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" René, de la route à la piste..." Episodes 7, 8 et 9...

Dans Moto / Loisirs

René Gédeufoitrentans

" René, de la route à la piste..."  Episodes 7, 8 et 9...

Vous commencez à cerner le personnage ? Perdu ! Z'êtes encore loin du compte...


Episode 7 : Où René commence enfin à piger le mode d'emploi...



Donc, René, après une nuit à cogiter la nouvelle embrouille dans laquelle il s'est fourré : un stage de pilotage oblige à dévoiler ses faiblesses au yeux des autres et il n'est pas possible de tricher dans ce cas là mais, comment faire autrement s'il veut apprendre à bien maîtriser la bête qu'il s'est fait sournoisement refourguer ?...


Mais pour l'instant il y a un rétro à récupérer et monter, sans compter le rodage à terminer (ce qui permettra de continuer l'apprentissage de ce truc qui a évolué plus vite que lui...).


Sitôt prêt, il sort la V6 du sous sol, jetant un regard au rétro pendouillard, s'équipe (pas le cuir, trop long à mettre...) et démarre la surpuissante mécanique qui feule immédiatement en douceur sur son ralenti grâce aux bienfaits de l'injection.


René décolle ensuite gentiment et se rend au bouclard qui doit être ouvert à cette heure.


Pénétrant dans l'officine, il se rend immédiatement au comptoir « pièces détachées », et s'adresse au magasinier présent derrière le comptoir :


  • « Salut mon gars !, t'as r'çu mon rétro ? »
  • « Bonjour M'sieur, le camion de livraison est présent en bas : si vous voulez bien patienter quelques minutes, je vais vérifier si je l'ai... »
  • « Pas d'problème, ça marche ! »

René en profite pour le tour du magasin et... tombe nez à nez avec Valentini !..


  • « Bonjour M'sieur Gédeufoitrentans !, alors comme ça j'ai appris que vous serez présent sur la liste du stage au Mans ? Moi aussi, je serai présent pour préparer ma saison !... »

Douche froide pour René !!!


Décidément, songe t'il amèrement, j'ai pas d'bol : y va êt' présent l' jeune blanc bec... . J'les accumule en c' moment !


  • « Ben ouais, à mon âge il faut parfois penser à se recycler, répond t'il en ajoutant, faut dire que maîtriser 200 canassons sur l'angle, à mon époque, le problème ne se posait pas sous cet aspect là : nous, on devait composer avec des motos qui se tordaient en courbe et ne freinaient pas, maintenant, elles pourraient être pilotées par ta grand mère, mais c'est l'moulin qu'il faut domestiquer. Heureusement, c'est pas d'hier que j'fais d' la moto : faut simplement que j'm'adapte... »
  • « Oui !, j'ai vu l'autre jour, avec votre ancienne... , lance perfidement le jeune effronté, mais bon !, avec celle là vous pouviez pas faire plus... . Vot' V6 c'est autre chose !, et j'ai hâte de voir comment elle va se comporter sur la piste... »

René lui lance un regard noir en répondant : « On f' ra c' qu'on pourra... », puis il retourne vers le comptoir car le gars en blouse est de retour.


  • « Voilà le rétro : z'avez pu qu'à l' monter... . Ca vous fait tant ! »

René règle et sort rapidement : pas envie de rester plus longtemps la dedans !


Il rentre chez lui rapidement en songeant que maintenant, quoi qu'il arrive, il va être obligé de se sortir les doigts du c.. : son honneur est en jeu !


Remonter le rétro fut un jeu d'enfant, mis à part ce « bon dieu de foutu cache en plastique » fixé par une minuscule vis que sa vue déficiente refusait de décoder...


Enfin, après un quart d'heure de jurons en tous genres (heureusement qu'il ne va pas à confesse !..), René est fier de lui : le rétro est posé et la machine neuve comme avant.


Ceci terminé, il s'équipe de son cuir, lequel commence à se faire à sa morphologie, et décide d'aller rouler, sans but précis, juste pour bouffer de la borne.


Le temps reste obstinément au beau fixe, constate René avec satisfaction, tandis qu'il décide de tirer Sud Ouest.


