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Un nouveau départ pour la station-service Ozo et son architecture à l'américaine

Dans Rétro / Autres actu rétro

Michel Holtz

Au bord de la N10 en Indre-et-Loire, une association a réhabilité une station-service au look très particulier. On y distribue plus d'essence, mais on s'y remémore le temps ou cette artère était utilisée pour les transhumances vers l'Espagne.

Un nouveau départ pour la station-service Ozo et son architecture à l'américaine

Une architecture fifties au cœur du Val de Loire. crédit photo Caradisiac.

Sa flèche se dresse au sommet d’une colline, sur la N10, à trois petits kilomètres seulement de la petite ville de Sainte-Maure-de-Touraine en Indre-et-Loire. Juste à côté d'un vieux bâtiment, un ancien restaurant routier fermé, elle fait sa belle, rénovée, flambant neuve, comme à l’origine, comme en 1956.

Cette flèche, c’est celle de la station-service Ozo, du nom d’un distributeur d’essence de l’époque, absorbé dans les années 70 par Total. Une station en décrépitude depuis sa fermeture en 1982, tuée par l’autoroute A10, la privant de ses routiers, de ses vacanciers qui descendaient vers l’Espagne par la Nationale 10, la privant de ses stars aussi, comme Claude François qui s’était arrêté faire son plein, sans un mot pour le pompiste.

Monument en péril

Mais la station Ozo n’était pas une pompe à essence comme les autres. Elle a été conçue par l’architecte Paul Lagneau, imprégné de style américain des fifties. D’où cette drôle de flèche, d’où aussi cette casquette qui la relie au petit bureau du pompiste. Cette curieuse architecture, Laurent Carré, l'enfant du pays, la croisait depuis toujours. Il la voyait aussi dépérir. Alors, avec sa trentaine d’adhérents de l’association Nostal’10, tous passionnés de voitures anciennes, il a décidé de la rénover.

On pourrait s'y tromper, mais les pompes sont aujourd’hui fictives.
On pourrait s'y tromper, mais les pompes sont aujourd’hui fictives.

Deux ans de travail acharné se sont écoulés, jusqu’à l’inauguration de la station Ozo rafraîchie à l’identique, au cours des journées du patrimoine de septembre dernier. Prof d’histoire et de géographie, Laurent Carré s’en est allé remuer ciel et terre, de la ville de Sainte-Maure, jusqu'au département d’Indre-et-Loire pour trouver les financements nécessaires. Il s'en est aussi allé frapper à la porte du ministère de la culture, qui a accordé à la station le label « architecture contemporaine remarquable » la protégeant à jamais de la démolition.

Une arnaque à 13 500 euros

L’association récolte des fonds publics et privés pour payer les travaux. Jusqu’à l’arnaque dont elle a été victime il y a quelques semaines. L’une des entreprises mandatée par les bénévoles a envoyé, logiquement, sa facture, d’un montant de 13 500 euros, assortie d’un RIB. Laurent Carré procède au virement, sans se douter qu’il s’agit d’un faux, parfaitement imité. La somme est partie sur un compte au Montenegro, mais pas sur celui de l’entrepreneur qui a attendu son règlement en vain.

Le coup est rude pour l’association qui décide alors d’ouvrir une cagnotte sur le Web, histoire d’encourager les donations. Et le miracle s’est produit. « Une semaine après l’ouverture, on a dû la fermer, on avait récolté 20 000 euros, avec des dons, notamment d’entreprises du coin comme Intermarché ». Laurent Carré se réjouit : son association et la station sont sauvées. Elle pourra continuer à ouvrir ses portes aux clubs d’anciennes et à leurs rassemblements, chaque troisième dimanche du mois, d’avril à octobre. Ils n’y trouveront plus d’essence, puisque les pompes sont fictives, mais l’accueil, le café et le sourire leur sont garantis.

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