Une Aston V8 Vantage bourrée de kilomètres, un bon plan ?
Pour 30 000 €, on peut s'offrir une Aston Martin V8 Vantage si on accepte qu’elle flirte avec les 200 000 km. Un achat pas si risqué qu’il n’y paraît tant la belle anglaise étonne par sa fiabilité mécanique. Toutefois, des précautions s'imposent...
Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Quelle beauté insensée ! L'Aston Martin V8 Vantage provient d'une époque où les designers échappaient à ces manies exaspérantes consistant à compiler des détails de style et à affubler leurs créations d'un air bêtement agressif. Ici, tout n'est affaire que de fluidité, d'élégance et de justesse des proportions. Pour autant, l'Aston manque-t-elle de personnalité ? Non, bien au contraire ! De plus, la V8 Vantage utilise un puissant V8 atmo, encore allié à une boîte manuelle, deux spécificités appartenant désormais au passé mais tellement agréables. Enfin, son châssis et ses train roulants demeurent suffisamment aboutis pour encore procurer à l'heure actuelle des qualités routières de haut de haut niveau. En somme, une GT simple d'accès, facile à apprécier et raffinée au possible. Un genre de voiture qui n'existe plus...
Parfois, un constructeur crée une voiture-miracle. On pense à la Volkswagen Golf, à la Peugeot 205 ou encore la Fiat 500… Cela concerne aussi les marques d’exception, comme Aston Martin. Celle-ci doit beaucoup à la DB5 qui, popularisée par James Bond, a énormément profité à sa notoriété, jusqu’à nos jours. En revanche, les ventes n’ont pas vraiment suivi, les aventures de 007 étant apparues à l’écran alors que la voiture arrivait en fin de carrière. Il en va très différemment pour la V8 Vantage, révélée au salon de Genève 2005, après avoir été annoncée par un concept en 2003.
Si elle n’a pas eu les honneurs de l’agent secret de Sa Majesté, des fées autrement plus adroites se sont penchées sur le berceau de la V8 Vantage. A commencer par Ian Callum, qui en a initié le design puis Henrik Fisker, qui l’a magnifiquement finalisé, créant un langage stylistique qui allait durer près de deux décennies. Ces travaux ont débouché d'abord sur la DB9, lancée en 2002, mais c'est elle qui doit son look à la V8 et non l'inverse car cette dernière devait initialement sortir en premier.
Plus compacte et musclée, la petite Aston exhale davantage la puissance que son élégante grande sœur à moteur V12. Techniquement, elle reprend, dans une version plus petite, l’astucieuse plate-forme modulaire VH, composée de profilés d’aluminium collés permettant avec peu de modifications de composer des modèles de tailles et carrosseries très différentes.
Sous le capot, la Vantage reçoit un nouveau V8 à carter sec partageant quelques gènes avec son homologue de chez Jaguar et largement conçu par Ford, alors propriétaire des deux fleurons anglais. Fabriqué chez l’Ovale bleu à Cologne, le 4,3 l Aston dispose de 4 arbres à cames en tête dotés de déphaseurs qui, actionnant 32 soupapes, permet l’obtention de 385 ch.
Il s’associe à une boîte 6 manuelle rejetée sur l’essieu arrière et complétée d’un différentiel à glissement limité : du tout bon, surtout que les trains roulants sont à la hauteur. Composés d’une double triangulation avant/arrière, ils sont très modernes, surtout quand il se complètent d’un amortissement piloté. Pas plus mal vu que l’Aston pointe à 280 km/h et atteint les 100 km/h en 5,0 s.
A 106 000 € (soit 142 000 € actuels selon l’Insee), la V8 Vantage n’est même pas outrancièrement chère, sachant qu’une plus plébéienne Porsche 997 Carrera 2S revient déjà à 90 450 €. L’anglaise bénéficie de série plus riche que celui de l’allemande, recevant d’office la sellerie cuir, les projecteurs au xénon, la clim auto ou encore le chargeur de CD, ce qui la rend d’autant plus intéressante. Les commandes affluent logiquement : mi-2008, le dix-millième exemplaire est vendu. Le succès se perpétue car la Vantage va régulièrement évoluer.