La moto chauffe gentiment et il en profite pour tester différentes positions à basse vitesse : pour l'instant, ça va et la machine se comporte de manière satisfaisante.


Une vingtaine de kilomètres plus loin, pilote et moto sont maintenant prêts à en découdre avec le ruban d'asphalte !


GAAAZ ! : VROOOOAAARRRRR !!!!, fait le V6... et OUUUP'S !!! fait René, le nez plaqué contre la visière du casque et les bras tentant de résister à l'accélération proportionnelle à sa résistance musculaire (et encore, il se cantonne à 6000, la zone rouge étant à 10500...).


La vache ! : Ça pousse velu ! s'exclame t'il à chaque fois qu'il tourne la poignée droite !


René s'extasie encore et toujours de cette poussée particulièrement jouissive. Oui mais ça, c'est en ligne droite car déjà, une courbe se profile au loin...


Rester calme !, pas se déconcentrer surtout...


100 mètres..., 50 mètres..., la moto est toujours en pleine accélération !


René ne quitte pas le point de corde qui se présente maintenant à lui, 2 doigts sur l'embrayage et 2 doigts sur le frein avant...


Lentement, il actionne le levier droit en tendant les bras : Wouuuf ! , fait la moto sous l'effet de la morsure des plaquettes sur les disques carbone...


- « T'énerve pas René, bien en ligne vas y : freine plus fort ! , bien en ligne j't'ai dit, FREIIIIINE !!! ».


Cette fois encore la machine donne l'impression de rentrer dans un mur mais ne se désunit pas, merci l'A.B.S. !


Le genou sorti, il fait maintenant plonger la moto à la corde, d'un léger appui sur les cale pattes, gaz coupés :


« Ca passe, ça passe, ça PASSE... , c'est passé !!!


Le 1300 a viré d'un bloc exactement sur la bonne trajectoire...


Ouais ! : ça y' est !!! , jubile René en remettant la sauce, moto encore inclinée sur l'angle...


Cette dernière, sous l'effet du couple démoniaque généré par l'optimisme de son pilote à tourner la poignée, se met aussitôt à dériver de l'arrière !...


René sent un frisson le parcourir tandis qu'il coupe immédiatement, ce qui pour effet de produire une amorce de guidonnage suite à la remise en ligne immédiate de la grosse sport GT...


La moto se met aussitôt à gigoter furieusement de droite à gauche, puis de gauche à droite au grand désarroi d'un René au comble de l'épouvante.


« Ca passe, ça passe, ça PAAAAAAAAAASSSSSSSSSSSEEEEEEEEEE !!!, répète t'il de nouveau en croisant les doigts dans sa tête, c'est paaaaassé !!! », constate t'il avec un soulagement non dissimulé !


Un enthousiasme plein d'orgueil fait place immédiatement au sentiment de panique précédent :


« Mon p' tit René, t'es vraiment un bon : Ago lui même n'aurait pas fait mieux... . Finalement, c'est pas compliqué : faut rester calme et concentré, l'expérience et le talent faisant le reste ! »


Heureux comme toi le jour où t'as emballé la frangine de ton pote malgré ta laideur, René se jette maintenant de courbe en courbe avec un entrain sans cesse croissant : faut croire qu'en matière de pilotage, la confiance joue énormément car notre bonhomme, ragaillardi par ses exploits, en remet et... ça passe !!!


Au bout d'un moment, c'est le physique qui crie grâce..., et René décide d'une halte au troquet du coin, à l'entrée de ce village.


Celui ci est tenu par Germaine, laquelle aurait pu se trouver sur les mêmes bancs d'école que notre motard préféré. Lorsqu'elle voit arriver ce fringant motard sur sa rutilante machine, elle sent frissonner tout son être : toute sa vie elle en a rêvé de grimper derrière ces fringants bolides mais son père a toujours refusé, mariée jeune, son époux n'a jamais aimé la moto, maintenant qu'il n'est plus là, sa vie commence à se regarder dans le rétroviseur, et il y a ce foutu bar dont elle doit s'occuper pour vivre !


