Présentation - Aiways U6, un beau SUV électrique chinois à 46 990€ ?
Cédric Pinatel , mis à jour
Après le U5 au succès commercial très relatif, le constructeur chinois Aiways revient à la charge avec un U6 au design beaucoup plus soigné. Sera-t-il capable de s'imposer face aux SUV familiaux électriques de référence ?
Rien à voir avec la marque de chewing-gum connu pour son piquant. Le nom d'Aiways fait référence à une start-up chinoise lancée en 2017 avec de grosses ambitions. Partie de rien, elle veut plaire partout dans le monde et chasse sur le terrain de géants comme MG ou Byd. Elle cherche aussi à pénétrer le marché européen depuis 2020 avec l'U5, un SUV familial 100% électrique de 4,68 mètres de long dont le succès en France est très relatif. La faute à un design trop ennuyeux ? A une conjoncture catastrophique avec les périodes de confinement et les difficultés d'approvisionnement en pièces entraînées par la crise du coronavirus ? A l'efficacité moyenne du système de ventes très particulier d'Aiways, ne comptant quasiment que sur son site internet ?
Sans doute un peu de tout cela. Mais deux ans après l'arrivée de l'U5, le constructeur chinois lève le voile sur la version européenne de l'U6, un second modèle basé sur la même plateforme. Par rapport à ce dernier, le style devient beaucoup plus agressif : surfant sur la mode des SUV « façon coupé », il évoque carrément la silhouette d'une berline sportive surélevée et nous rappelle franchement le profil de la jolie Polestar 2 en plus massif. Certains le confondront peut-être même -de loin- avec un Lamborghini Urus de trois quarts avant dans cette teinte jaune très italienne. « un Urus trouvé sur Wish », diront les moqueurs.
Aiways pousse l'agressivité jusqu'à équiper l'U6 d'appendices aérodynamiques radicaux. Habituellement, on trouve plutôt les petits déflecteurs présents devant les roues avant et derrière les roues arrière sur des machines du genre de la Porsche 911 GT3 RS. Les concepteurs d'Aiways nous assurent que ces éléments imitant la fibre de carbone ont une réelle efficacité aérodynamique mais ne nous voilons pas la face, il s'agit avant tout d'un gimmick de style plutôt osé.
Osé, c'est bien le terme qui convient à la configuration du modèle de pré-série exposé devant nos yeux dans un studio du site européen d'Aiways à Munich. Le jaune extérieur se combine en effet à un habitacle aux finitions beiges, rouges et bleues. Oui, vous avez ici quasiment ici les couleurs de LIDL ! On se moque des choix sur ce « show-car » mais honnêtement, la qualité de l'habitacle force le respect. Certes, on parle d'un exemplaire dont la finition souffre toujours de quelques petites imperfections appelées à être corrigées sur le modèle définitif, notamment au niveau du plancher de voiture qui gondole comme un parquet inondé sous les sièges avant.
Mais pour trouver un volant à l'habillage bi-ton ou des cuirs bicolores de ce genre sur la planche de bord, il faut habituellement regarder à l'intérieur des grosses Volvo ou même de certaines Bentley. On trouve bien du plastique dur sur les contreportes et les parties basses de la planche de bord, mais tout cela respire la qualité d'assemblage et donne même une impression de robustesse. Le petit « clic » du sélecteur de vitesse au design audacieux, par exemple, est très satisfaisant. Côté technologie embarquée, on retrouve des aides à la conduite de niveau 2 et même une compatibilité de niveau 3 (pas encore légale en Europe). L'interface numérique, dont l'écran ressemble furieusement à celui des Tesla Model 3 et Model Y, affiche une ergonomie correcte mais une réactivité semble-t-il moins bonne que chez le constructeur américain. Il n'y a pas de navigation embarquée mais une connectivité totale Apple Carplay et Android Auto.
Les passagers arrière bénéficient par ailleurs d'une habitabilité à la pointe et d'une ambiance agréable grâce au grand toit vitré panoramique de série. Quant au coffre, il ne fournit que 430 litres de volume malgré le gabarit conséquent de l'engin, long de 4,80 mètres (contre 4,75 mètres à un Tesla Model Y). A titre de comparaison, un Skoda Enyaq revendique 585 litres.
215 chevaux et 400 kilomètres d'autonomie
Reprenant la plateforme de l'U5, l'U6 s'équipe des mêmes batteries de 63 kWh et possède comme ce dernier un unique moteur électrique entraînant le train avant. En revanche, il s'agit d'un nouveau moteur conçu en interne alors que l'U5 utilise un bloc d'origine Bosch. Avec 215 chevaux, il autorise des accélérations plutôt bonnes (0 à 100 km/h en 6,9 secondes), grâce à une masse raisonnable de 1 780 kilos : un Skoda Enyaq équipé de batteries similaires avoue quasiment deux tonnes sur la balance. En revanche, l'autonomie annoncée déçoit un peu avec 400 km seulement d'après le cycle WLTP (alors qu'un Enyaq iV 60 kWh s'approche des 420 km et que le Tesla Model Y de base atteint 455 km avec des batteries similaires).
Bien placé à 46 990€ ?
Aiways vient enfin de communiquer sur le tarif Français du U6, disponible au lancement uniquement sa version de pointe à l'équipement généreux et à la finition haut de gamme : ce sera 46 990€, sachant que l'U5 à la vocation plus accessible se négocie à partir de 39 990€ ou 45 990€ en finition Prime. L'U6 se positionne ainsi au-dessus de références comme le Volkswagen ID.4 (43 000€), le Skoda Enyaq iV (44 580€), le Hyundai Ioniq 5 (46 500€) ou très proche des Nissan Ariya (47 300€), Tesla Model Y (49 990€) et autres Kia EV6 (47 990€). En y regardant de plus près, il faut bien souvent dépenser au moins 55 000€ pour configurer un SUV électrique avec un équipement similaire à l'U6. Sauf chez des concurrents comme MG, où le Marvel R se négocie à 46 990€ en finition Luxury toutes options. Alors, l'Aiways U6 pourra-t-il vraiment séduire à ce prix grâce à son style extérieure et sa finition intérieure ? Attendons tout de même d'en prendre le volant pour mieux le cerner.
On sait aussi qu'Aiways continuera dans son approche audacieuse de la distribution de ses autos, avec une possibilité de commander directement sur internet et seulement quelques rares points de vente en France. L'entretien se fera soit chez Feu Vert, soit directement à domicile grâce à des techniciens de Gomecano.
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