Route de nuit - L’équipée du Cannonball : le méga nanard aux supercars
Distribution incroyable, paysages superbes, belles voitures : la recette d’un chef d’œuvre ? Ce n’est pas le qualificatif qui colle le mieux à l’Equipée du Cannonball. Et pourtant...
La scène d’ouverture est magique. Une Lamborghini Countach noire, lancée à pleine vitesse dans le désert, le hurlement du V12 en bande-son. Surgit une Pontiac Firebird de police et s’ensuit une course-poursuite plus ou moins loufoque. Images accélérées, gags potaches… Le ton est donné !
Gamin, j’avais adoré ce film, qui démystifiait totalement le monde des adultes : on les voit se comporter comme dans une cour de récréation géante, nantis de superbes jouets et défiant toute forme d’autorité. Le tout, sans se prendre au sérieux. Si on aime cet état d’esprit, si on est capable de le recouvrer au-delà de quarante balais, alors on passera un bon moment.
L’histoire est très simple : une bande de joyeux drilles s’engagent dans une course clandestine, dont le but est de relier le plus vite possible les deux côtes des USA, du Connecticut à la Californie, à bord d’engins plus ou moins modifiés. Le tout, en évitant la police, cela va sans dire, souvent par la ruse.
Cette épreuve a vraiment eu lieu, à cinq reprises dans les années 70. Elle a été imaginée par le journaliste automobile Brock Yates, de Car and Driver, et sa première édition a eu lieu en 1971. Détail qui a son importance, une limite de vitesse à 55 mph (88 km/h) a été instaurée en 1973 aux Etats-Unis, ce qui n’a pas empêché le Cannonball d’avoir lieu en 1975 et 1979. Là, ça devenait vraiment du sport ! Ensuite, Brock Yates a écrit le scénario.
On parviendra à oublier la pauvreté de jeu de Burt Reynolds, on passera outre le bruitage de dessin animé quand il se cogne à un capot, et on rira de son pote gras du bide, joué par Dom DeLuise, et schizophrène qui se transforme en capitaine Chaos en revêtant un costume à paillette orné d’une cape. Ces deux protagonistes embarquent dans leur ambulance au moteur gonflé à bloc une sorte de Dr. Frankenstein pour avoir l’air de vrais professionnels, ainsi qu’une photographe amoureuse des arbres, bien sûr très belle : Farrah Fawcett, qui triomphait alors dans Drôles de Dames. Totalement sous-employée, elle s’appelle Beauty dans le film, pourquoi se compliquer la vie ?
Citons aussi Roger Moore qui va très loin dans l’autodérision. Il campe un personnage, Seymour Goldfarb, un fils à maman tentant de se faire passer pour… Roger Moore ! Il conduit une Aston Martin DB5 Silver Birch, ce qu’il n’a d’ailleurs jamais fait en tant que 007. Evidemment, personne ne le reconnaît, et les gadgets de sa voiture tombent en panne…
N’oublions pas Jackie Chan (jouant son propre personnage) dans sa Subaru, bourrée d’accessoires électroniques, caricature de l’image qu’on pouvait alors avoir de l’Extrême-Orient. Le doublage… Ah, le doublage ! On lui a collé une petite voix nasillarde et un fort accent asiatique (si tant est que cela signifie quelque chose), très essentialisant. Adjectif également valable pour le portrait du richissime émir, obsédé par Allah et les femmes, qui court en Rolls blanche. A la limite, on rit du fait qu’on ait pu rire de ce genre de gag à une époque.
J’avais envie de conclure et disant que ce super-nanard se regarde un peu comme La 7ème Compagnie. Mais ce serait faire injure à ces excellents acteurs qu’étaient Pierre Mondy, Jean Lefèbvre, Pierre Tornade, ou encore Robert Lamoureux…
On peut visionner l’Equipée du Cannonball sur Amazon Prime, et passer un excellent moment, en mangeant des burgers froids arrosés de bière tiède, histoire d’être bien dans le mood.
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