Lorsque René enlève son casque, elle se précipite immédiatement, réajustant son chignon :


« Bonjour M'sieur !, belle moto que vous avez là !, venez, venez, installez vous à l'intérieur : j'vais vous servir et on va causer bécane, dit elle en se rapprochant plus que de convenance vers René, allant même jusqu' à lui toucher la main, vous avez une sacrée allure là-dessus !!! »


René se demande sur quelle espèce d' hystérique il a bien pu tomber, surtout que cette dernière n'arrête pas de le dévorer des yeux en roucoulant et papillotant des paupières.


Il fait mine de la suivre et, dès qu'elle a le dos tourné, ré enfile son casque et se précipite vers sa moto comme pour un départ des 24 heures !


« Au s'cours !!!, elle est malaaaade, la vieille !!!! », se dit il en démarrant brusquement ...


« Encore raté ! », soupire la vieille dame en retournant tristement derrière son comptoir.


René n'a plus soif tout à coup : il roule, roule, roule, s'arrêtant juste pour ravitailler et manger un casse croûte sur le bord de route par le biais d'un commerçant ambulant.


Puis il reprend la route, les kilomètres défilent et le soir commence à tomber, en même temps que la fatigue se fait sentir (cette foutue position, il s'en accommode finalement, mais ses avant bras pas encore...).


Une nuit d'hôtel, la route du retour et la moto affiche maintenant presque mille bornes lorsqu'il regagne son domicile... .


De retour chez lui, un courrier l'attend dans sa boite aux lettres : c'est son frère jumeau Maurice, motard comme lui (mais lui assume son âge et roule en custom, comme quoi les caractères...), qui lui annonce sa venue dans 15 jours !


« Chouette !, s'exclame René, il va pouvoir m'accompagner au Mans », se réjouit-il, rassuré de la présence d'un proche dans l'épreuve qu'il va devoir surmonter...


Inutile de dire que René a dormi d'un sommeil profond cette nuit là...



  • Episode 8 : Va encore falloir progresser...

Donc ce bon René se réveille de bon humeur ce matin, car il a de quoi se réjouir : enfin il a commencé à trouver le mode d'emploi lui permettant de rouler « correctement » avec sa nouvelle bécane, c'est à dire en dépoussiérant son style « j'bouge pas d'la selle et j'rentre les coudes en courbe » qui, s'il a prouvé son efficacité il y a un temps que les jeunes de maintenant ne doivent pas connaître (faut avouer que l'arrivée des ricains qui savent pas tourner en gardant les roues en ligne a quelque peu bouleversé la donne dans le petit monde du Continental Circus et, par effet rebond, sur la production de série qui n'a jamais cessé d'évoluer dans ce sens...), avec une moto contemporaine, si on sort pas le genou, ben la brêle elle va tout droit et tu passes pour un blaireau.


Bref, René avait été touché dans son orgueil d'avoir d'abord été humilié par le jeune Valentini Rosso, alors qu'il était encore en possession de sa précédente « vénérable », et humilié par le fait que sa nouvelle bécane refusait de se plier à son style. Mais René avait persévéré et il était maintenant sur la bonne voie pour sortir correctement d'une courbe...


La deuxième bonne raison est la venue de Maurice, son frère jumeau, lequel est motard lui aussi.


A la différence de René, Maurice se fiche du poids des bougies faisant crouler le gâteau chaque année : il vit en assumant sa Respectabilité et roule comme il se doit sur une YAPAPA 1100 VIRAGRO, un custom qui doit son nom à son allure « pachydermique » et qui, comme l'animal précité, est d'un caractère plutôt placide. Ce qui convient tout à fait à un motard obligé d'ajuster ses lunettes pour regarder dans le rétro...


Maurice lui avait envoyé un courrier la veille lui annonçant sa venue dans la région d'ici une bonne dizaine de jours, et René appréciait vraiment la compagnie de son frère, même si ce dernier avait pour lui les paroles d'un père gonflant son fils en lui répétant sans cesse de grandir.


Il allait ainsi passer quelques jours à la maison, ayant ainsi la double surprise de découvrir la V6 et de voir son « pilote » de frère la piloter sur le prestigieux circuit Bugatti !


En repensant au stage qui l'attendait, la bonne humeur de René s'assombrit un peu : c'est vrai qu'il allait devoir y affronter ce jeune trou du c.. de ROSSO, digne fils de son père par l'attitude, et il n'avait pas le droit à l'erreur car l'autre ne manquera certainement pas d'en faire écho...