Sans tout énumérer, citons la boîte 6 robotisée révélée au Mondial de Paris 2006, le Roadster quelques semaines plus tard ou encore le moteur 4,7 l de 426 ch en mai 2008, accompagné de mises à jour diverses : nouveaux réglages de suspension, console centrale redessinée, démarrage par module dit ECU et non plus par clé…
En janvier 2011, une variante 4,7 S de 436 ch, aux freins et à l’échappement acérés, et révélée, disposant en sus d’une boîte 7 robotisée Sportshift II, qui sera étendue au reste de la gamme en 2012, avec d’autres modifications. Direction, freins, boucliers… Ensuite, ce sera plus calme. De nombreuses séries limitées (N400, N420, N430, SP10, AMR…) permettront à la V8 Vantage de durer jusqu’en 2018, pour une production totale flirtant avec les 25 000 unités. Un record qu’Aston n'est pas près d’égaler, surtout que le look de la dernière V8 Vantage peine à séduire...
Combien ça coûte ?
En août dernier, l'inimitable Adrien Rasetta s’était fait écho d’un exemplaire acheté par un Français en Allemagne à 24 000 €. Simplement, il dépassait les 500 000 km… avec son moteur d’origine ! Il nécessitait simplement une réparation du côté du vase d’expansion. En gonflant l’enveloppe à 30 000 €, on se dégotte un exemplaire sain – et manuel – avoisinant les 200 000 km, plus aisément outre-Rhin ou aux Pays-Bas qu’en France, où elles sont curieusement bien plus chères que dans ces deux pays, notamment.
A 35 000 €, on trouve des autos manuelles soignées de moins de 150 000 km, alors que chez nous, il faut compter un minimum de 40 000 € pour une belle V8 de 100 000 km en boîte robotisée, peu appréciée. A 45 000 €, on peut réduire le chiffre du kilométrage à 50 000 km, ce à quoi on ajoutera aisément 4 000 € pour une boîte manuelle, et encore. Ensuite, les prix grimpent légèrement à mesure que l’âge baisse, la configuration et l’état ayant une influence plus forte. Les Roadster débutent à 40 000 € hors de nos frontières, contre 50 000 € chez nous, allez comprendre… C’est aussi le prix plancher en France pour un coupé 4,7 l robotisé.
Quelle version choisir ?
Pour un prix minimal, ce sera une 4,3 l de 2006-2007 fortement kilométrée. Pas du tout un mauvais choix si l’entretien a été bien effectué. Après, si le prix entre moins en ligne de compte, la boîte manuelle reste plus plaisante. Et si vraiment on a les moyens, le surcroît d’agrément offert par les 4,7 l, surtout en S, est irrésistible.
Les versions collector
Ce sont d’abord les séries limitées, ensuite les déclinaisons les plus savoureuses. Comme par exemple un Roadster 4,7 l S boîte manuelle, une rareté. Les exemplaires en parfait état et très faiblement kilométrés sont également recherchés et valorisés. A contrario, la 4,3 l de 500 000 km peut, elle aussi, être considérée comme collector… vu qu’elle est quasiment seule au monde !
Que surveiller ?
On le devine, la V8 Vantage se révèle très robuste par son moteur et sa boîte manuelle, la robotisée à six rapports connaissant des soucis de module de gestion (RAS sur celle à sept rapports). Les très gros kilométrages sont parfaitement envisageables si l’entretien a été scrupuleux (vidange annuelle impérative même si l’auto roule très peu), ce qui revient très cher, surtout en France. Si très peu de soucis chroniques sont à relever sur cette voiture bien conçue et bien fabriquée, l’embrayage est souvent à changer vers les 80 000 km. Attention, son remplacement revient à 7 000 € au bas mot sur une robotisée.
