Renault : la fusion avec Fiat à l'arrêt, Nissan menace l'Alliance
Renault est sous pression. D'une part, il n'y a plus de discussions avec Fiat. D'autre part, le patron de Nissan n'a pas montré une volonté de réchauffer rapidement les relations avec son allié.
L'été est la saison des mariages. Mais l'union entre Renault et Fiat n'est pas programmée. Le conseil d'administration du Losange n'ayant pas donné son feu vert, à la demande de l'État, l'italien avait retiré son offre. Mais depuis, de nombreux bruits de couloir faisaient état de signes encourageants pour la reprise des négociations. La presse italienne avait évoqué la présence de Mike Manley, patron de FCA Fiat-Chrysler, à Paris mi-juin.
Mais selon les Echos, Jean-Dominique Senard, le nouveau président de Renault, a été catégorique. Le dossier de fusion Fiat-Renault est au point mort. En marge de l'assemblée générale de Nissan, il a déclaré : "Je sais que l'on entend beaucoup de choses, mais aujourd'hui il n'y a pas de discussion". Il a ajouté : "J'ai redit aux actionnaires que le dossier était à l'arrêt et que je le regrettais". Pour lui, la reprise des discussions en incluant cette fois Nissan est "une hypothèse totalement hypothétique".
La première tentative de mariage s'était en effet faite sans Nissan. L'allié japonais avait été mis de côté. Cela n'a pas amélioré des relations déjà fortement dégradées depuis quelques mois entre les deux parties de l'Alliance. Aux points de frictions déjà existants s'est ajouté un bras de fer pour la mise en place de la nouvelle gouvernance de Nissan, Renault s'étant inquiété d'avoir un pouvoir marginalisé alors qu'il détient 43,4 % des actions ! Nissan a fini par faire un geste, en acceptant la présence de Jean-Dominique Senard et Thierry Bolloré, le président et le directeur général de Renault, dans les nouveaux comités de l'audit et des nominations de Nissan.
Mais les actionnaires du nippon ont reconduit à la tête de Nissan Hiroto Saikawa. Or il est fortement lié aux troubles récents. Pour certains, il est à l'origine de l'affaire Ghosn, qu'il aurait fait tomber pour éviter que celui-ci arrive à fusionner Renault et Nissan, un projet qui ne plaît pas aux Japonais. Et le projet d'une fusion est toujours balayé par Hiroto Saikawa, dont la priorité est de relancer Nissan, en mauvaise passe économique.
Le patron de Nissan n'a d'ailleurs pas hésité à menacer l'avenir de l'Alliance. Lors de l'assemblée générale, il a déclaré : "Nous voulons une relation gagnant-gagnant avec Renault. L’alliance a été prospère jusqu’ici parce que nous avons respecté l’indépendance de chacun. Si cela est nécessaire, nous mettrons notre structure capitalistique sur la table. Si la relation bascule dans un gagnant-perdant, elle se rompra très rapidement".
Les Japonais s'agacent régulièrement du déséquilibre capitalistique, Renault détenant 43,4 % de Nissan, et Nissan détenant 15 % de Renault, mais sans droit de vote à l'AG du Losange. Le fait que Renault pèse plus alors qu'il vend moins de véhicules est aussi pointé du doigt par les nippons.
Le réchauffement des relations n'est donc pas encore à l'ordre du jour. Mais cette fois, avec des équipes dirigeantes bien en place mais qui ont visiblement du mal à tourner la page Ghosn et avaler les rancœurs, on se demande si l'Alliance a un avenir prospère.
En visite au Japon, Emmanuel Macron a appelé à préserver et développer l'Alliance, qui est selon lui "un fleuron auquel nous tenons beaucoup", afin que celle-ci soit plus forte face à la concurrence internationale. Le chef de l'État a déclaré : "Je souhaite que tout le monde y soit pleinement engagé". Au passage, il a glissé : "Je crois qu'ils se souviennent tous du fait que c'est une grande entreprise française qui a sauvé cette entreprise japonaise avec le respect des traditions et des équilibres".
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