Privatisation des contrôles radars : les professionnels sceptiques
L’intention affichée au plus haut sommet de l’État de confier les opérations de contrôles de vitesse des automobilistes à des sociétés privées suscite bien des interrogations. Et d’abord auprès de ceux qui sont en première ligne, sur le terrain, et qui vivent au quotidien des contrôles. Des policiers aux gendarmes en passant par l’Organisation des Transporteurs Routiers Européens, beaucoup ne cachent pas leur scepticisme sur la démarche.
Celle-ci part pourtant d’un bon sentiment : recentrer policiers et gendarmes sur leurs missions de protection et de sécurité. Pour soulager les forces de l’ordre, l’État pense donc à confier à des entreprises privées le soin de piloter des voitures banalisées transportant les radars mobiles. Certes, mais la crainte de voir des outils pour la sécurité routière détournés de leur vocation première s’est fait immédiatement jour. Loin de la mission régalienne de l’État, une société privée a en effet davantage le souci de réaliser des profits. Le spectre de la recherche de la rentabilité dans la mission plane donc sur l’initiative.
Frédéric Le Louette, président de Gend XXI, l’association professionnelle des gendarmes commente dans les colonnes de Libération : « ce qui me gêne dans ce dispositif, c’est que je n’en vois pas l’intérêt. Ça ne va pas nous donner de marge de manœuvre supplémentaire. On va perdre plus de temps en procédures et si une infraction importante est constatée, il n’y aura pas d’arrestation immédiate ». Il regrette un « flou politique » et dit attendre des informations.
Côté Police, on est plus vindicatif. Fabien Vanhemelryck secrétaire général délégué de l’organisation syndicale Alliance déclare : « plutôt que de faire des annonces à la presse, Gérard Collomb ferait mieux de s’adresser à nous. On lui aurait dit que ce n’était pas la première chose à faire. Pour nous, la sécurité routière relève de la lutte contre la délinquance. On ne met pas de radars pour faire de l’argent. On va être remplacés par des sociétés qui n’y connaissent rien, qui ne connaissent pas les zones accidentogènes ».
L’Organisation des Transporteurs Routiers Européens, enfin, est inquiète. Jean-Marc Rivera secrétaire national donne redoute sur le site Transportissimo des dérives qui engendreraient une organisation digne des chasseurs de primes du far-West et défend la mise en place d’une vraie police d’État de la route cherchant à sanctionner les pratiques dangereuses et génératrices d’accidents.
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