Allez, ce jour est consacré au nettoyage du « monstre » avant la révision de demain : René, en méticuleux qu'il est, prépare ses éponges, ses brosses à dent pour aller dans les coins, un seau d'eau chaude avec du produit à vaisselle et son tuyau d'arrosage.


Un chiffon dans les embouts d'échappement, un coup de flotte sur l'ensemble et... chauffe Marcel !


René, en tirant la langue et en jurant toute une bordée de noms d'oiseaux et d'invertébrés non encore répertoriés par les naturalistes, s'acharne, au comble de contorsions à faire frémir un Fakir diplômé, à vaincre l'inaccessibilité des recoins de la « bête »..., foutu progrès !


Ses voisins, alarmés par les cris poussés, se précipitent pour jeter un oeil par dessus la barrière :


« Ha !, c'est pour ça tout ce vacarme, mon bon René !: on croyait qu't'avais trouvé une bonne femme... Tu nous as fait peur ! Bon travail... »


René, un peu vexé par cette remarque du voisin, se mord la lèvre et jette un regard noir envers sa moto qui n'en demande pas tant...


« D'mon temps, on s'emmerdait... pas comme ça : 2 boulons et hop !, la moto était démontée...


Reste calme, mon p'tit René : toute façon, faut s'y faire ! ».


Deux heures plus tard, c'est une KAWASUKI rutilante comme les outils au tableau de ton atelier, tu sais ?... Ceux qu't'as accroché pour faire croire que t'étais un crac en mécanique ?... Qui trônent à l'entrée du sous sol !


René est fier de lui, un peu haletant aussi après tant d'efforts...


Il décide d'aller se doucher pour ensuite pêcher à l'étang du coin (il l'avouera pas car ça fait « vieux » ... mais c'est un passe temps qui lui plait presque autant que la moto !).


Le soir, pour passer le temps, il regarde sur Eurosport, la retransmission de la finale du mondial Superbique pour assister, dépité, à la défaite de Régis LACONNERIE (là, j'm'en veux un peu car c'gars là, j'l'aime bien) fasse au rosbif To The Land (quel nom idiot !). L'aime pas les Angliches le René, même si, en son temps, il a beaucoup roulé sur leurs pisseuses d'huile !..


Demain est un autre jour, dit on, et aujourd'hui est celui de la révision de Gamine (ainsi l'a baptisé René), la V6 : son premier passage à l'atelier !..


René n'aime pas que quelqu'un d'autre touche à sa moto et, c'est avec une certaine retenue qu'il tend les clés au mécano pour la descendre au sous sol du bouclard.


Mais qui vient là ? : Bravo !, t'as gagné un autocollant du PSG, car, effectivement c'est bien de Valentini qu'on parle...


Pendant que René fait les cent pas dans le magasin en faisant mine d'ignorer le gamin, ce fourbe l'aborde d'un joyeux : « B'jour M'sieur !, bientôt le jour J pour le stage, hein ? ... »


« Y'me cherche cui là !, bougonne René intérieurement, va finir par me trouver... ». Se reprenant, au prix d'un effort surhumain, il lui répond toute fois : « Ouaip !, mon p'tit, ça approche et la brêle va être prête pour ça, moi aussi d'ailleurs... »


« J'vais faire le stage avec une TUMATRAPRAPA 1000 REPLICA, préparée par le chef mécano : c'est celle avec laquelle je vais participer au championnat promosport l'an prochain... ».


« C'est bien, répond René, mais t'es pas un p'tit peu jeune pour un truc comme ça ? »


« Pas plus, répond l'effronté en riant, que vous dans l'autre sens avec la votre ! »


Paf !: dans l'blair !..


Répond pas René..., surtout répond pas !


Il fait mine de prendre ça à la rigolade, tout en accusant le coup :


« Tu sais, comme on dit : c'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe... »


« ... A condition de pas la laisser croupir trop longtemps, répond Valentini en lui lançant un petit clin d'œil puis, redevenant sérieux, je rigole mais je vous admire d'être encore comme ça à votre âge: bel exemple de passion !... »


Flatté et blessé à la fois, René se contente de le remercier d'un signe de tête.


