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V2X pour les vélos : le gadget qui pourrait mettre fin à la guerre de la route mettra-t-il fin à notre société ?

Une technologie qui permettrait d’éviter les accidents entre cyclistes et voitures sonne comme une excellente idée. Mais ça sonne un peu comme une dystopie orwellienne cette histoire.

V2X pour les vélos : le gadget qui pourrait mettre fin à la guerre de la route mettra-t-il fin à notre société ?

Entre cyclistes et automobilistes, c'est souvent la guerre sur la route. Klaxons, regards noirs, la voix qui monte, un doigt qui s’élève et, malheureusement, des accidents.

En France, la mortalité à vélo a grimpé de 19 % entre 2019 et 2024. Aux États-Unis, les vélos représentent à peine 1 % des trajets mais 2 % des accidents mortels. La cohabitation est loin d'être un long fleuve tranquille. Mais imaginez un instant si les vélos et les voitures pouvaient se parler. Non pas à coups de feu de route, mais via une conversation numérique constante. C'est exactement la promesse de la technologie V2X, ou "Vehicle-to-Everything".

Le concept n’est pas nouveau. C’est l’application moderne du fameux « voir et être vu » utilisé en aviation. Mais ici, il s’agit de voir l’invisible. Et si l’idée semble prometteuse, elle a un coût élevé et qui n’est pas uniquement financier.

Mise en exergue dans un article de nos confrères de Cleanrider je me suis dit qu’il fallait que je vous en parle, car ça implique tous les usagers de la route, du piéton au conducteur de poids lourd.

Le « Vehicle to everything » ou la protection de tous les usagers

Le V2X, c'est attribuer une communication à l’aveugle et en temps réel à tous les usagers de la route. On peut le voir comme une présence invisible qui veille sur votre trajet. Il permet aux véhicules, aux feux de circulation, et même aux piétons de s'envoyer des messages en temps réel. Le but ? Anticiper les dangers et fluidifier le trafic. Pour un cycliste, c'est le rêve, car cela lui permettrait de voir ce que ses yeux ne peuvent pas voir et donc d’anticiper !

Notamment cet accident mortel d’un camion qui tourne à droite quand le cycliste passe dans son angle mort en continuant tout droit. Dans ce cas, il serait alerté et le camion aussi.

C’est également valable pour le piéton qui traverse sans regarder, les yeux rivés sur son smartphone qui se met alors à vibrer et affiche un message en rouge disant qu’il y a un danger. Encore faut-il que le piéton en question n’ait pas désactivé les alertes au préalable. Donc que ces alertes ne soient pas intrusives. Ce n’est donc pas gagné.

Mais en automobile, cela rendrait les trajets sur les petites routes étroites non éclairées plus rassurants, avec une alerte pour un véhicule venant en sens inverse dans un virage à l’aveugle.

Les voitures récentes sont déjà soumises à norme GSR II.
Les voitures récentes sont déjà soumises à norme GSR II.

Encore plus fort, ça permettrait même d’anticiper les véhicules en sens inverse ou se déportant de manière imprévue, jusqu’à franchir le terre-plein central. Idem pour les véhicules s’arrêtant brusquement sur la route (malaise du conducteur par exemple).

Donc ça annonce du lourd en matière de sécurité. Mais ne vous enjouez pas trop vite, il y a tout de même beaucoup de freins à cette technologie, à commencer par le choix d’un standard.

La guerre des standards : DSRC contre C-V2X

Il y a deux technologies qui se « tirent la bourre », comme le VHS et le Betamax à l'époque, le bluray et le HD-DVD à une époque plus proche, le GPL et l’éthanol (bref vous avez saisi). D'un côté, nous avons le C-V2X, qui utilise les réseaux mobiles 4G et 5G pour communiquer. Ses supporters disent qu'il a une meilleure portée et qu'il est moins cher à produire.

De l'autre, il y a le DSRC, souvent surnommé le "Wi-Fi routier". Le problème, c'est qu'une radio DSRC et une radio C-V2X ne peuvent pas se parler entre elles, ce qui freine pas mal le développement d'un écosystème cohérent.

Mais concrètement, à quoi ça sert ? Le système V2X échange des "Basic Safety Messages" (BSM) dix fois par seconde. Ces messages contiennent la position, la vitesse, et le cap de chaque véhicule et donc chaque vélo, trottinette et piéton.

Au-delà de la sécurité : les bénéfices pour le trafic urbain

Le V2X peut aussi améliorer le quotidien. La communication avec les feux de circulation (V2I) pourrait permettre à un cycliste d'adapter sa vitesse pour arriver pile au feu vert, évitant les arrêts inutiles.

Mais l’idée est tout aussi folle pour les voitures, puisqu’il serait possible d’adapter la vitesse de chaque véhicule au trafic, avec une simple conduite autonome de niveau 2 (régulateur de vitesse adaptatif et aide au maintien dans la voie). De quoi réduire les bouchons, fluidifier le trafic et donc économiser de l’énergie.

De quoi apaiser le périphérique, les villes, les boulevards, vu qu’il faut tout apaiser aujourd’hui pour limiter la « charge mentale ».

Volkswagen propose déjà un système de sécurité à l’ouverture de la portière.
Volkswagen propose déjà un système de sécurité à l’ouverture de la portière.

