Stellantis s'acoquine avec la filière nucléaire
En signant un accord avec une émanation de l'ex-Areva, le groupe va pouvoir recycler ses batteries, et réutiliser 90% des éléments qu'elles contiennent. Une opération qui n'est pas seulement destinée à sauver la planète, mais aussi les approvisionnements des différentes marques de la galaxie franco-américano-italienne.
Levons immédiatement le doute : les futurs conducteurs de Peugeot, Citroën Opel ou Fiat n’ont aucune raison de s’inquiéter, ils ne conduiront jamais de voitures radioactives. Ce n’est pas parce que Stellantis vient de s’acoquiner avec Orano qu’il va se lancer dans la fusion nucléaire. Cette dernière est certes une entreprise spécialisée dans l’atome (c’est une émanation de l’ex-Areva), mais c’est pour une tout autre raison qu’il a signé, hier, un accord avec la maison dirigée par Carlos Tavares.
Car Orano, dont le slogan est « donnons toute sa valeur au nucléaire » et qui emploie près de 20 000 personnes a mis au point un procédé de recyclage de batteries électriques assez bluffant. En gros, et sans rentrer dans les détails techniques, cette entreprise a inventé un système permettant de récupérer 90 % des éléments d’une batterie, dont les précieux métaux rares.
Une opération de greenwashing ?
Des procédés similaires existent déjà, même s’ils sont moins efficaces. Mais ils sont généralement tellement énergivores, que le gain en termes de C02 est plus que léger. De son côté, Orano explique que son système est à faibles émissions de carbone. Faut-il le croire sur parole ou a-t-on affaire à une énième opération de greenwashing ? Toujours est-il que Stellantis compte sur ce gain en carbone pour, selon Alison Jones, l’un des vice-présidents du groupe « se mettre en accord avec les objectifs de développement durable des Nations Unies".
Alors va pour une coentreprise et la création à venir d’un pole de recyclage du côté de Dunkerque avec une ouverture prévue dans trois ans. Ce ne seront pas seulement les batteries européennes qui seront traitées dans les Hauts de France, mais aussi celles en provenance des marques américaines du groupe (Chrysler, Ram et Jeep), lesquelles basculent elles aussi dans l’électrique à grande vitesse.
Car l’idée de la galaxie automobile franco-américano-italienne n’est pas seulement de sauver la planète demain et d’être gentil avec l’Onu. Il s’agit aussi, et avant tout, de faire face aux difficultés, et aux tarifs d’approvisionnements en métaux rares aujourd’hui très majoritairement aux mains asiatiques, et surtout chinoises. Grâce au recyclage, une partie de ces achats deviendront inutiles. Mais de son côté, Stellantis préfère évoquer ses « engagements en faveur de l’économie circulaire ».
Une main tendue gouvernementale
Reste que si Stellantis a l'occasion de faire quelques économies grâce à cette affaire, cette dernière ne saurait nuire à la planète. C’est donc une opération gagnante-gagnante. D’autant qu’elle ne devrait pas coûter très cher au groupe. Car Orano est détenu à 90% par l’État.
Or, après la demande « d’accompagnement » de Luc Chatel hier, et les promesses de Bruno Le Maire expliquant que l’industrie automobile pouvait toujours compter sur lui, nul doute que la signature, le même jour, d’un contrat de coentreprise entre une société (presque) publique, et Stellantis, est un signal fort de cette aide des pouvoirs publics à la filière.
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