Pourquoi la location longue durée séduit les particuliers ?
Presque deux années de croissance et une forte mutation. Depuis 2023, le marché automobile français connaît une métamorphose de son business model avec une forte poussée des immatriculations en location longue durée y compris auprès des particuliers. Nouveau mode de consommation ou nécessité ?
Depuis presque deux ans le marché des véhicules neufs va d’embellie en euphorie. Après les années de crise, les constructeurs se frisent les moustaches. Au niveau mondial, les grands groupes automobiles mondiaux ont en 2023 battus des records. Chiffres d’affaires (+14 %), bénéfices (+ 15 %), ventes (+ 7 %), se sont envolés. Y compris en France où plus de deux millions de véhicules neufs ont été immatriculés sur l’année. Soit une hausse de 15,3 % par rapport à 2022. Si les chiffres de mai (-2,9 %) viennent tempérer l’enthousiasme général, l’optimisme reste de mise. Dans ce grand déballage de félicité, une nouvelle lueur d’espoir (sonnante et trébuchante) est apparue aux constructeurs.
Bien connue sur le canal du B2B, la location longue durée s’en est allée rouler hors de ses habituels grands axes. D’abord à allure modérée, avant de débouler pied au plancher dans le champ commercial automobile grand public. Au point d’affoler les chronos des immatriculations. D’après une analyse de Sesamlld « la croissance de la Location Longue Durée (LLD) est supérieure au reste du marché automobile. » Avec 600 242 véhicules immatriculés en 2023, la LLD représente 29,1 % du total des immatriculations. Soit une croissance de 23 % (+1,8 point vs 2022).
Sur le marché « entreprises » (hors Loueurs Courte Durée, véhicules de démonstration, véhicules constructeurs), la LLD progresse encore plus significativement, représentant 62 % des mises à la route. En 2023 deux véhicules neuf sur trois d’une entreprise sont immatriculés en LLD, en hausse de 23 % par rapport à 2022. Traditionnellement le marché du B2B a toujours eu une appétence pour ce mode d’acquisition de ses automobiles. Les raisons sont pratiques (loyer fixe, gestion externalisée, pas de dépréciation véhicule etc.) mais également fiscales (récupération TVA, loyers déductibles du résultat imposable tout comme les pénalités de résiliation anticipée). L’autre facteur concerne le verdissement et l’électrification des flottes. Face à l’incertitude des valeurs résiduelles des voitures électriques, il n’est pas encourageant pour les professionnels de s’engager dans l’achat de ce type de véhicule. Plus surprenant est en revanche le récent goût prononcé des particuliers pour la location longue durée.
Louer mieux qu’acheter ?
En 2023, donc avant la mise en place du leasing social, le marché de la LLD auprès des particuliers a connu une croissance substantielle « avec 55 168 véhicules immatriculés en LLD, soit une augmentation de 40% par rapport à 2022 » selon Seamlld. Certes, ce segment ne représente que 6,5% du volume total des immatriculations en LLD, mais la progression est forte. Et elle ne semble pas près de retomber. La preuve avec les 50 000 véhicules acquis avec le dispositif de leasing électrique gouvernemental en 2024. Ce mécanisme étant reconduit jusqu’en 2027, la LLD (ou leasing) a encore de beaux jours devant elle.
Mais qu’est ce qui peut bien pousser les automobilistes à loueur leur voiture ? Florian Huettl, patron d’Opel explique ce développement par « l’évolution des habitudes de consommation. Le client recherche de la mobilité, de l’autonomie, plutôt que l'objet même. » Sur son site, Arval vante « un contrat (…) conçu spécifiquement pour adapter le financement d'un véhicule à vos besoins et à votre usage. Vous pouvez choisir, dans votre contrat de location longue durée, la marque, modèle, finition, équipements, énergie, option, la durée de votre location de voiture longue durée particulier (de 25 à 60 mois), le nombre de kilomètres et les services associés. » Du sur-mesure donc qui touche de nombreux clients qui peuvent rouler dans des voitures dernier cri avec un loyer équivalent, voire moins élevé que les mensualités d’un crédit.
Concernant les voitures électriques, leur forte dépréciation et leur faible attractivité sur le marché du VO font davantage réfléchir l’acheteur avant de passer à l’acte. La LLD peut dans ce cas s’avérer un choix judicieux. Du côté des constructeurs (ou des loueurs) c’est l’assurance d’un renouvellement de véhicule plus rapide, sans jamais perdre la main sur la voiture. Car, au final, ils récupèrent le véhicule. Libre à eux de le revendre ou le remettre sur le marché de la location d’occasion. Un service gagnant à tous les coups pour le propriétaire du véhicule.
Une supposition prosaïque, pousse aussi à se demander si nos très chères voitures n’étaient devenues nos trop chères voitures ? Au point de devoir les louer faute de pouvoir les acheter.
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