Les obstacles à l'adoption : du coût à la réglementation

Le système parfait n’existe pas. Il y a forcément des contraintes et des points négatifs.

À commencer par le coût. Un petit boîtier V2X pour équiper son vélo coûte entre 50 et 200 euros. C'est un budget, surtout sur un vélo classique, qui oblige à adapter une batterie dédiée (contrairement au VAE qui puise dans la sienne). Pour le moment, cette technologie est surtout intégrée sur des vélos électriques haut de gamme, comme le Canyon Citylite:ON.

L’anticipation reste la meilleure des alliées.
L’anticipation reste la meilleure des alliées.

D’ailleurs, la consommation aussi est un problème. Le V2X tire sur la batterie en permanence. Donc il va falloir augmenter les capacités des batteries, ce qui engendre une hausse du prix et du poids. Idem pour ls smartphones des piétons d’ailleurs.

Évidemment, la démocratisation permettra une évolution rapide de cette technologie : périmètre plus large, consommation réduite, miniaturisation. Regardez vos smartphones d’il y a 15 ans. Ou plus impressionnant, l’écart entre une Nissan Leaf première génération et une voiture électrique de 2025.

Orwell, sort de ce corps !

Et la législation dans tout ça ? C'est le grand vide. L'Union européenne a rendu le V2X obligatoire pour les voitures neuves à partir de 2027, mais rien n'est spécifié pour les vélos. Le Plan Vélo français, lui, se concentre surtout sur la création de pistes cyclables et de stationnements sécurisés. Pour l'instant, on n'a pas encore de coup de pouce pour les technologies connectées et vu l’état des finances de l’État justement, ce genre de plan onéreux ne passerait pas.

Quant à l’automobile, n’en parlons pas !

Les automobilistes vont donc se retrouver avec encore plus de systèmes « d’aides à la conduite » embarqués dans des voitures encore plus usantes à conduire. Entre les bips incessants, les commandes à désactiver À CHAQUE DÉMARRAGE et l’attention que ça exige. Tout ça pour le bien de tous.

Cette image générée par IA (désolé je n’avais pas mieux en stock) met bien en lumière le trop-plein d’informations annexes à la route à gérer.
Cette image générée par IA (désolé je n’avais pas mieux en stock) met bien en lumière le trop-plein d’informations annexes à la route à gérer.

Puis, rien n’est gratuit ma bonne dame. Ceci a un coût, et non des moindres. De quoi évincer définitivement l’automobile à 20 000 euros des catalogues. C’est vrai.

L'avenir est en marche : des projets pilotes aux perspectives de marché

Malgré ces défis, l'avenir s'annonce prometteur. De grands noms de l'automobile et du vélo, comme Audi, Qualcomm, Shimano et Trek, se sont associés pour faire avancer le protocole V2X. Des projets pilotes comme Bike2CAV à Rotterdam ou V2Cyclist en Suède montrent que ça fonctionne déjà. Selon les experts, on pourrait voir les premiers VAE premium équipés de V2X dès 2026, avec une adoption plus large d'ici 8 à 10 ans.

Alors, le V2X ne mettra peut-être pas fin à toutes les tensions sur la route du jour au lendemain, mais il pourrait bien transformer la cohabitation en une discussion bien plus sûre et sereine. Après tout, les voitures ne sont plus seulement des machines, et les vélos non plus. Demain, ils pourraient bien devenir des partenaires de route, et ça, c'est une excellente nouvelle.

Une fausse bonne idée ?

Il n’y a rien dans cette invention qui n’existe pas déjà. Vérifier un angle mort, ne pas griller un feu rouge, respecter la limitation de vitesse, faire preuve de bon sens et être attentif au volant ou au guidon, voici de quoi faire du V2X une invention inutile.

Oui, il y a des accidents, avec parfois des conséquences graves. Mais ils sont majoritairement liés à des excès de vitesse, de la fatigue et la consommation d’alcool et de stupéfiants. Rien que le V2X ne peut corriger.

La peur fait vendre. La preuve, Apple utilise le risque de mourir pour vendre sa montre connectée. Mais à un moment, l’assistanat devient contreproductif.

Nous allons vers une société qui, à vouloir protéger l’individu, le déresponsabilise totalement de ses actes, en les confiant à des algorithmes censés remplacer les cerveaux humains, pourtant si performants.

Prenons cette route sans visibilité : un coup de klaxon, des appels de phares et un levé de pied de l’accélérateur suffisent à éviter l’accrochage.

Pire, cela peut avoir l’effet inverse. En effet, le V2X fait penser à ces casques pour les enfants qui apprennent à marcher. Dès que l’enfant comprend l’efficacité du casque, il se laisse volontairement aller. Nul doute que les adultes feront pareil : le système n’a rien indiqué, alors pas la peine de ralentir.

Enfin, il y a une certaine retenue à garder en matière de sécurité informatique. Puis quid des informations ? Si chacun est libre de les partager sur Strava, dans le cas présent, c’est une autre histoire. Il s’agit ici de confier toute la sécurité à un système multi-supports, dont les smartphones, probablement les pires passoires qui existent.

Il y a donc une certaine réserve à garder. En théorie, tout est toujours parfait. Mais nous ne vivons pas en Théorie.

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