« Au fait, reprend Valentini, j'ai une TUMATRAPRAPA en démonstration : si ça vous dit de l'essayer pendant la révision de la vôtre, j'aurai ainsi votre avis sur cette machine ? »


T'aurais fait quoi, toi ?...


La bête est dehors, toute ramassée et prête à bondir : les bracelets au ras du bitume et les repose pieds à la hauteur du dosseret de selle !


René n'aime pas trop ces engins qu'il qualifie de « gamineries à roulettes » : ben ouais, y'a rien pour attacher un sac, même pas une béquille centrale et cette position, grotesque, qui lui donne l'impression que l'mimile qui l'suit, y va l'prendre par derrière... . Mais enfin, faut faire plaisir au gosse et lui montrer qui on est...


René lève la patte pour enfourcher la moto : boudiou qu'elle est haute !


Au prix d'un effort qu'il tente de cacher, il parvient à se hisser sur le dos de ce truc hyper raide où il a l'impression d'être assis sur le cadre. Se penchant pour attraper les demi guidons, il manque de se cogner le casque sur le té de fourche supérieur : bordel, c'que c'est qu'cette position, songe t'il en redressant la tête, ce qui a pour effet de faire craquer ses vieilles cervicales...


Première, c'est parti : René à la désagréable impression d'être assis sur la fourche, de plus, ses jambes lui font déjà mal au niveau des articulations alors qu'il n'a pas encore fait 500 mètres...


Tant bien que mal, il tente d'appréhender cet engin de torture et commence à mettre gaz : AUUUUUUU S'COUUUUUUUUUUURS !, s'effarouche t'il en se demandant s'il ne vient pas de déclencher la troisième guerre mondiale en tournant la poignée de gaz !..


Le monstre a bondi brutalement en avant, sans aucune inertie, dans un hurlement déchirant, pour le précipiter dans la 4ème dimension !


Il tente désespérément de s'accrocher aux bracelets qui ne demandent qu'à lui échapper des mains tandis qu'il se retrouve scotché le c.. au dosseret et les yeux dans les orbites !


De plus, l'avant de la moto a quitté le sol et monte à l'assaut des cieux !


Il coupe aussitôt, effrayé par les réactions de cet engin de fou...


« C'est pour les malades, ce truc !!!, pense t'il, un peu inquiet, heureusement que j'ai pas fait ça en courbe... »


En parlant de courbe, en voilà une petite qui se profile à l'horizon : René fait alors comme avec la sienne sans imaginer que celle ci pèse quelques cinquante kilos de moins que la sienne...


La moto, après un freinage timide (on sait jamais...), plonge alors franchement au point de corde, tellement, que notre « Respectable » ne peut éviter une incursion dans l'herbe !!!


La TUMATRAPRAPA fait alors une embardée que René récupère sans trop savoir comment (manquerait plus qu'il la flanque par terre...).


Il décide d'arrêter les frais et de ramener ce « truc de fou » au bouclard en traînant sur un filet de gaz pour pas rentrer trop vite !


René, en rendant les clés à Valentino, s'efforce de ne rien laisser paraître (faut pas donner d'avantage à l'adversaire...) en lui déclarant que : « Ouais..., faut voir sur une piste car sur la route elle est pas franchement à sa place c'te meule... »


Il songe aussi que Valentini va en baver grave avec un tel engin...


Sa moto est prête ! Il la récupère avec une satisfaction non dissimulée en retrouvant une position qu'il juge immédiatement plus en accord avec lui même.


Attention toute fois, avait précisé le mécano : elle est débridée maintenant et fait pas loin de 200 canassons !


Rien à voir malgré tout avec l'autre, constate René avec soulagement et, rassuré de retrouver une telle facilité après la tempétueuse furie précédente, tourne le truc à droite à fond, pour voir...


VROOOOOAAAAAAOOOOOUUUUUUUUUUUU !!!!, fait aussitôt le V6 avec une force encore supérieure à la TUMATRAPRAPA !!!


Coupe, René, coooouuupe !!!


Il revient aussitôt sous la barre des 6000 et rentre chez lui bien perturbé en enroulant comme il le faisait avant la révision...


