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Maserati Quattroporte V (2003-2012) : la super-berline qui a une âme, dès 16 000 €

Dans Rétro / News rétro

Stéphane Schlesinger

Nantie d’un V8 d’origine Ferrari, d’une carrosserie Pininfarina et d’un châssis très évolué, la Quattroporte est un concentré d’excellence à l’italienne, sans pour autant se montrer très chère en occasion. Il faut toutefois bien l’acheter.

Maserati Quattroporte V (2003-2012) : la super-berline qui a une âme, dès 16 000 €

Les collectionnables, c’est quoi ?

Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !

Pourquoi la Maserati Quattroporte V est-elle collectionnable ?

Magnifiquement dessinée par Pininfarina, la Quattroporte V bénéficie aussi d’un excellent châssis qui la rend étonnamment plaisante en conduite sportive : c’est certainement la meilleure de toute la lignée. Surtout, elle reçoit un fabuleux V8 atmosphérique d’origine Ferrari, gage d’une sonorité et de performances exceptionnelles. Lui succédera une Quattroporte VI bien moins musicale et amusante.

La Quattroporte, c’est la première berline à associer grand luxe et moteur de course, du moins avec succès. Lancée en 1963, elle a connu le succès, donc, Maserati n’a jamais cessé de lui donner des descendantes. La quatrième, lancée en 2003, n’est pas la moins intéressante. Au contraire ! Placé sous le contrôle de Ferrari depuis 1997, le constructeur de Modène dispose de facilités financières et techniques qui lui ont auparavant souvent fait défaut. Aussi pour la Quattroporte est-il possible de développer une toute nouvelle plate-forme modulaire dans laquelle le moteur s’installe à l’avant et la boîte à l’arrière, pour une répartition idéale des masses. Pour la carrosserie, c’est une très célèbre maison italienne qui a été retenue : Pininfarina.

La Quattroporte V grandit sensiblement face la IV qu’elle remplace : elle frise les 5 mètres de long.
La Quattroporte V grandit sensiblement face la IV qu’elle remplace : elle frise les 5 mètres de long.

Elle n’avait plus travaillé avec Maserati depuis les années 50 ! Et pour la Quattroporte 5, elle s’est surpassée. Ligne fluide et élégante aux faux airs de coupé, équilibre des volumes impeccable, subtiles références au passé… Elle fait sensation ! Sous le capot, on retrouve le V8 d’origine Ferrari monté dans le coupé 4200 GT, un magnifique 4,2 l atmosphérique de 400 ch sortant des fonderies de Maranello. Il s’accouple à une boîte robotisée mono-embrayage DuoSelect, un système alors très à la mode. Pour sa part, la suspension à ressorts hélicoïdaux recourt à des doubles triangles complétés d’amortisseurs pilotés Skyhook.

Raffinée, belle, luxueuse et moderne, la Quattroporte se rallie bien des suffrages. Vendue 103 700 € (environ 125 700 € d’aujourd’hui), elle se révèle même raisonnablement excessive, surtout qu’à 275 km/h, c’est l’une des berlines les plus rapides du monde ! À ce prix, le cuir, la clim bizone ou encore le GPS sont de série. Les ventes décollent bien, et, confiant, le constructeur offre, fin 2005, deux nouvelles finitions à sa berline. La Sport GT, typée dynamisme, et l’Executive GT, typée luxe avec ses tablettes aviation en bois, s’ajoutent au modèle standard dans la gamme.

En 2005, la Quattroporte gagne une version Sport GT aux jantes de 20 pouces.
En 2005, la Quattroporte gagne une version Sport GT aux jantes de 20 pouces.

La boîte robotisée, parfois brutale, ne plaît pas exagérément aux Américains, aussi, en 2007, on installe sur la Quattroporte une unité automatique, la ZF 6HP26 qui fait déjà des merveilles chez BMW ou encore Jaguar. Seulement, elle s’implante à l’avant, ce qui modifie quelque peu la répartition des masses et pas dans le bon sens. Qu’importe, elle profite aux ventes. Début 2008, produite à près de 15 000 unités, la Maserati bénéficie d’une belle évolution. Sur les 16 500 éléments qui la composent, 4 800 sont inédits : face avant redessinée, disparition de la boîte robotisée, gamme complétée par nouveau moteur 4,7 l, développant 430 ch en version S et 440 ch en GTS. Elle tire sa révérence début 2013, après que quelque 6 000 exemplaires restylés sont sortis de l’usine de Modène. Jolie réussite pour Maserati !

