Prise en mains - Une Porsche Cayman GT4 RS fonctionnant au carburant de synthèse : crédible ?
Conscient que le moteur thermique a encore quelques années à vivre, Porsche mise sur la production d'un carburant de synthèse annoncé neutre en émissions de CO2 et nous fait la démonstration de son efficacité sur l'un de ses modèles les plus performants : le Cayman GT4 RS. Contact !
Alors que l'Allemagne vient d'annoncer son refus d'interdire définitivement les moteurs essence et diesels en 2035, Porsche, l'un de ses constructeurs les plus prestigieux, tente de démontrer qu'un avenir est possible pour les mécaniques à combustion interne. Comment ? En abandonnant le bon vieux pétrole au profit d'un carburant de synthèse, obtenu en isolant l'hydrogène de l'eau par électrolyse puis en le combinant à du CO2 capté dans l'air ambiant.
Une alternative intéressante selon la firme de Stuttgart dans la mesure où, même si la vente de véhicules fonctionnant aux carburants fossiles était interdite dans douze ans, il faudra toujours alimenter des moteurs thermiques pendant une vingtaine d'années (la durée de vie moyenne d'une auto) au moins.
Par ailleurs, la marque espère bien faire perdurer la passion pour le moteur thermique, tant sur les circuits que sur la route, tout en misant sur la fée électricité en parallèle. Certes, le Superéthanol et le GPL sont également à considérer, mais le premier a un impact sur les productions alimentaires quand le second reste un dérivé de produit pétrolier. Et dans les deux cas, impossible d'atteindre la neutralité carbone souhaitée par l'Europe.
C'est là que le carburant de synthèse entre en scène. À condition qu'il soit produit en utilisant des énergies renouvelables, et qu'il alimente, dans un monde parfait (ou celui des bisounours) les moyens de transport qui permettront son acheminement (bateaux, camions-citernes notamment), l'e-fuel compenserait les émissions de CO2 émises à l'échappement par celles qui auront été absorbées lors de sa production.
Pour se rendre "propre", l'énergie nécessaire à cette transformation est fournie par une éolienne située au Chili, dans un couloir venteux qui assurerait une production d'électricité quatre fois supérieure à ce que peut générer une éolienne en Allemagne.
De quoi distribuer, selon la marque, environ 1,5 million de litres par an. Mais en tablant sur 350 éoliennes en 2027, on nous annonce d'ores et déjà 550 millions de litres par an, pour un investissement de la part de Porsche de 100 millions d'euros.
Examen blanc…
Pour nous démontrer l'efficacité de ce carburant, Porsche nous a invités à prendre le volant de son très sportif Cayman GT4 RS, qui pour rappel utilise le moteur à très haut rendement de la grande sœur 911 GT3. Au menu donc, un moteur flat six 4.0 atmosphérique de 500 ch (soit 125 ch/l) dans une petite voiture de 4,46 m de long. De quoi vous propulser de 0 à 100 km/h en seulement 3s4. Du moins sur sol sec, car la marque a préféré nous a envoyé brûler son e-fuel sur la glace, à plus de 2000 mètres d'altitude.
Vous l'imaginez bien : dans de telles conditions, impossible de mobiliser toute la cavalerie, même avec des pneus cloutés, et donc de dire si le comportement mécanique change. Selon Porsche, pas besoin d'enrichir le mélange contrairement à l'éthanol, donc pas de surconsommation à craindre. Tout ce que l'on peut noter, c'est que le moteur tourne rond et prend ses tours en vous hurlant dans les oreilles comme il sait si bien le faire. Et que le Cayman se montre étonnamment équilibré et progressif quand il évolue sur la poudreuse.
Vous avez dit enfumage ? On vous laisse juge… L'opération a surtout pour objectif de faire parler et réfléchir. Forcément, des questions subsistent, notamment en ce qui concerne les autres émissions polluantes (des mesures officielles s'imposent) et le tarif de cette potion annoncée magique (Porsche parle de 2 €/litre, hors taxes, en 2030). Et si l'Europe reconnaît la neutralité carbone de ce carburant, difficile d'imaginer que notre gouvernement fasse une croix sur les malus, uniquement indexés sur les rejets de CO2 à l'échappement.
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