Stellantis : une réussite financière qui cache une valse des cadres dirigeants
Si le redressement financier de l'ex-PSA et désormais Stellantis est unanimement salué, le management du patron et redresseur Carlos Tavares l'est moins. Sept cadres dirigeants de la maison Stellantis ont été remerciés en quelques semaines et leurs troupes ne cachent pas leur trouble.
On peut travailler dans une entreprise florissante qui gagne de l’argent, et même beaucoup d’argent, sans pour autant aller chaque matin au bureau d’un pas léger. Et il semblerait que chez Stellantis, l’ambiance ne soit pas vraiment folichonne, malgré les 16,8 milliards d'euros de résultat net obtenus au titre de l’exercice 2022. Évidemment, au niveau des unités de production, le moral est plutôt bon. Aucune fermeture ni charrette n'est prévue pour le moment, et la prime (minimum) de 4 300 euros, à laquelle s'ajoute une autre prime de 1 000 euros récoltée en fin d’année, et les 5,6 % de hausse de salaire annuel obtenu, satisfont les partenaires sociaux.
Mais au niveau du siège français et de plusieurs antennes étrangères, l’argent ne fait pas systématiquement le bonheur des cols blancs de la maison. Au sein de l’énorme galaxie de 14 marques ou l’on surnomme le patron Carlos Tavares le « samouraï », tout le monde apprécie le gigantesque redressement de la maison depuis l’ère PSA de 2013, ou la maison prenait l’eau de toute part. En revanche, en interne, on déplore aussi les méthodes de réduction des coûts à tous les niveaux et jusqu'au moindre détail, ainsi que le peu d’empathie de la direction envers ses salariés.
Sept départs en quelques semaines
Une forme de gouvernance moyennement zen pour un samouraï qui s'est traduit par quelques départs spectaculaires en quelques semaines. Outre le remplacement de Vincent Cobée, patron de Citroën, six autres cadres dirigeants ont été remerciés. C’est d'ailleurs ce qui est arrivé à l’un de ses collaborateurs, Jérôme Gautier, en charge du commerce Citroën, remercié lui aussi en ce mois de février.
Même punition pour Guillaume Couzy. C’était tout simplement le patron de Peugeot en France. C’était, car aujourd’hui, à son poste, on retrouve Christophe Muzy qui quitte sa fonction en Asie pour le remplacer. Mais le jeu des chaises musicales ne s’arrête pas là. Il y a quelques mois, Paola Pichierri quittait la direction d’Alfa Romeo France pour prendre en charge les ventes aux entreprises. Une nouvelle fonction qui ressemble plutôt à une promotion qu'à une rétrogradation..
Et la liste n’est pas achevée : Stéphane Lévi, patron du groupe pour le Benelux aura tenu exactement deux petites années, avant d’être remplacé par Florian Kraft d'ici quelques jours. Même régime en Allemagne, ou Amaury de Bourmont vient d’être remercié. Le patron de Peugeot pour l'Europe, Massimo Roserba, est parti lui aussi à la fin novembre 2022. Depuis, deux personnes lui ont succédé, l’une après l’autre, au même poste. C’est dire si les fonctions dirigeantes du groupe sont des sièges éjectables.
Sept cadres de haut niveau remerciés en l’espace de quelques semaines, c’est beaucoup dans une entreprise, même de la taille de celle-ci. D’autant que cette valse ne concerne pas que les têtes d’affiche. Au niveau des cadres moins capés, les départs sont également nombreux. L'ouverture d'un guichet de départs volontaires l'an passé à conduit nombre d'entre eux, attirés par les indemnités, à tenter leur chance ailleurs.
Ces fuites sont bien entendu fondées par le pactole de départ, mais aussi en raison d'un certain malaise régnant à bord du gros navire Stellantis. On l'a dit, si la politique de réduction des coûts initiée par Carlos Tavares porte ses fruits, le fait de la pousser jusqu'à l'extrème irrite en interne. Ainsi, cette anecdote vécue récemment dans un aéroport du sud de la France ou deux cadres maison attendaient leur avion de retour vers la capitale. Le vol est en retard et les deux hommes se réfugient au bar. "Attention, prévient l'un d'entre eux : ne prends pas de cornichons dans ton sandwich, tu pourrais te faire retoquer ta note de frais" Et les deux d'éclater de rire.
Les moteurs Puretech ne sont toujours pas mild hybrides
Un trait d'humour qui, sous ses aspects légers cache néanmoins un problème souvent évoqué en interne et auquel il convient d'ajouter les autres soucis de l'empire Stellantis et notamment les relations pour le moins orageuses avec son réseau en France. Les contrats qui lient les agents avec le constructeur ne sont visiblement pas du goût des premiers qui n'y trouvent plus leur compte.
Si l'on y ajoute les récriminations en interne concernant l'hybridation légère des moteurs Puretech, en retard sur la concurrence, ainsi que les problèmes récurrents d'approvisionnement en matière de semi-conducteurs, on obtient un curieux cocktail de mécontentement ou, pour le moins, une ambiance pas vraiment joviale au sein du cinquième constructeur mondial.
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