Prise en mains - Ora Funky Cat : à style ou face
Pierre-Olivier Marie, Pigiste , mis à jour
L’Ora Funky Cat, petite berline à motorisation électrique, fut l’une des découvertes du dernier Mondial de l’automobile. En attendant sa commercialisation en France, prévue pour la fin 2023, notre confrère britannique Felix Page, qui a eu l’opportunité de prendre le volant d’une des premières versions disponibles en Europe, nous donne ses impressions de conduite.
L'Ora Funky Cat est un peu plus grande qu'il n'y paraît en photo. Avec près 4,24 m. de long, 1,82 m. de large et 1,60 m. de haut, elle est plus en phase avec les Volkswagen ID.3 et Hyundai Kona Electric qu’avec les Honda E ou Fiat 500 Electric. Si une parenté stylistique existe avec ces deux dernières, la Chinoise s’en distingue par un sens de l’accueil nettement plus développé.
De même, il semble qu’elle ne cherche pas non plus à concurrencer cette autre nouvelle berline chinoise dont tout le monde parle - la MG 4 (photo) - car elle se veut plus haut de gamme, ce qui se traduit par des tarifs qui devraient être un peu plus salés. Plus que la conquête d’une énorme part de marché, le but serait donc de consolider le positionnement « premium » (toutes proportions gardées) de la marque.
Dans un premier temps, l’auto sera d’ailleurs uniquement disponible dans une finition First Edition suréquipée, du moins au Royaume-Uni où elle débute sa carrière européenne.
Ora présente la Funky Cat comme une petite voiture dotée de la technologie et du prestige d'une grande, et c'est une philosophie qui se reflète dans son caractère dynamique.
Elle se montre ainsi très à son aise sur le réseau secondaire, mais fait preuve d’une belle rigueur quand l’allure s'accélère, et ce même quand le revêtement routier se dégrade. Sur l'autoroute, l’auto tient sa voie confortablement et de manière prévisible, nécessitant une correction minimale des vents de travers à la suite des dépassements de camions (tous deux présents en force le jour où nous avons testé la voiture).
Et bien que ni sa puissance ni son couple moteur soient particulièrement élevés, il y a toujours assez de réserve pour les dépassements. On perçoit bien quelques secousses d’amortissement et couinements de pneus, mais rien qui grince au cours d'un tour de la M25 (le périphérique du grand Londres, long de 188 km, NDLR), par exemple. Ça n'ira pas beaucoup plus loin avec une charge, de toute façon.
La direction déçoit par son manque de consistance, par contre, tandis que le volant semble trop large. Bref, si une variante un peu plus sportive est commercialisée un jour, il faudra a minima resserrer la crémaillère de direction et rigidifier le amortisseurs.
Mais si vous vous contentez d’une conduite tranquille, l’auto se montre confortable, spacieuse et fait apprécier son équipement généreux. Il existe des véhicules électriques à plus longue autonomie en vente dans sa future zone de prix - 310 km pour l’Ora Cat, quand la MG 4, offre 350 km par charge pour moins de 23 000 € bonus déduit - mais l'auto reste compétitive. Et bien que sa vitesse de charge maximale de 100 kW soit inférieure à celle de ses rivaux, cela suffit largement pour quelqu’un qui parcourt une quarantaine de km par jour, situation qui correspond à la majorité des usages.
Etonnamment, ce qui gâche un peu l'expérience est la décision d'Ora d'intégrer autant de technologie et de fonctionnalité que possible dans la Funky Cat à prix avantageux. Ainsi, la navigation par satellite - que vous devrez utiliser jusqu'à ce que le mirror link pour smartphone soit déployé via une mise à jour en direct au premier trimestre 2023 - est vague dans ses instructions et contrôlée à l'aide d'un minuscule clavier à écran tactile impossible (ou à moins dangereux) à utiliser en déplacement.
On regrette que l'interface d'infodivertissement soit aussi peu intuitive, et les contributions de l'assistant vocal intégré sont quasi-inutiles. Il a certes compris quand je lui ai demandé d'ouvrir ma fenêtre (il sait quel occupant du siège parle) et a su me re-diriger vers mon point de départ, mais les stations de radio et les modifications apportées aux paramètres du véhicule restent hors de sa portée. De plus, il revient à la charge un peu trop souvent pour vous parler des limites de vitesse ou pour recommander une pause lorsque vous bâillez, mais le fait d'une voix nasillarde difficilement audible. Sur ce point, on est loin de l’efficacité du "Hey Mercedes".
Nous avons attendu un certain temps pour que la Funky Cat trouve le chemin de l’Europe, et son style avenant est l’un des ses atouts principaux, de même que son rapport prix/équipement. En l'état actuel des choses, elle n’a toutefois pas vocation à affoler la concurrence comme le fait la redoutable MG4.
Mais si elle augmente son autonomie, se dote d’un amortissement plus rigoureux et améliore son interface d’infodivertissement, elle devra être prise très au sérieux.
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