Paris : quand les policiers multiplient les infractions routières
Les policiers parisiens se font taper sur les doigts par leur hiérarchie qui leur reproche un trop grand nombre d'infractions au code de la route. La grogne monte parmi les hommes de terrain, qui y voient l'illustration d'une "consternante" méconnaissance de la réalité de leur travail.
D’un côté, le code de la route. De l’autre, des policiers parisiens qui, soumis à une forte charge de travail et une pression extrêmement forte en cette période d’attentats, multiplient les infractions. Celles-ci ont en effet augmenté de 49 % dans la capitale au premier semestre (signalisation, vitesse, feux rouges, stationnement…), ce qui a conduit le directeur de cabinet du préfet de police à envoyer le 24 août une note de service à ses troupes. « Hors les cas insurmontables liés à l'urgence de la mission, les contraventions établies devront être réglées par les fonctionnaires responsables et aucune mesure de classement ne pourra être envisagée, sans exclure d’éventuelles sanctions disciplinaires », y lit-on notamment.
La préfecture de Police, contactée par nos soins, précise qu'il s’agit d’un simple rappel des textes, et que les policiers sont soumis aux mêmes règles que tout automobiliste.
Dans les rangs, en revanche, on apprécie logiquement peu un rappel à l’ordre jugé en décalage avec des contraintes quotidiennes : « c’est consternant, et cela témoigne d’une méconnaissance totale des contraintes du métier de policier sur le terrain », s’emporte Nicolas Comte, Secrétaire général adjoint et porte-parole d’Unité SGP police FO. « Dans le cadre des missions, on peut être amené à franchir des feux rouges, et on va devoir ensuite se justifier et remplir des papiers alors que quelqu’un se faisait égorger ? Idem quand on est en patrouille et que l’on suit quelqu’un, cela suppose aussi parfois de prendre quelques libertés avec le code de la route, et c’est le propre du métier de policier. Franchement, plutôt que de demander le pourquoi du comment à des policiers suremployés, on préférerait que la préfecture se penche sur la question des repos. Dans les rangs, ça grince énormément, la note est perçue comme inopportune et inutile. On attend plutôt des reconnaissances et des félicitations. »
Même son de cloche, du côté d'Alliance Police Nationale, par la voix de Philippe Lavenue, Secrétaire national chargé de l'Ile-de-France : « On est sidérés. On nous parle d'état de guerre, on nous pressurise comme jamais, et dans le même temps on nous parle comme à des enfants en nous menaçant même de sanctions. Vous croyez que le terroriste ou le voyou respecte le code de la route ? Si on fait une filoche, il faut qu'on s'arrête sagement au feu orange ? Si on intervient sur une agression, il faut qu'on paye d'abord le parcmètre ? On marche sur la tête! ». Pour une fois au moins, voici les syndicats unanimes.
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