Rentré chez lui, il décide de prendre une bonne tisane et de s'allonger dans son fauteuil préféré pour digérer tout ça : il a eu son compte d'émotions pour la journée...


-Episode 9 : La confiance s'installe...


Comme d'habitude, nous retrouvons René, de bon matin, sitôt après le lever : ben, en fait..., il a pas passé une bonne nuit, malgré une fatigue justifiée !


Faut se mettre à sa place : vous imaginez vous, franchement, après tant et tant d'années de pratique axée dans l'immobilisme, sauter le pas d'une évolution de trois décennies ? J'vous l'demande...


Bon, qu'il se fasse peur avec une hypersport actuelle, même s'il ne l'avouera pas, il s'en doutait un poil..., maintenant qu'il lui arrive la même chose en tournant le truc à droite sur sa meule perso, ça, il doutait de rien l'animal !


Et pourtant, un truc de 200 dadas avec un couple énorme comme les cuisses à ta rombière, par rapport à son vieux tromblon qui fut certainement honorable en des temps reculés, faut pas avoir une boule de cristal pour imaginer qu'il puisse y avoir comme une certaine différence de caractère moteur... . Un peu comme si, toi, avec le lamentable niveau qui te permet tout juste de te déplacer d'un point A à un point B, on te mettait les fesses sur la M1 à Rossi : tu vois c'que j'veux dire...


L'est plus tout jeune, l'ami René, et il est bien obligé d'admettre ce fait... au moins en partie.


Pourtant, le fait d'apprendre, avec un début d'assimilation quand même, les secrets du genou visant le point de corde (si on lui avait dit un truc pareil il y a trois semaines...), l'avait quelque peu réconcilié avec la confiance en ses aptitudes à être le Pilote qu'il pensait avant ce jour funèbre ou ce jeune sans gène de Valentini l'avait laissé sur place, alors qu'il était en lutte avec Ziva, champion de sa rue toute catégorie !...


Ben..., c'est pas tout ça mais, dans une dizaine de jours, c'est direction le Bugatti ! Faut pas traîner pour tenter de domestiquer une partie au moins du haras ayant trouvé demeure dans le cadre de la KAWASUKI !!!


René enfile donc son cuir, lequel maintenant est presque ajusté à son physique de star (laissons lui au moins ça...), pour sortir Brigitte (il a ainsi re-baptisé Gamine en souvenir d'une vedette du temps passé dont la télévision vient de proposer une énième diffusion d'un de ses grands classiques...), sa V6.


Contact : dzzzzzzzzz !, dzzzzzzzzzz !, fait l'injection, Vroaaaaaaarrrr !!!, fait le moulbif libéré en s'éveillant...


« Mer.., se dit René, c'est vrai qu'elle fait un autre bruit maintenant : va falloir que j'fasse gaffe à pas trop ouvrir sur l'angle ! J'vas p'têt tenter de l'apprivoiser en ligne droite, c'est plus prudent... . Pourvu qu'j'tombe pas sur l'Ziva ou l'Rosso avant d'êt' capab' de trajecter comme quelqu'un d'ma condition... »


C'est avec un sentiment mitigé entre peur et fierté, qu'il démarre, bien décidé à dompter la bête !


Brigitte chauffe lentement, mais chaque rotation de poignée la fait bondir dans les tours en tortillant de la croupe : sorte d'avertissement rappelant à René de la maintenir sous la barre des 6000 le temps que les pneus montent en température.


Même à ce régime, auquel notre Vénérable s'est habitué depuis qu'il la pilote, le V6 souffle déjà fort !


Il en profite pour soigner sa position, pensant à bien sortir le genou (même si ce dernier est encore bien loin du sol...), léchant les freins juste ce qu'il faut pour permettre à Brigitte de se placer vers ce foutu point de corde qu'elle commence doucement à tutoyer de son train avant.


La confiance commence à s'installer au fur et mesure des passages en courbes et autres ronds points : René, bien que concentré à chaque réaction de sa bête, sent le calme l'envahir, de même que la fierté de trajecter propre en ayant le sentiment de commencer à dominer son sujet !


Une longue ligne droite se présente soudain devant lui : Brigitte est maintenant en état de supporter quelques milliers de tours supplémentaires...