On note quelques soucis de fuites sur les couvre-culasse. Pas graves, mais très cher à résoudre. Parfois, la peinture cloque en bas des portières. Problème, la carrosserie étant en aluminium, tous les travaux la concernant sont onéreux. A surveiller également, l’état des faux-châssis qui sont en acier. Ils peuvent rouiller dans les pays où l’on sale beaucoup les routes (au hasard, en Allemagne), et leur remplacement coûte cher : 2 000 € au bas mot. Ils signalent souvent une auto négligée : mieux vaudra passer son chemin. Il en va de même pour la moindre intervention mécanique. Sur les 4,7 l, les poussoirs hydrauliques de soupapes ont parfois été bruyants : un défaut normalement corrigé lors d’une révision.
Dans l’habitacle, on note aussi un très bon vieillissement général, mais des pépins électriques se manifestent parfois, alors que le GPS d’origine, lent et sujet aux bugs, n’a rien pour lui. D’une manière générale, ces Aston ont besoin d’une batterie toujours au top pour éviter les pétouilles : système de maintien de charge vivement conseillé !
D’une manière générale, privilégiez les exemplaires à jour d’entretien car tout coûte cher (900 € pour un amortisseur hors réseau par exemple).
Sur la route
J’ai eu la chance que conduire quelques V8 Vantage (et même une V12 !), de la première 4,3 l à la dernière 4,7 l S. Ce qui sépare ces autos d’une Porsche 911, c’est d’abord l’ambiance à bord. Elle exhale une exclusivité toute autre grâce à la douceur des matériaux et au design des compteurs (sublimes !). Ensuite, le V8 produit une sonorité magique, dès le démarrage, et le tout fait que même en roulant tranquillement, on ressent un plaisir intense. Surtout que la position de conduite est impeccable.
Si on ne peut la qualifier de douillette, la V8 Vantage se révèle tout de même assez confortable. Et quand on tape dedans ? Le moteur pousse comme on l’attend, prend aisément ses tours et exhibe un caractère fort sans être agressif. La boîte manuelle se révèle plaisante à manier, mais la robotisée à 6 rapports convainc bien moins. En fait, pour en profiter au mieux, il faut l’utiliser avec les palettes, et là, elle va correctement. En revanche, elle est inutilement brutale et lente en mode automatique.
Le châssis ? Il met en confiance, tout le temps. De la direction précise et consistante aux trains roulants rigoureux, en passant par l’équilibre global absolument remarquable. Certes, une 997 paraît mieux amortie et un poil plus vive, mais son moteur arrière se fait toujours craindre quand on la pousse à ses limites. Sportive mais pas agressive, efficace mais rassurante, Sublime mais sobre, l’Aston V8 Vantage est une GT de grande classe, qui a le mérite de consommer raisonnablement : 13 l/100 km en moyenne.
L’alternative youngtimer
Aston Martin DB7 (1994 – 2003)
Conçue chez TWR à partir de la Jaguar XJS et habillée par Ian Callum, la DB7 a pour mission d’augmenter nettement la production d’Aston Martin et elle y parviendra. Révélée en 1993 et commercialisée en 1994, elle séduit par sa beauté, ses performances (merci le 6-en-ligne 3,2 l Jaguar AJ6 à compresseur de 335 ch) et ses qualités routières. Donc, elle remplit sa mission commerciale.
Déclinée en cabriolet en 1996, la DB7 accueille un beau V12 5,9 l de 420 ch en 1999, fruit grosso-modo de l’alliance de deux blocs Ford Duratec. Frôlant les 300 km/h et judicieusement actualisée par sa ligne, la DB7 Vantage gagne une version GT de 440 ch en 2002. Encore un succès commercial. La DB7 tire sa révérence en 2003, produite à 7 092 unités : joli score pour Aston. A partir de 28 000 €.
Aston Martin V8 Vantage (2006), la fiche technique
- Moteur : 8 cylindres en V, 4 280 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : double triangulation, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, barre antiroulis (AV), double triangulation, ressorts hélicoïdaux, amortisseurs, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 6 manuelle, propulsion
- Puissance : 385 ch à 7 000 tr/min
- Couple : 410 Nm à 5 000 tr/min
- Poids : 1 570 kg
- Vitesse maxi : 280 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 5,0 secondes (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces d'Aston Martin V8 Vantage, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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