Pourquoi la voiture électrique va augmenter la dépendance de l'Europe
Malgré les projets de construction d'usines de batteries en Europe, la Chine n'est clairement pas prête à lâcher toute une chaîne mise en place depuis des décennies. A court et moyen terme, avec la voiture électrique, la dépendance de l'Europe au commerce extérieur pourrait se creuser.
Aucune situation n'est parfaite, et à l'heure actuelle, la neutralité carbone réelle n'existe pas. Il a pourtant fallu faire un choix, et l'UE a tranché hier en annonçant la fin de la vente des moteurs therimques, notamment au profit des électriques.
Ecologiquement, les débats vont bon train sur les bénéfices de cette nouvelle forme de mobilité qui, d'un point de vue local, apporte un gain certain. Mais à l'échelle du climat mondial, c'est forcément plus discutable. Et en termes de commerce, c'est peut-être pire qu'avec les importations de pétrole, qui permettaient au moins à l'Europe d'effectuer son propre raffinage, de produire ses moteurs thermiques et de maîtriser toute la technologie derrière.
Ce graphique, issu d'une étude récente de l'Agence internationale de l'énergie, montre quelque chose de très intéressant : la part de marché des trois principaux pays pour l'extraction et la production de chaque matière : fossile, et métaux.
Concrètement, ce graphique montre que l'Asie, et plus particulièrement la Chine pour le traitement des métaux une fois extraits, est en position archi-dominante dans le monde. Bien plus que les trois plus gros producteurs de pétrole dans leur domaine. Si l'Europe, et surtout la France, avait déjà un déficit commercial dû à l'importation d'or noir, la dépendance du Vieux Continent va logiquemetn s'accentuer avec la voiture électrique.
Malgré les projets de construction d'usines de batteries pour tenter de ramener un peu d'indépendance, la Chine et les autres pays d'Asie (avec l'Australie et la RDC) dicteront les règles. D'ailleurs, une bonne partie des usines de batteries en Europe se contenteront d'assembler des pièces et cellules produites par les Asiatiques, qui ont déjà la main-mise sur les ressources de métaux. Ces mêmes ressources qui sont à l'heure actuelle en forte tension, alors que le marché du véhicule rechargeable n'a pas encore totalement décollé et que les politiques incitent fortement les pays développés à se tourner vers l'électromobilité.
Cette autre graphique rappelle justement à quel point la voiture électrique diffère d'un modèle dit "conventionnel", en kilogramme de métaux par véhicule. Et pour alimenter ces véhicules électriques proprement, il faudra des énergies renouvelables, elles-mêmes grandes consommatrices de métaux. La seconde partie montre justement la quantité des différents métaux nécessaire pour chaque secteur énergétique (éolien, gaz, pétrole...).
"Dans un scénario où les objectifs de l'accord de Paris seraient atteins, la demande dans les deux prochaines décennies pour le cuivre et les "terres rares" devrait croître de 40 %, celle du nickel et du cobalt de 60 à 70 % et celle du lithium de 90 %", précise l'étude.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération