Pétrole : la fin de la fête, avec un pic historique déjà loin derrière nous ?
Une étude du ministère des affaires économiques finlandais, à l'origine destinée au gouvernement finlandais, explique qu'une crise sur le pétrole est à venir, avec une industrie du brut qui se pose la question de la rentabilité des réserves.
Le gouvernement finlandais a publié une étude intéressante et bien documentée sur l'avenir de l'industrie du pétrole à l'échelle mondiale. Les géologues finlandais, qui ont travaillé avec une multitude de paramètres et variables, tendent à montrer que la santé de l'industrie pétrolière pourrait s'effondrer dans les années à venir.
Les prévisions ne sont évidemment pas une science exacte, mais plusieurs facteurs sont sans appel. Le EROEI (taux de retour énergétique), d'abord, qui chute inexorablement. Il s'agit du différentiel entre la quantité d'énergie nécessaire pour extraire le brut et l'énergie que fournit le pétrole lorsqu'il est utilisé (transports, habitat...). Une première preuve que les puits sont de plus en plus difficiles à exploiter.
En Arabie Saoudite, le plus grand champ d'exploitation national (rappelons que l'Arabie Saoudite est un des plus gros producteurs mondiaux), situé à Ghawar, voit sa production baisser depuis quelque temps, avec une diminution d'environ 1,2 million de barils. L'heure de la "maturité" pour ces puits de pétrole "facile" serait donc arrivée, si bien que l'Arabie Saoudite serait sur une pente descendante en matière de rentabilité.
A l'heure actuelle, la demande est inférieure à l'offre, mais la demande ne cesse de croître depuis quelques années. Elle devrait logiquement rapidement dépasser l'offre. Sans que cette dernière ne puisse suivre la tendance, créant un risque de tension du marché (et de crash). Et aucune prévision ne voit la demande cesser de croître avant 2040...
Bref résumé de la situation
"Aujourd'hui, approximativement 90 % de la chaîne d'approvisionnement de la totalité de l'industrie manufacturière (tous secteurs confondus) mondiale dépend de la disponibilité de dérivés du pétrole, ou de services dérivés du pétrole. Environ 70 % de nos besoins journaliers en pétrole viennent de champs découverts avant 1970. La grosse partie de la production provient de 10 à 20 champs immenses de pétrole.
En 2006, 10 champs pétroliers comptaient pour 29,9 % des ressources mondiales. Et depuis 2006, très peu de champs ont été découverts (la plupart très petits). Le "peak oil" a été découvert en 1962, et depuis, les taux de découverte n'ont cessé de décliner. Les nouvelles découvertes sont limitées : le taux de succès d'exploration en 2017 était à un record bas de 5 %.
81 % de la production liquide de pétrole est déjà en déclin (ceci excluant les éventuels futurs redéveloppements). D'ici 2040, cela voudrait dire que le monde aurait besoin de remplacer au moins 4 fois la production actuelle de brut de l'Arabie Saoudite, juste pour maintenir une production mondiale stable. En janvier 2005, l'Arabie Saoudite a augmenté son nombre de forages opérationnels de 144 %, simplement pour augmenter sa production de pétrole de 6,5 %. Cela suggère que les acteurs majeurs du pétrole n'ont pas été capables d'augmenter suffisamment la production pour suivre la demande croissante".
Globalement, le long rapport ne dit pas qu'il n'y aura bientôt plus de pétrole, mais plutôt qu'il va devenir de moins en moins rentable à l'extraction. Et ce n'est probablement pas une hausse des prix qui compensera les pertes engendrées par les poids lourds de l'industrie pétrolière. L'étude est assez alarmiste avec la prévision d'un choc dans les "cinq ans à venir". Affaire à suivre ?
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