Quand la Chine tient l'industrie auto mondiale par la barbichette
L'INFO DU JOUR - Pour contrecarrer les taxes douanières dont sont affublées les voitures chinoises et européennes, Pékin restreint, voir annule, les commandes de terres rares, de semi-conducteurs et de batteries des constructeurs européens. Une mesure dont les effets se font déjà sentir.

C’est une décision qui date de deux mois déjà. Mais son impact commence à peine à se faire sentir ces jours-ci. Au mois d’avril, le gouvernement chinois a tout simplement exigé de toutes les entreprises du pays qu’elles disposent d’une licence (que le gouvernement en question accorde, ou pas) pour pouvoir exporter leurs produits, et ce, dans n’importe quel pays.
Une mesure qui permet à Pékin de distribuer les bons et les mauvais points aux nations qu’il souhaite, en livrant sans problème ceux qui n’embêtent pas les Chinois, et en punissant tous les autres, comme l’Europe et les États-Unis. L’UE ayant mis en place des taxes sur les voitures électriques de l’Empire du milieu, et les US de Trump lui ayant imposé ses taxes douanières multidomaine, les deux continents sont les premiers punis.
Un chantage aux produits indispensables
Une manière de jouer à « je te tiens tu me tiens par la barbichette » qui prend carrément des allures de chantage aux nations, dont pâtissent de nombreux industriels de l’automobile, puisqu’une telle mesure va bien au-delà d’une taxe réciproque : c’est une manière explicite de leur couper les vivres si leurs gouvernements ne jouent pas le jeu.
Car la Chine détient la clé des terres rares mondiales, mais aussi, en partie, des semi-conducteurs et des batteries. Créer une pénurie dans ces domaines permet d’assécher l’industrie et c’est bien ce qui commence à se produire, et seules un quart des commandes étrangères sont aujourd’hui autorisées à être livrées à des clients étrangers. Des clients qui ne sont, évidemment, ni européens ni américains.
Résultat : le Clepa, le syndicat des équipementiers européens, mais aussi la VDA, la fédération des constructeurs allemands tirent la sonnette d’alarme. Après deux mois à vider leurs stocks. Certains industriels ont d’ores et déjà suspendu, ou ralenti, leurs chaînes de production, et d’autres devraient suivre.
Un effet boomerang
Et si le robinet se ferme pour les terres rares et les semi-conducteurs, il risque également de se tarir pour les batteries entières, toujours livrées à des marques occidentales comme celles de CATL.
Reste que ces mesures de rétorsion ont bien évidemment un énorme effet boomerang. Priver les industriels chinois de leurs principaux clients est dévastateur. Mais peut-être qu’au fond, Xi Jinping adopte la même politique que Donald Trump, poussant le bouchon très loin pour reculer par la suite.
Un détail, ou plutôt un message du président américain pourrait le laisser croire. Car ce dernier vient d’affirmer, sur son réseau Truth Social, que la Chine allait livrer plus de terres rares aux US et que les taxes exigées par les Américains, plutôt fluctuantes ces temps-ci, passeraient de 145 % à 55 %. En échange, les Chinois ne ponctionneraient les produits américains que de 10%.
Évidemment, Xi Jinping n’a pas encore donné son accord à ce nouveau deal. Et il serait étonnant qu’il le valide en l’état. Le bras de fer mondial n’est donc pas près d’être achevé.
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