Une ligne tout en sobriété, même à l’arrière. Notez la signature Pininfarina sur l’aile avant. Ici en 2003.
Une ligne tout en sobriété, même à l’arrière. Notez la signature Pininfarina sur l’aile avant. Ici en 2003.

Combien ça coûte ?

Relativement présente sur le marché, la Quattroporte V se déniche à des tarifs très attractifs compte tenu de son luxe, ses performances et son exclusivité. 16 000 € suffisent à s’offrir une phase 1 DuoSelect en bon état, avoisinant les 150 000 km. À 18 000 €, on en dégotte qui totalisent moins de 100 000 km. Pour une automatique, plus recherchée, ajoutez un minimum de 3 000 €. Les phases 2 sont disponibles dès 21 000 € en 4,2 l à fort kilométrage, plus de 150 000 km, une 4,7 réclamant 3 000 € supplémentaires. Pour un exemplaire de 80 000 km, comptez 30 000 € en 4,2 l et 33 000 € en 4,7 l, les plus chères, des GTS, avoisinant les 40 000 € avec moins de 50 000 km compteur. À noter que les valeurs pour les exemplaires de moins de 100 000 km ne baissent plus depuis quelques années !

En 2008, la Quattroporte modifie son nez et adopte un V8 4,7 l dans ses versions S et GTS.
En 2008, la Quattroporte modifie son nez et adopte un V8 4,7 l dans ses versions S et GTS.

Quelle version choisir ?

En phase 1, l’automatique est à privilégier en raison de sa meilleure fiabilité, mais dynamiquement, la DuoSelect garde l’avantage. Mais c’est en phase 2 que la Quattroporte satisfait le plus, surtout en 4,7 l. Préférez la S à la GTS car avec ses jantes plus petites, elle offre un comportement routier plus homogène, et préserve son confort.

La GTS profite de 10 ch supplémentaires, de jantes agrandies et d’une suspension affermie face à la S. Elle est plus efficace mais perd en homogénéité dynamique.
La GTS profite de 10 ch supplémentaires, de jantes agrandies et d’une suspension affermie face à la S. Elle est plus efficace mais perd en homogénéité dynamique.

Les versions collector

Ce seront les plus récentes, en GTS, avec un maximum d’options et à très faible kilométrage.

Le V8 profite d’une distribution à chaînes, ce qui simplifie la maintenance, surtout qu’elles sont situées à l’avant du bloc et non contre la boîte de vitesses, comme chez Audi ou BMW…
Le V8 profite d’une distribution à chaînes, ce qui simplifie la maintenance, surtout qu’elles sont situées à l’avant du bloc et non contre la boîte de vitesses, comme chez Audi ou BMW…

Que surveiller ?

Faisant mentir la réputation des Maserati de cette époque, la Quattroporte est une auto solide et bien conçue. Elle ne souffre donc d’aucune tare particulière mais demande un entretien très rigoureux pour rester fiable. Et ça coûte cher. Vers 80 000 km, l’embrayage des DuoSelect est souvent à remplacer, ce qui revient à près de 3 000 €. Peu après, il faudra renouveler les triangles de suspension avant, dont les silentblocs seront usés, alors que les amortisseurs pilotés sont à près de 1 000 € pièce. L’hydraulique de la boîte robotisée cède parfois, une avarie onéreuse.

Côté moteur, les déphaseurs d’arbres à cames connaissent des défaillances, ce qui n’est pas immobilisant ni très compliqué à résoudre, contrairement aux fuites sur la crémaillère de direction, surtout avant 2006. Enfin, vérifiez bien toutes les fonctions électriques, les bugs n’étant pas si rares.

Au volant

Une Quattroporte automatique en 2007 : elle gagne nettement en douceur de conduite face à la Duoselect.
Une Quattroporte automatique en 2007 : elle gagne nettement en douceur de conduite face à la Duoselect.

J’ai pu conduire une 4,2 l auto de 2007 et une S de 2009. La première, neuve, a développé au cours de l’essai un bruit parasite particulièrement agaçant dans la porte arrière gauche : si les matériaux sont de qualité, l’assemblage reste perfectible. Mais à part ça, quel bonheur ! À lui seul, le son du V8 transforme n’importe quel lundi pluvieux en jour de fête. Il chante fort et juste, tout en offrant à la voiture de très belles performances. La boîte ZF ? Elle le complète parfaitement, douce, rapide et réactive. Si mécaniquement, l’agrément est total, il en va de même côté châssis. Direction précise, équilibre remarquable, amortissement quasi parfait : voici une limousine efficace, leste et très confortable.

