Rétromobile, le salon de la défiscalisation
Le salon qui ouvre ses portes dans deux jours devrait consacrer une fois encore la bouffée délirante du prix des autos anciennes. Une hausse qui n’en fini plus et qui est principalement lié à la défiscalisation des voitures de plus de trente ans. Et si les plus rares sont aussi les plus intouchables, le phénomène touche aussi les petites autos populaires fabriquées à des mions d'exemplaires. Car tous les modèles de collection sont considérés comme des ouvres d’art. Pas vraiment à juste titre.
Mercredi, c’est le jour des autos qui brillent. Dès ce 3 février, et jusqu’au 7, la Porte de Versailles à Paris accueille le salon Rétromobile. Plus qu’un salon de l’auto, c’est une gigantesque expo de voitures anciennes qui, en quatre décennies, est passée de la concentr’ de copains bricoleurs à l’énorme barnum de rutilantes hors de prix. Mais qu’est ce qui a bien pu se passer en 41 ans (l’âge exact du salon) ? Qu’est qui peut bien obliger un quidam, en 2016, à devoir dépenser 10 000 euros pour s’offrir une Deuche moyennement fraiche ? C’est que le fisc est passé par là. C’est qu’aujourd’hui, une auto ancienne est considérée comme une œuvre d’art. A ce titre, elle est totalement déductible de l’ISF, pour les chanceux qui le paient. Résultat : les prix se sont envolés. Pour les autos rarissimes évidemment, et on scrutera les côtes hymalaiennes que risquent d’atteindre les Facel II, Ferrari Spider Testarossa ou Lancia Aurelia B24 Spider America prototype dans la semaine. Mais les autos populaires aussi sont prises de spasmes. Il en va ainsi de notre deuche, d’une DS difficile à toucher en bon état à mois de 45 000 euros, voir d’une 4L Renault qui peut se vendre autour des 4 000 euros qu’elle ne vaut pas. Les chefs d’œuvre roulants entrainent dans leur sillage de défiscalisation les vieilles autos populaires, au grand dam des petits collectionneurs, souvent non assujettis à l’ISF.
Les autos anciennes sont des œuvres d’art fiscales
La niche fiscale dévolue aux voitures de collection a donc fait exploser le marché et l’on peut s’interroger. Sans renier le talent des Sergio Pininfarina, Flaminio Bertoni et Giovanni Bertone, il n’est pas totalement déraisonnable de ne pas caser leur production dans le même panier fiscal que les œuvres d’art classiques. Dans ce dernier cas, l’on peut comprendre la démarche du législateur qui se prend pour un mécène. Après tout, défiscaliser la croûte d’un artiste sans le sou, est un moyen de le subventionner. Même si ce système connaît des dérives plus fortes qu’une glisse appuyée dans une épingle du Turini. Pour autant, qu’elle peut bien être le but de Bercy dans sa volonté de subventionner le trafic des belles et vieilles autos ? Subventionner l’image de Ferrari, cet inconnu ? Tenter d’éviter la faillite tant repoussée de Pininfarina qui n’en est plus là ? D’autant que cette défiscalisation ne s’adresse pas uniquement à des exemplaires uniques, une démarche qui pourrait après tout être jugée louable, histoire de sauver de la casse quelques pièces exceptionnelles.
Rouler en ancienne est un signe extérieur de richesse
Le législateur n’en est pas là. Dans sa directive du 16 janvier 2013, il reste exceptionnellement flou, et sujet à des interprétations aussi larges qu’un Hummer. Pour prétendre au bonus des impôts, une auto doit être « relativement rare » et surtout, « ne plus être fabriquée ». Elle doit aussi disposer de « son châssis, de son moteur et de son système de freinage d’origine ». Enfin, elle doit être âgée de plus de trente ans et disposer, c’est une formalité pour les anciennes, d’une carte grise « collection ». Nous voilà tous rassurés : la Renault 6 de la grande tante est désormais un chef d’œuvre de l’art moderne. Elle fera le bonheur d’un assujetti, pendant que ceux qui ne le sont pas se contenteront de garer leur Clio toute neuve dans les parkings de la Porte de Versailles pour s’en aller admirer des Oldtimers ou Youngtimers de plus de trente ans. Et ils repartiront comme ils sont venus, puisque dorénavant, rouler en Deuche, en Peugeot 404 ou en Renault 6 est devenu un signe extérieur de richesse.
Caradisiac est partenaire du salon Rétromobile 2016 qui se déroule à Paris du 3 au 7 février.
Retrouvez tous les articles consacrés à Rétromobile 2016
Retrouvez tous les articles consacrés au Rétromobile 2015.
Site officiel Rétromobile
Informations pratiques Rétromobile 2016
Dates : du mercredi 3 au dimanche 7 février 2016
Lieu : Parc des expositions, porte de Versailles, Paris
Horaires : mercredi et vendredi de 10h à 22h, jeudi, samedi, dimanche de 10h à 19h
Plein tarif : 16 € sur internet / 18 € sur place
Gratuit pour les moins de 12 ans
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