Superbike - Interview Régis Laconi: "Courir ? Le coeur le veut, la tête réfléchit"

Après son effroyable accident en Afrique du Sud et tandis que progressivement il retrouve son meilleur niveau physique, Régis Laconi nous a accordé un entretien exclusif au travers duquel il reconnaît être entré dans une profonde période de réflexion concernant la suite de sa carrière sportive.

Comme toujours, c'est sans fard que le Français nous a fait part de son sentiment, de son amour pour la moto tandis que s'il n'a pas encore statué sur sa présence ou non sur une prochaine grille de départ, il nous a affirmé qu'il sera un pilote Gil Motorsport, dans un programme de formation sur les plus beaux circuits européens. Une initiative ouverte aux motards lambda qui auront aussi droit aux conseils de Stéphane Chambon. Un duo qui ne devrait pas engendrer la mélancolie !

Régis, en quoi consiste cet accord avec Jean Christophe Ponsson ?

Cela faisait un moment que Jean Christophe et moi voulions faire quelque chose ensemble. En Superbike, ça ne s'est pas fait, mais il m'a proposé ce projet de réunions sur les plus beaux tracés européens pour des journées ouvertes d'une part aux pilotes qui souhaiteraient venir rouler et d'autre part aux motards qui désireraient ensuite tourner. Avec Stéphane Chambon, on sera là pour les conseiller et discuter avec eux et ils pourraient aussi voir les autres pilotes. Valence et Brno sont déjà programmés. Valence c'est pour les 8 et 9 février 2010. A mon avis, ce sera un stage exceptionnel, quelque chose de différent sur les tracés européens les plus sélectifs.

Cela veut-il dire que l'on ne verra pas Régis en mondial Superbike ?

Sur ce plan, je n'ai encore rien finalisé. Je ne me mets pas de pression ni d'échéance. Je veux réfléchir, peser tous les éléments. Le team DFX m'a dit que si je voulais courir, il serait là et que si je voulais continuer à travailler avec eux, comme consultant par exemple, il serait là également. Par contre, ce qui est certain, c'est que je ne serai pas là pour les premières courses de la saison 2010 de Superbike.

Tu as tourné à Portimao. Tu as fait des tours de piste à Magny Cours. Comment te sens-tu sur la moto ?

A Portimao j'étais à trois secondes des meilleurs, ce qui n'est pas mal pour un retour face au chrono. Surtout après ce que j'ai vécu. Il y a donc du travail et je pense pouvoir me rapprocher de la seconde assez rapidement. Mais ce ne sera pas encore suffisant et si je reviens, ce ne sera pas pour rester à une seconde. Je me donne toujours au maximum pour donner le maximum. Je veux rerouler comme avant. A Magny Cours, le public a été génial. J'avais le ventre noué, le coeur serré, c'était incroyable. J'ai été très touché.

Quels sont les paramètres que tu prends en compte pour finaliser ta décision ?

Le risque aux cervicales. C'est ça. On ne peut pas jouer avec ça, on ne peut pas jouer avec l'homme. J'ai eu de la chance. Si j'en reprends une bonne, que je me massacre comme il faut, ce sera la chaise roulante. Et là, de toi à moi, autant prendre le fusil et se tirer dessus. Je suis quelqu'un d'hyper actif. Je ne saurais pas gérer cette situation. Alors on ne va pas décider sur un coup de nerf, dans un délire car après on ne revient pas en arrière. Tu sais, le plus gros de ma carrière est derrière moi. Au mieux, il me restait deux ou trois belles années. C'est peut être arrivé plus tôt que prévu. Le coeur veut courir, la tête réfléchit.

Et ton état d'esprit, là, maintenant ?

Je laisse aller tranquillement. Je ne me mets pas de pression. Je gère sans rien me fixer dans la tête. Et j'ai encore la chance d'avoir toutes mes capacités ! Je regrette aussi mes trois années décevantes chez Kawasaki car ce n'était pas de mon fait. J'ai démontré en début de saison 2009 que quand Régis avait du bon matos, il était là. Je fais de la moto par plaisir, la performance, je donne mon maximum. On va faire quelque chose à part avec le Gil Motorsport et ce sera un grand plaisir d'être avec Stéphane Chambon. Je veux rester impliqué dans le milieu.