Sébastien Ogier, ce gagnant que l’on adore détester
Il est Français, triple champion du monde des rallyes et vient de remporter ce week-end l’épreuve suédoise après avoir survolé celle de Monte-Carlo en début de saison. Pourtant Sébastien Ogier n’est pas une star dans son pays. Parce qu’il court sur une voiture allemande ? Parce qu’il succède au roi Loeb ? Parce qu’on n’aime pas les gagnants ? Parce que tous ces éléments en même temps.
On n’aime pas les vainqueurs. Surtout Sébastien Ogier. Rendez-vous compte : voilà un type qui non content de se fâcher avec notre dieu vivant à nous, Sébastien Loeb, s’est vendu aux Allemands. Et par dessus le marché, à ceux qui salissent nos poumons : le groupe VW. Non seulement il travaille pour nos voisins, mais en plus, il a épousé une demoiselle de là-bas. Un paria, quoi. Et si au moins il perdait, même pas. Il gagne tout le temps. Le garçon est trois fois champion du monde de WRC, et semble parti pour un quatrième titre. Après avoir survolé le rallye de Monte-Carlo le mois dernier, il vient de remporter sans broncher le rallye de Suède ce week-end.
Une star en Allemagne, un inconnu en France
Mais en France, qui connaît Sébastien Ogier ? Son anonymat a certes un avantage : il peut se promener dans les rues sans qu’aucune groupie ne vienne l’importuner. Même la filiale française de VW a renoncé. Il n’apparaît dans aucune pub maison, alors qu’en Allemagne c’est une véritable star. Comme si Volkswagen France avait compris que son poulain n’était pas du tout un chouchou. Curieuse malédiction qui pousse le champion à se justifier lui-même, comme il l’a fait encore ce dimanche dans le froid suédois, en expliquant que la course avait été difficile, et avouant qu’il « s’était vraiment fait peur », en finissant à trente secondes devant son concurrent Hayden Paddon qui n’a pas faillit jusqu’au dernier mètre de la dernière spéciale derrière le pare brise de sa Hyundai. Mais la désamour français lui colle au casque. Il gagne de fort brillante manière comme en Suède ? Nos confrères titrent sur un excès de vitesse (65 km/h au lieu des 60 autorisés) sur une route de liaisons au cours de l’épreuve. Une broutille, comme sa prise de bec avec notre Alsacien national chez Citroën il y a quelques années. D’autant que tous ceux qui ont suivit l’affaire savent qu’elle n’est pas de son fait, mais plutôt de celui du nonuple champion du monde.
Le sport automoile a l’accent allemand
Alors on lui reproche quoi exactement ? De gagner, tout simplement. De gagner avec le pays qui gagne tout. En économie comme au foot. Et en sport automobile par dessus tout. Car dans ce domaine, il n’y a que trois disciplines reines : la F1, le WRC et le Mans. Mercedes a dominé la Formule 1 ces dernières années, Audi et Porsche sont chez eux dans la Sarthe et la petite VW Polo d’Ogier écrase la concurrence sur les routes cabossées du monde entier. Gagner en s’alliant à un gagnant quand on vient d’un pays qui a toujours eu un faible pour les perdants plutôt que pour les winners, les Poulidor plutôt que les Anquetil, les cancres plutôt que les délégués de classe, ça n’aide pas. Ogier le renégat sera t-il, un jour, une star en France, son pays ? Pour cela, le Gapois devra peut-être passer sous les couleurs Citroën l’année prochaine, puisque le constructeur revient en WRC. Un Français sous pavillon français : le scénario parfait. Si, en plus, il perd quelques courses, il peut réellement accéder au statut de star, celui qui permet de se laisser filmer en train de s’appliquer un déodorant dans un spot de pub. Mais arrêter de gagner est peut-être au dessus de ses forces.
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