Paris: le trafic déborde sur les voies sur berge
Il ne faut pas désespérer. Si nos élites n'arrivent pas à comprendre en étudiant leurs livres ou en compulsant leurs dossiers, ils arrivent à entre-apercevoir les conséquences de leurs actes dans la pratique. Ainsi, nos caciques ont appris aujourd'hui le principe des vases communicants. Vider d'un côté et vous aurez plus de l'autre. Ainsi en est-il de la circulation sur les voies sur berge à Paris. Marquée par une accablante aggravation de la circulation.
L'enfer est pavé de bonnes intentions. Pour des raisons écologiques, la Mairie de Paris a fermé à la circulation les voies sur berge rive droite. Sans vraiment proposer de solutions de rechange. Si bien que ladite circulation s'est reportée ailleurs. Résultats ? Il est donné dans un rapport commandé par Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France à un comité d'experts indépendant. Celui-ci est chargé du suivi de l'évolution du trafic depuis la fermeture très controversée de la berge aux automobilistes, depuis septembre dernier, et d'en publier chaque mois les résultats.
Les résultats les voici : aux heures de pointe le soir, le temps de parcours a augmenté de 16 % du côté de Vélizy (Yvelines) sur la rocade de l'A86. Il est en progression de 22 % sur le même axe entre Thiais et Créteil (Val-de-Marne). Dans ce secteur, la situation est plus critique le matin, avec une aggravation de 28 %.
Déjà saturé aux heures de pointe, le périphérique accuse, quant à lui, des embouteillages plus lourds surtout à l'ouest de Paris. Sur certains tronçons, le temps de parcours le soir est plus long de 11 %, voire de 20 %. Le matin, la perte de temps supplémentaire derrière un volant peut même aller jusqu'à 25 %.
Dans Paris, la piétonisation a sérieusement congestionné le trafic. Celui-ci a parfois progressé de 51 % sur une partie des quais hauts, où se sont reportés en grand nombre les automobilistes depuis la fermeture de la voie basse. Ces derniers doivent alors prendre leur mal en patience avec neuf minutes de plus de trajet le soir, soit une hausse de 135 %. Sur le boulevard Saint-Germain, autre axe de report, le trafic a, sur certaines parties, fait un bond supplémentaire de 21 %, soit 7 minutes supplémentaires derrière le volant à attendre.
Les experts soulignent aussi que d'autres rues, bien plus éloignées des berges, sont affectées par cette piétonisation. C'est le cas de la rue de la Convention, dans le XVe arrondissement, où les riverains s'exposent à plus de 25 % de trafic routier supplémentaire.
Pire, les experts ont questionné les services des urgences sur leur temps de transport. La plupart d'entre eux notent qu'ils arrivent en général une minute plus tard par rapport à 2015. Une minute précieuse, car elle équivaut à 10 % de perte de chances de sauver une personne victime d'un arrêt cardiaque. Autant de données distillées dans le quotidien Le Figaro.
Comme première réponse, l'édile de Paris Anne Hidalgo a fait savoir que la Région n'a pas compétence en ce domaine. Contestant les données sur la banlieue, l'équipe de la Mairie indique que les chiffres dans Paris sont toujours en dessous des études d'impact. Qui devaient être sacrément élevées au vue de ce qui précède.
On rappellera que trois autres observatoires ont été mis en place pour étudier les effets de cette piétonisation décidée sans concertation. À côté de celui de la Ville, se trouvent ainsi celui de la préfecture de Paris et celui de la Métropole du Grand Paris.
Un dernier élément pour la route : les nuisances sonores. Celles-ci ont été multipliées par deux, notamment la nuit, sur une partie des quais hauts.
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