Thierry Bolloré, nouuveau directeur général de Renault : promotion accélérée, malédiction brisée
Thierry Bolloré, numéro 2 de Renault depuis un an, vient d'être nommé directeur général du Losange. Ce sera donc lui qui fera tourner un groupe qu'il connaît bien.
Cette fois, c'est officiel : Thierry Bolloré est le directeur général de Renault. Il n'est donc pas seul aux commandes, puisqu'il va partager l'affiche avec Jean-Dominique Senard, élu président du conseil d'administration. Mais c'est bien lui qui va piloter au quotidien le Losange.
Avec cette nomination, il ne faut pas s'attendre à une rupture, puisque Thierry Bolloré avait déjà été propulsé directeur général adjoint début 2018. Lorsque l'affaire Ghosn a éclaté, il a été nommé à titre provisoire directeur général délégué, disposant alors des mêmes pouvoirs que Carlos Ghosn. C'est ce dernier qui avait choisi Thierry Bolloré en tant que numéro 2 du groupe il y a un an. Autrement dit, il a été adoubé par l'État, premier actionnaire du Losange.
Le gouvernement avait poussé Ghosn à refaire un mandat de PDG pour lui donner le temps de renforcer les liens de l'Alliance, tout en lui demandant de préparer le terrain pour la suite, avec un passage de témoin envisagé d'ici trois ans. L'arrestation de Ghosn et son maintien en détention entraînent une promotion accélérée pour Thierry Bolloré.
Âgé de 55 ans et originaire de Bretagne, Thierry Bolloré a commencé sa carrière chez Michelin, où il est resté quinze ans. Il a débuté en tant que chef d'atelier dans une usine de pneus pour poids lourds. Il est rapidement monté en grade, devenant au bout de trois ans responsable des procédés et de la qualité pour l'ensemble des usines poids lourds du monde. Chez Michelin, il a travaillé au Japon et en Thaïlande, et a fini vice-président monde, en charge de l’industrie pour la branche Michelin Avion.
En 2005, il a rejoint Faurecia, grand équipementier français, au poste de vice-président de la branche pots d'échappement en Asie, un poste basé en Chine. Il a ensuite été nommé vice-président monde, en charge notamment du marketing et de la stratégie, puis de l'industrie, de la qualité et des achats. C'est en 2012 qu'il a intégré Renault, pour gérer notamment les approvisionnements. Un an plus tard, il est devenu directeur délégué à la compétitivité et membre du comité exécutif.
Le résumé de son parcours montre à quel point c'est un choix incontestable, tant l'homme coche toutes les bonnes cases. Il connaît parfaitement le secteur de l'automobile pour y avoir fait toute sa carrière. Il a aussi une bonne expérience en Asie, ce qui lui offre un avantage important pour les relations avec les Chinois, marché sur lequel Renault compte enfin décoller, et surtout les Japonais : idéal pour renouer les liens et réinstaurer la confiance avec Nissan. De plus, il prend les commandes d'un groupe qu'il connaît bien et dont la stratégie actuelle a en partie été mise en place avec son aide.
Il ne faut d'ailleurs pas s'attendre à un bouleversement dans la stratégie de Renault, Thierry Bolloré devrait s'en tenir à l'actuel plan Drive The Future, qui couvre la période 2017-2022. Décrit comme quelqu'un à l'écoute, qui accepte la critique, Thierry Bolloré devrait tout de même symboliser un fort changement dans la manière de diriger Renault. Avec Jean-Dominique Senard, il va prendre la relève de l'hyper-président Ghosn, à l'image froide et plus bling-bling.
Dans ces conditions particulières, Bolloré aura mis fin à la malédiction des numéros 2 du Losange pendant l'ère Ghosn. On se souvient du départ de Patrick Pélata en 2011, qui avait servi de fusible à la suite d'une pseudo-affaire d'espionnage au sein du Losange, puis de celui de Carlos Tavares, qui avait claqué la porte en 2013 après avoir compris que Ghosn ne quitterait pas de sitôt son poste de PDG du Losange. Thierry Bolloré aura été plus discret et plus patient… et aura profité d'un incroyable coup de pouce du destin.
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