Sécurité routière : qui sont ces 103 usagers tués en avril ?
La mortalité des automobilistes et des jeunes (18-34 ans) ne baisse pas autant que pour les autres usagers, selon les premiers constats de la Sécurité routière. Malgré une baisse générale historique sur les routes (-55,8 %), celle-ci peut paraître presque décevante, comparée à la décrue de la circulation durant cette même période.
Dans un contexte de forte diminution des déplacements, ce n'est guère une surprise, la mortalité routière baisse fortement ces deux derniers mois en France métropolitaine. Avec 103 morts en avril, elle chute de 55,8 % par rapport à la même période 2019, selon le bilan de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) publié ce vendredi. Pour rappel, en mars, ce sont 154 tués qui étaient à déplorer, soit 39,6 % de moins par rapport à l'an dernier. Et la tendance est relativement la même en intégrant l'Outre-mer.
Quel est le profil de ces victimes ? L'ONISR ne donne aucun chiffre détaillé par type d'usagers sur avril seul. Mais selon ses premiers constats, même si la baisse du mois dernier "concerne toutes les catégories d'usagers", il semble que les automobilistes et les plus jeunes usagers aient été les moins épargnés. "La mortalité des séniors âgés de 65 ans ou plus baisse fortement en avril 2020, alors que la mortalité entre 18 et 34 ans est à l'image de la mortalité automobiliste, la moins fortement en baisse", indique l'ONISR.
La réduction générale des tués sur la route a ainsi touché les usagers "à des degrés divers". Ceux de véhicules utilitaires ou de poids lourds ont enregistré "peu de morts", alors même que leur mortalité n'avait pas diminué en mars. Celle des usagers vulnérables (piétons, cyclistes, et deux-roues motorisés) est "en forte baisse", avec 76 décès de moins. Enfin, celle des automobilistes "ne diminue même pas de moitié (46 décès de moins)".
Des déplacements en voiture potentiellement en recul de 67 à 80 %
Depuis le début de l'année, ce sont 739 morts enregistrés sur la route, ce qui correspond à une baisse historique de 32,5 % par rapport à 2020. Mais ne pouvait-on pas s'attendre à mieux ? Si l'on en croit les données du géant Apple qui, comme Google, utilise ses applications géolocalisées pour scruter les comportements et notamment les déplacements des populations en cette période exceptionnelle, le niveau d'utilisation de la voiture était encore à 33,1 % de son niveau normal, lors de la semaine du 20 au 26 avril, en France.
?? Les français, champions du monde du confinement selon … le géant #Apple !
— C à vous (@cavousf5) May 14, 2020
L’édito de #PatrickCohen dans #CàVous ⬇️ pic.twitter.com/ryMeSfG98I
En clair, selon ces données qui n'ont toutefois rien de scientifique, la circulation automobile était en retrait de près de 67 % jusqu'à la quasi fin du mois dernier. Et c'était bien plus encore, les semaines précédentes ! Il y aurait ainsi eu jusqu'à 80 % de déplacements en voiture en moins dès la mise en place du confinement le 17 mars. Au vu de ces chiffres, on aurait pu s'attendre à une réduction de la mortalité routière dans des proportions similaires…
"Si les déplacements routiers se sont considérablement réduits durant le confinement, les forces de l'ordre et les radars automatiques ont constaté un nombre important de grands excès de vitesse, avec une augmentation de plus de 16 % par rapport à la même période en 2019", constate la Sécurité routière. Une forte hausse de la vitesse moyenne pourrait ainsi être une piste pour expliquer un recul moindre qu'attendu.
Parmi les accidents mortels, il y aurait eu "comparativement moins de chocs frontaux (avec moins de véhicules sur les routes, la probabilité d'en croiser en face est réduite) mais plus de pertes de contrôle de véhicules seuls (qui s'achèvent sur des obstacles latéraux, arbres, murets ou sur le toit après plusieurs tonneaux)", précise également la Sécurité routière. D'ailleurs, les accidents corporels (-74 %), comme les blessés (-76,5 %), ont plus fortement décliné que le nombre de tués en avril, selon les chiffres de l'ONISR. À n’en pas douter, les statistiques de cette période sont vouées à être scrutées dans le moindre détail, et pourraient être dans les semaines à venir riches d'enseignement.
Pour retrouver nos précédents articles sur les bilans de la Sécurité routière
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