Moto GP - 2012: En l'état l'Aprilia de Randy de Puniet pose problème
Les faits sont là, le Moto GP, ces dernières années, n'a fait que tomber de Charybde en Scylla. Au point de se retrouver, en vue de la saison 2012, avec un plateau aux airs de cimetière de éléphants. En tout et pour tout, on n'y compte plus en effet que douze motos de trois constructeurs. Deux sont partis, Kawasaki et, récemment, Suzuki. Comme toute élite du sport mécanique, les Grands Prix s'étaient mis dans la main des usines dont les conseils d'administration n'exsudent ni la passion et encore moins la philanthropie. La crise économique s'installant durablement, la danseuse s'est retrouvée nue et la Dorna fort dépourvue une fois cette bise venue.
Se découvrant mortelle, celle-ci a réagi. L'influence du MSMA, l'association des constructeurs, a été mise sous l'éteignoir et les caciques espagnols, à qui la passive et intéressée FIM a délégué ses prérogatives, se sont mis au boulot. Pour sortir le « Claiming Rules Team ». Un CRT qui rassemblera pour l'instant des « Condamnés à Rester à la Traîne » face aux missiles officiels, mais qui sont la fondation de ce que sera le paddock de demain : Moto 3 à moteur quatre temps libre et châssis prototype, un Moto 2 uniforme en mécanique et aux cadres d'artisans éclairés, et un Moto 3 XXL baptisé Moto 1.
Ceci dit, pour le dernier cité, la voie technique est une boite de Pandore qui a été entrouverte par le team Aspar qui a mis Randy de Puniet sur une Aprilia RSV4 de Superbike. Avec d'ailleurs d'excellents résultats. Car le Moto 1 est un véritable clin d'oeil doublé d'un appel du pied au mondial des Flammini. Gigi Dall'Igna, l'incontournable de Noale, l'avait très vite dit : ses RSV4 étaient à disposition pour un peu plus d'un million d'euros, une proposition qui avait été jugée indécente par les décideurs qui s'étaient dépêchés de dire qu'une Moto 1 devrait avoir un châssis prototype.
Oui mais c'est quoi un « prototype » ? Aucun critère n'est précisé dans le règlement CRT. Si bien que Noale peut se friser sous les yeux attentifs de ses collègues en Superbike alors que Suter et consorts s'annoncent déjà comme les dindons de la farce. Avec, peut être aussi, les constructeurs encore en place en Moto GP qui risquent de voir arriver un concurrent avançant masqué avec l'image du politiquement correct, à l'investissement moindre, et avec des facilités du genre un réservoir de 24 litres au lieu de 21 et 12 moteurs plutôt que 6 à la saison.
Alors certes, au vu de la conjoncture, le CRT est incontournable. Mais ce nouveau venu devra jouer des coudes pour trouver sa place dans le milieu et ce d'autant plus que son règlement laisse supposer qu'il fera de gros dégâts collatéraux. Le monde de la compétition vient de créer une nouvelle discipline : la course pour la survie.
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