Allez !, un p'tit coup à 7000, pour voir... : René se raidit légèrement tandis que le V6 propulse l'ensemble en avant avec une hargne non dissimulée !


« Wahouu !, rigole René dans son casque, c'est pas du mou d'veau ! ».


Une fois, deux fois, trois fois: le respectable s'habitue lentement mais sûrement au caractère de sa Brigitte...


Un pt'it coup à 8000 pour voir ?


WRAOUUUUUUUUU !!!, fait le 1300 en devenant carrément féroce : là, René redevient sérieux, surtout en regardant le chiffre inscrit au compteur de vitesse ! Ses bras aussi commencent un peu à s'inquiéter...


Heureusement pour lui, les Zombleux sont pas d'sortie ce jour !


On s'habitue à tout dit on ?: petit à petit, René s'adapte aux frasques de la « jeunette »... en ligne droite !


Mais dis moi donc ?, c'est quiquédevant ??? : non, non, pas Valentini (heureusement pour lui ...), c'est... Ziva !!!


Peut pas faire autrement que d'le ramarrer au train à c't'allure !


La V6 fond comme un faucon sur sa proie et dépose carrément le jeune qui n'a rien vu v'nir !!!


Mais Ziva, ce jour là, ne l'entendait pas de cette oreille (lui aussi il a sa fierté !..) et soude la poignée pour tenter de suivre la KAWASUKI...


« Mais..., y'm'suit c'bargeot, constate René dans son rétro, ben cette fois ci, j'va êt' obligé de rester d'vant... », s'inquiète t'il un peu quand même, car Brigitte est pas une fille facile à emmener ainsi dans les tours !


Ziva cravache son Hypersport en se couchant derrière sa bulle : la sienne non plus elle boîte pas...


René est de plus en plus nerveux, et il peut pas dépasser les 8000 car ses p'tits bras commencent à donner aux abonnés absents !!!


Au loin, une courbe se profile déjà et Ziva est toujours en aspi...


« Coupe pas René ! , coupe pas surtout, pense le Respectable, un oeil dans le rétro, y'm'lâche pas le chacal... »


La Kawasuki hurle en crachant ses bourrins au pneu arrière, le morbak de Ziva collé à sa plaque : 100 mètres, 50 mètres..., les disques carbone sont soudain portés au rouge tandis qu'un truc intergalactique déboule devant René en... tirant tout droit !


Le Vénérable inscrit Brigitte dans la courbe : la moto s'exécute d'un bloc malgré la vitesse de passage en courbe (mais c'est qu'il va devenir bon l'ancien !..), puis René fait demi tour...


Le brave Ziva, obnubilé par le feu rouge du 1300, n'a eu que le temps de déboîter sans freiner : heureusement pour lui, le champ en face est plat, un peu boueux, mais plat...


René béquille Brigitte sur le bas côté et demande : « Alors petit, ça va ??? T'es pas fou d'essayer de m'accrocher avec ta mobylette ??? Attend, j'vais t'aider à la sortir du champ ! ».


Le pauvre Ziva, reconnaissant René, passe par toutes les couleurs de l'arc en ciel et ne peut que bredouiller : « Ha ?, c'est toi ???, t'as changé d'brêle ??? » Intérieurement, il se dit que si même les vieux s'y mettent, y va bientôt devoir penser à passer au tricot, en regardant tristement sa magnifique sportive maculée d'une terre bien grasse (heureusement, il l'a pas flanquée par terre !)...


René et Ziva, après bien des efforts, finissent par réussir à sortir l'engin d'un terrain pas trop fait pour elle.


Le vieux propose au jeune : « Allez, j'te paye une bière au bistrot du coin ! ».


« Heuuu, non merci René, pas dans cet état..., j'rentre chez moi ! J'peux te d'mander un truc avant d'partir ??? »


« Dis toujours... »


« Ben..., tu l'diras pas, hein ??? »


« T'inquiète !, mais la prochaine fois, joue pas avec les grands... », répond René en redressant le torse.


Et le Vénérable décide d'arrêter les frais pour aujourd'hui en prenant le chemin du retour, pas mécontent de sa sortie...


Demain, la V6 prendra de l'angle dans les tours, c'est sûr...


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