Massacre à la tronçonneuse : des voitures de cauchemar
À l'occasion de la sortie sur Netflix d'un énième remake, retour sur le film OVNI bricolé en 1974 par Tobe Hooper. Un bricolage et un manque de temps, comme de budget qui a fait, involontairement, de Massacre à la tronçonneuse un film mythique et souvent considéré comme un chef d'œuvre. Dans ce long métrage, l'automobile amène les protagonistes vers le désastre, mais elle leur permet aussi de s'en échapper.
Prequel, sequel ou remake, il aura tout connu, jusqu’à ces 9e avatar disponible aujourd’hui sur Netflix. Mais pour beaucoup, il n’y a qu’un Massacre à la tronçonneuse, celui que Tobe Hooper a réalisé il y a 48 ans avec sa bande de jeunes texans furieux. C’est en 1974 qu’est apparu sur les écrans, du moins sur ceux qui l’ont autorisé, ce curieux Ovni cauchemardesque devenu chef-d’œuvre d’une manière partiellement involontaire.
Car ce qui fait le style très particulier de ce long-métrage, réside dans son côté reportage fauché. Le metteur en scène disposait de 140 000 dollars pour le réaliser, soit dix fois moins qu’un film américain très moyen. Il en résulte une grande économie de matériel, et de temps de tournage. D’où des effets spéciaux réduits au minimum vital, d’où aussi, l’air hagard des comédiens, tous débutants, épuisés par un tournage à 100 à l’heure. D’où surtout, cet effet vécu et direct, sans les fioritures distrayantes des films d’horreurs classiques des suites de cette franchise.
Mais si tous les films fauchés étaient des chefs-d’œuvre et remplissaient les salles, les blockbusters Marvel ne coûteraient pas 200 millions de dollars. Il faut un ingrédient supplémentaire : du talent. Et Tobe Hooper, disparu il y a quatre ans, n’en manquait pas. Son film n’est destiné qu’à une chose : effrayer le spectateur sans s’encombrer des effets de surprises, des nuits noires et des manoirs hantés dignes de Disneyland. Et il y réussit parfaitement, en tournant le jour et sur des routes ensoleillées. Des routes texanes ou les voitures jouent plus qu’un rôle : elles poussent les protagonistes vers le cauchemar, mais elles les aident aussi à en ressortir.
Un van presque semblable à celui de Scooby-Doo
Au début, une bande de cinq étudiants se retrouvent à bord d’un van Ford Club fatigué pour traverser le Texas. La camionnette qui les emmène au bout de l’horreur est curieusement très proche de celle de la série de dessins animés Scooby-Doo, ou le van emporte les héros vers un destin beaucoup plus joyeux. On ne saura évidemment jamais si Hooper a songé au van psychédélique du chien sympathique et peureux, toujours est-il qu’il a sévi sur les écrans télé du monde entier à la même période.
Mais revenons à nos tronçonneuses, les 5 étudiants en goguette vont évidemment se faire tuer à coups de marteau, découper à coups de tronçonneuse ou empaler sur un croc de boucher. À la fin du film, la seule survivante parvient à se sauver et, alors qu’elle court sur la route, elle est sauvée par un brave homme et son pick-up Chevrolet C10. Vraiment sauvée ? Pas question de spoiler la toute fin du film pour les quelques très rares lecteurs qui ne l’auraient pas vu.
De nombreux spécialistes du cinéma ont décortiqué Massacre à la tronçonneuse jusqu’à l’outrance, louant ses qualités subversives post-guerre du Vietnam, entre autres. Le film, devenu objet iconique a influencé tout le cinéma de genre des cinquante dernières années. Il a d’ailleurs été sélectionné à la quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes 1975 et se retrouve aujourd'hui au Moma (musée des arts modernes de New-York) comme l’un des symboles artistiques contemporains.
Mais aucun de ces experts n'aura noté que dans son film, Tobe Hooper a utilisé l'automobile dans ses deux usages les plus extrêmes. L'auto est dénoncée puisqu’elle conduit à la violence, mais elle redonne aussi de la liberté. Le van Ford amène les protagonistes vers le désastre et le pick-up Chevrolet sauve la seule survivante d'une mort atroce.
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