Rejets de CO2 : pas si vite, n'allez pas nécessairement acheter une voiture neuve !
Le gouvernement se félicite déjà de son dispositif de prime à la casse qui a encouragé un grand nombre de ménages à changer leur véhicule pour un modèle neuf. Mais est-ce réellement écologique ?
Vous le savez sans doute déjà, les émissions moyennes de CO2 des véhicules baissent chaque année à mesure que les technologies et les moteurs sont de plus en plus efficaces. C'est justement ce qui incite les gouvernements à encourager la population à passer sur une voiture neuve pour améliorer, en tout cas sur le papier, la qualité de l'air. Mais ce raccourci très simple est-il vraiment juste ? Voici quelques points qui démontrent que le changement de voiture n'est pas (souvent) écologique.
Les émissions de CO2 officielles sont absurdes
Un litre de sans-plomb brûlé dégagera toujours la même quantité de dioxyde de carbone. Une auto qui consommait en moyenne 7 litres aux 100 km en 1995 dégage autant de CO2 qu'un modèle de 2018 ayant la même consommation. Passer de l'un à l'autre n'aura donc aucun effet sur le CO2 (nous parlons bien ici uniquement du CO2, et non des autres polluants comme le CO ou les NOx, puisque c'est ce sur quoi se base l'Europe et les pouvoirs publics).
Malheureusement, les gouvernements ne reprennent pas les données réelles de milliers de conducteurs, mais le cycle d'homologation officiel. L'ancien NEDC, totalement absurde, a donc été un excellent argument de vente pour les véhicules neufs ! Le nouveau cycle, baptisé WLTP, devrait, lui, être un peu plus réaliste, mais il ne faut pas non plus s'attendre à retrouver ce que l'on observera une fois au volant de l'auto.
Concrètement, qu'est-ce que tout cela veut dire ? Si votre véhicule est en état de marche, qu'il est entretenu, qu'il ne consomme pas d'huile ou de liquide de refroidissement et que vous n'êtes pas à une moyenne de 15 litres aux 100 km, le mettre à la casse pour un véhicule neuf n'est pas forcément indiqué. Dans le cadre de la prime à la casse, l'affaire est un poil différente puisqu'elle concerne les voitures d'avant 1997. Le calcul est alors plus complexe puisque le choix de mettre à la casse l'auto pour des raisons écologique va dépendre de la qualité de la combustion, et des systèmes de dépollution présents à l'époque de la sortie de votre auto (catalysée ou pas, notamment).
Fabriquer une voiture neuve produit énormément de CO2
Selon une étude réalisée il y a quelques années, la production d'un véhicule neuf équivaudrait à 720 kg de CO2 rejeté tous les 1000 euros dépensés. En clair, une Peugeot 308 vendue 25 000 € aura déjà dégagé 18 tonnes de CO2 dans l'atmosphère avant même d'avoir été livrée. Faisons donc un calcul simple, sur la base d'un total de 200 000 km :
Premier cas - vous changer d'auto à 100 000 km grâce à la prime à la casse
Votre véhicule, qui a 100 000 km, et que vous souhaitez remplacer, consomme 8 litres aux 100 km (en conditions réelles). Ceci correspond à 185 g/km, soit 18,5 tonnes dégagées depuis que vous roulez avec. Vous visez une Peugeot 308 essence Puretech 130, boîte automatique, annoncée à 106 g/km, soit 4,5 l/100 km. La première chose (évidente) à savoir est que la compacte française sera bien loin de cette valeur en conditions réelles, certainement autour des 6,5 litres, soit 150 g/km de CO2. Sur 100 000 km effectués, nous arrivons à un total de 15 tonnes dégagées.
Emissions totales de CO2 sur 200 000 km : 18,5t (ancien véhicule sur 100 000 km) + 19,2t (production de la nouvelle 308) + 15t (émissions de la nouvelle voiture sur 100 000 km) = 52,7 tonnes.
Deuxième cas - vous conservez votre auto jusqu'à ses 200 000 km
Votre véhicule, qui a été acheté neuf, consomme donc ses 8 litres tous les 100 km. Sur 200 000 km, cela équivaut à 37 tonnes de CO2 dégagées dans l'atmosphère. Votre auto consomme un litre et demi de plus tous les 100 km qu'une voiture essence plus récente, mais malgré cela, vous avez émis 15 tonnes de moins que la personne qui a changé pour un véhicule plus propre.
Des variables nombreuses
Pour conclure, on ne peut pas dire que le changement d'une auto est forcément mauvais. Les véhicules avec des kilométrages très avancés, ou encore des autos qui ont de graves soucis mécaniques (grosse consommation d'huile due à une mauvaise étanchéité des segments ou des joints de soupapes, par exemple) ont toutes les raisons de prendre leur retraite. Mais globalement, l'on observe tout de même que le raccourci fait par le gouvernement sur le côté "écologique" de la mise à la casse d'un véhicule ancien est finalement trop facile. Nous avons pris un exemple simple avec deux fois 100 000 km, mais cela pourrait tout à fait concerner des autos ayant déjà plus de 200 000 ou 300 000 km et qui sont toujours en parfait état de marche.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération