhicule d’entreprise souffrait déjà depuis janvier
La vente de véhicules neufs aux professionnels (aux entreprises, aux administrations, aux loueurs longue durée), sur laquelle les marques (à l’image de Renault, de PSA, de Hyundai, Volvo ou encore de BMW) misent aujourd’hui de plus en plus pour asseoir leur influence et accroître leur chiffre d’affaires, n’a pas échappé à ce tsunami économique.
Ce segment, qui prend en France une importance croissante, allant même jusqu’à dominer certains mois le canal de la vente aux particuliers en termes de volume global d’immatriculations, se serait assurément passé de cette mauvaise passe printanière. Après les records de ventes de 2019, il avait en effet connu un redémarrage plutôt poussif lors des deux premiers mois de 2020.
En janvier, les résultats s’étaient montrés particulièrement décevants (60 493 voitures particulières et utilitaires légers immatriculés), marquant une baisse de 7,42 % par rapport à janvier 2019, selon les données recueillies par l’Arval Mobility Observatory (AMO). En février, on avait ensuite assisté à un léger mieux. La filière avait alors repris confiance, avec 75 526 unités vendues et 9,8 % d’augmentation comparé à février 2019. Le cumul des ventes janvier-février sauvait ainsi la mise in extremis, sur une timide hausse de 1,41 %.
Mars fait plonger les immatriculations de 63 %, l’électrique limite la casse
Le rebond du mois de février aura donc été de courte durée. La faute au Covid-19, mais surtout au confinement et à ses conséquences économiques désastreuses. Au cours du mois de mars, et spécialement durant la deuxième quinzaine, le marché automobile B2B (business to business) s’est effondré. Seulement 30 709 immatriculations ont été recensées par l’AMO, soit 63 % de moins que l’année précédente. Cette baisse a concerné aussi bien les voitures particulières que les utilitaires légers.
Si l’on examine le volume d’immatriculations recensées par l’AMO au premier trimestre, on constate que les mises à la route de VP et VUL neufs au service des professionnels sont en diminution de 23,6 % (166 727 unités) par rapport au premier trimestre 2019.
Dans ce contexte, ce sont les motorisations hybrides ou 100 % électriques qui s’en sont sorties le mieux. Sur l’ensemble des trois premiers mois, elles ont confirmé leur percée et représenté 11 % des nouveaux véhicules réceptionnés par la clientèle business. En mars, elles sont même parvenues à amortir la chute (- 12 % environ), là où les véhicules thermiques ont connu quant à eux un véritable désamour, avec - 68 % d’immatriculations pour les modèles essence et - 65 % pour les diesels.
Une baisse globale impossible à combler d’ici décembre
Le mois d’avril ne s’annonce hélas pas meilleur sur le segment de la vente de voitures et d’utilitaires au service de clientèles professionnelles. Il sera même bien pire en ce qui concerne les livraisons et les commandes, dans la mesure où la période de confinement pourrait se prolonger plusieurs semaines encore.
D’un point de vue général, le redémarrage de l’activité automobile pourrait ne pas intervenir avant le début mai. François Roudier, le porte-parole du CCFA, annonce déjà des pertes qu’il sera impossible de rattraper, « même en cas de reprise forte » du marché. Il évoque notamment une baisse globale des ventes de voitures de 30 % sur le premier semestre, et de 20 % sur l’année 2020.
Maigre consolation pour les constructeurs français : l’industrie automobile tricolore n’est pas la seule à subir les conséquences économiques engendrées par l’épidémie de Covid-19. En effet, les chiffres de ventes du mois de mars se sont avérés tout aussi désolants à l’étranger. D’après l’Agence France Presse, le marché du neuf a plongé de 85 % en Italie, de 69 % en Espagne, mais aussi de 37 % en Allemagne. Enfin, pour l’ensemble de l’exercice 2020, l’agence américaine de notation Moody’s anticipe une chute des ventes de voitures de 21 % en Europe, d’au moins 15 % aux États-Unis, et de 10 % en Chine.
Marché entreprise VP + VUL* par marque au 1er trimestre 2020
Marque | Ventes 2020 | PDM (%) | Ventes 2019 | PDM (%) | Évolution** |
Renault | 42 846 | 25,7 | 59 781 | 27,1 | - 28,3 % |
Peugeot | 40 467 | 24,3 | 50 433 | 23,1 | - 19,8 % |
Citroën | 22 238 | 13,3 | 28 669 | 13,1 | - 22,4 % |
Volkswagen | 7 730 | 4,6 | 11 732 | 5,4 | - 34,1 % |
Ford | 7 723 | 4,6 | 9 880 | 4,5 | - 21,8 % |
Mercedes | 6 375 | 3,8 | 8 481 | 3,9 | - 24,8 % |
Toyota | 5 657 | 3,4 | 5 066 | 2,3 | + 11,7 % |
BMW | 3 771 | 2,3 | 4 554 | 2,1 | - 17,2 % |
Fiat | 3 693 | 2,2 | 6 314 | 2,9 | - 41,5 % |
Nissan | 3 043 | 1,8 | 3 607 | 1,7 | - 15,6 % |
Audi | 2 856 | 1,7 | 4 166 | 1,9 | - 31,5 % |
Iveco | 2 629 | 1,6 | 3 128 | 1,4 | - 16,0 % |
DS | 2 515 | 1,5 | 1 728 | 0,8 | + 45,5 % |
Opel | 2 375 | 1,4 | 3 212 | 1,5 | - 26,1 % |
Skoda | 1 831 | 1,1 | 2 173 | 1,0 | - 15,7 % |
Volvo | 1 404 | 0,8 | 2 368 | 1,1 | - 40,7 % |
Tesla | 1 128 | 0,7 | 712 | 0,3 | + 58,4 % |
Hyundai | 1 100 | 0,7 | 1 009 | 0,5 | + 9,0 % |
Seat | 986 | 0,6 | 1 355 | 0,6 | - 27,2 % |
Mini | 970 | 0,6 | 1 498 | 0,7 | - 35,3 % |
Dacia | 856 | 0,5 | 1 540 | 0,7 | - 44,4 % |
Kia | 825 | 0,5 | 1 004 | 0,5 | - 17,8 % |
Land Rover | 629 | 0,4 | 946 | 0,4 | - 33,5 % |
Lexus | 535 | 0,3 | 396 | 0,2 | + 35,1 % |
Porsche | 445 | 0,3 | 156 | 0,1 | + 185,3 % |
Autres | 2 100 | 1,3 | 4 328 | 2,0 | - 51,5 % |
Total | 166 727 | 100 | 218 236 | 100 | - 23,6 % |
* moins de 3,5 tonnes ** volumes par rapport à 2019
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