Les parements en fibre de carbone sur cette Sport GT de 2007 améliorent l’aspect du tableau de bord.
Les parements en fibre de carbone sur cette Sport GT de 2007 améliorent l’aspect du tableau de bord.

Mais en 4,7 l S, c’est mieux encore. Certes, on aurait aimé que le tableau de bord soit modernisé, mais pour le reste… La symphonie mécanique atteint son apogée, le moteur pousse bien plus fort et surtout, sur les petites routes, cette machine trompe tous les pronostics. Elle se révèle agile comme une petite sportive, et au lieu de secouer sur les aspérités, elle les absorbe avec dextérité. Quelle partie cycle !

C’est en 4,7 l S que la Quattroporte prodigue le meilleur agrément de conduite. Ici en 2009.
C’est en 4,7 l S que la Quattroporte prodigue le meilleur agrément de conduite. Ici en 2009.

En sus, elle excelle à informer son pilote sur ce qu’elle fait, et se laisse cravacher tandis que le V8 hurle sa joie. Face au chrono, en ligne droite, elle se laisse déposer par une BMW M5 E60 par exemple, mais prend sa revanche dans le sinueux et surtout, procure un agrément permanent. Cette grande berline a une âme, et ça, c’est juste unique !

Quant à la consommation, comptez 14 l/100 km en moyenne, et 20 l/100 km si vous attaquez un peu.

L’alternative youngtimer

Maserati Quattroporte AM330 (1979-1990)

Elle ne manque pas de prestance, la Quattroporte III signée Giugiaro. Ici en 1982.
Elle ne manque pas de prestance, la Quattroporte III signée Giugiaro. Ici en 1982.

Sous sa carrosserie anguleuse signée Giugiaro, cette Quattroporte, de 3e génération, cache le V8 Maserati traditionnel, dont les origines remontent à la 450S de course ! Codée AM330, elle dérive en réalité de la De Tomaso Deauville, elle-même très inspirée de la Jaguar XJ6 jusque dans ses trains roulants.

Pourtant, si la Maserati est dévoilée en 1976, elle n’est commercialisée qu’en 1979, les finances flageolantes du constructeur ralentissant sa mise au point. Elle n’est vendue en France qu’en 4,9 l (280 ch), avec au choix une boîte 5 manuelle ou une automatique à 3 vitesses. Sûre, spacieuse, extrêmement confortable et performante (220 km/h), elle se vend très correctement malgré son poids et son prix délirants. Malheureusement, le Trident se concentrant sur la petite Biturbo, elle évoluera peu, ne bénéficiant que d’un léger restylage accompagné d’une finition plus luxueuse en 1986 dénommée Royale. Elle quitte la scène en 1990, produite à 2 145 unités. Pas si mal !

Maserati Quattroporte 4,2 l automatique (2007), la fiche technique

Spacieux et luxueux, l’habitacle de la Quattroporte est un endroit magique pour voyager, même en phase 1 comme ici.
Spacieux et luxueux, l’habitacle de la Quattroporte est un endroit magique pour voyager, même en phase 1 comme ici.
  • Moteur : 8 cylindres en V, 4 244 cm3
  • Alimentation : injection
  • Suspension : doubles triangles, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV et AR)
  • Transmission : boîte 6 automatique, propulsion
  • Puissance : 400 ch à 7 000 tr/mn
  • Couple : 460 Nm à 4 250 tr/mn
  • Poids : 1 990 kg
  • Vitesse maxi : 270 km/h (donnée constructeur)
  • 0 à 100 km/h : 5,6 s (donnée constructeur)

> Pour trouver des annonces de Maserati Quattroporte, rendez-vous sur le site de La Centrale.

Sur les phases 1, on peut obtenir cette console centrale arrière comportant un lecteur DVD. La banquette arrière à réglages électriques et chauffante est aussi disponible.
Sur les phases 1, on peut obtenir cette console centrale arrière comportant un lecteur DVD. La banquette arrière à réglages électriques et chauffante est aussi disponible.
Sur les phases 2, les écrans migrent dans les dossiers de sièges avant. Ça fait envie, hein ?
Sur les phases 2, les écrans migrent dans les dossiers de sièges avant. Ça fait envie, hein ?

En savoir plus sur : Maserati Quattroporte 5

Maserati Quattroporte 5

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