Les tops/flops de la rédaction (8/14)
La fin d’année est l’occasion de jeter un coup d’œil dans le rétro. Chaque jour pendant cette période des fêtes, les journalistes de la rédaction de Caradisiac vous font part de leurs enthousiasmes et de leurs coups de griffes. Aujourd’hui, Alan, journaliste-essayeur, vous donne son top/flop 2022.
Mon Top : la Toyota GR86 et ses plaisirs simples…
On n'attendait pas cela de Toyota, même si la marque japonaise avait donné naissance à la GT86 en 2012, en collaboration avec Subaru. En fait, on n'y croyait plus du tout, aux petites sportives simples et efficaces, et pour cause : même les petites GTI "polluantes mais pas trop" disparaissent peu à peu des catalogues.
Résignés, on s'était habitués à ne plus voir débarquer que des hybrides et électriques de tous poils. Certains confrères et responsables communications de firmes renommées étaient même quasiment parvenus à nous convaincre que des véhicules à émissions faibles voire nulles pouvaient être aussi sensationnels que des thermiques "à l'ancienne". Et ce d'autant plus que la fée électricité a le pouvoir de transformer n'importe quel mulet en cheval de course. La preuve : Kia propose désormais jusqu'à 600 ch avec son EV6 GT, alors que sa Stinger à moteur V6 plafonnait à 370 ch…
Mais c'est pourtant le spécialiste de la mobilité verte qui nous le rappelle : le plaisir de conduire, c'est avant tout un moteur 100 % thermique, et éventuellement une boîte de vitesses qui a besoin de l'intervention d'un chauffeur pour trouver les bons régimes. Et si l'ensemble est placé dans le sens de la longueur pour entraîner les roues arrière, avec pour intermédiaire un différentiel autobloquant favorisant la motricité, toutes les cases sont cochées.
La nouvelle Toyota GR86, c'est tout ça et plus encore : dimensions réduites, moteur à plat réduisant le centre de gravité, poids inférieur à 1,3 tonne (avec une répartition de 57 % à l'avant et 47 % à l'arrière !), 234 ch, 7 500 tr/mn maxi, la fiche technique fait saliver tous les passionnés. Et les bonnes surprises continuent à bord avec une excellente position de conduite, des sièges enveloppants et un levier de vitesses qui tombe idéalement sous la main. N'en jetez plus ! Dans la pratique, la recette assure d'excellentes accélérations (0 à 100 km/h en 6s3) et une agilité exceptionnelle en virage, avec notamment un train avant réactif et accrocheur (merci au Michelin Pilot Sport 4 en 215/40 R18), des mouvements de caisse maîtrisés et un train arrière qui pivote progressivement au lever de pied et relance de plus belle en sortie de courbe. Banane garantie !
Bien sûr, le flat 4 paraît toujours un peu creux à bas régime malgré sa cylindrée de 2.4, faute de turbo. Et le malus de 16 950 € fait vite oublier un tarif plutôt amical de 33 900 €, voire la voiture tout entière. Mais le geste de la marque nipponne est beau. Il nous rappelle qu'en matière d'automobile, rien ne nous oblige à boire de l'eau : même avec des bulles, ça manque de fun, surtout en période de fête…
Mon Flop : des électriques incapables qui éclipsent des thermiques indispensables…
La nouvelle est passée quasi inaperçu, et beaucoup ne se sont pas sentis concernés. Mais pour de nombreuses familles à petit budget, la disparition des dérivés d'utilitaires thermiques (autrement appelés ludospaces) chez Citroën et Peugeot est trop prématurée, pour ne pas dire dramatique.
Comment les deux marques peuvent-elles affirmer que les modèles électriques peuvent assurer la pérennité des Berlingo et Rifter ? Encore faudrait-il que ces versions "zéro émissions" soient aussi bon marché que les thermiques, et capable de voyager autrement que par sauts de puces d'une borne de recharge à l'autre. Pas besoin d'être expert automobile pour imaginer qu'en l'état actuel des choses, ces deux modèles sont condamnés à court terme.
Désormais uniquement électriques, ces deux véhicules initialement très polyvalents sont à la fois chers et peu autonomes. Allez expliquer aux familles que l'avenir, c'est ça !
Pour rappel, au tout début 2022, un Berlingo coûtait 23 150 € en essence, 24 100 € en diesel. Un bon plan donc, pour les familles à la recherche d'espace et de bonnes prestations routières. Bien qu'un peu plus cher en raison de ses oripeaux de baroudeur, le Rifter naviguait dans les mêmes eaux. Et même en optant pour une version longue, le diesel de 130 ch et la boîte auto., le devis ne dépassait pas les 30 000 €, en comptant les remises de 10 à 20 % généralement accordées…
Quid de ces fameuses versions électriques ? Comptez de 29 300 à 33 500 € chez Citroën, en comptant le bonus de 6 000 € de 2022 (5 000 € en 2023). Et plus de version longue au catalogue, soit dit en passant. Et avec une batterie de eC4 et de e208 dans un si gros parpaing, n'espérez pas plus de 270 km dans la vraie vie. Sur autoroute ? Difficile d'en atteindre 160 avec 100 % de charge. Autrement dit, si vous chargez à 80 % pour ne pas perdre de temps à la borne (la puissance de charge chute au-delà), et prenez un peu de marge pour ne pas frôler la panne sèche, il faudra vous arrêter tous les 100 km et éviter de mettre le chauffage. Sympa les vacances au ski ! Et que va-t-on vous proposer chez Citroën et Peugeot pour remplacer votre familiale couteau suisse ? Un Citroën C5 Aircross ou un Peugeot 3008 ? Prévoyez, à la louche, entre 32 000 € (essence) et 37 000 € (diesel) avec un équipement correct. Et tant pis pour la perte d'espace ! Juste pour info, les Berlingo et Rifter thermiques trouvaient entre 10 000 et 20 000 clients chaque année en France.
Et là, on n'évoque que les petits dérivés d'utilitaire, mais les gros Citroën Space Tourer et Peugeot Traveller/Expert Combi sont également concernés…
Bien sûr, les autres marques proposent toujours des fourgons civilisés à moteur thermique, comme Renault et son Kangoo, VW avec son Caddy, Ford avec son Tourneo Connect. Mais pour combien de temps encore ?
Ce revirement soulève d'ailleurs tout un tas de question : le groupe Stellantis n'a-t-il pas ouvert une brèche dans laquelle vont s'engouffrer les autres firmes ? Jusqu'à quand le délire électrique va-t-il continuer ? N'a-t-on pas fini de snober les petits budgets ? Où est mon gilet jaune ? Bref, l'électrique jusqu'à plus soif, y en a marre !
Mon souhait pour 2023 : des coupés et cabriolets !
Davantage de voitures comme la GR86, et le retour des Berlingo et Rifter thermiques, forcément ! Plus sérieusement, j'aimerais également voir d'autres véhicules que des SUV. Personnellement, je les apprécie et reconnais leurs qualités. J'en ai même eu un à la maison pendant quelques années pour transporter ma grande famille (avec un V6 essence !). Bien évidemment, toutes les voitures étant désormais surélevées et dotées de protections de carrosserie pour suivre la tendance, on ne voit plus que cela, même si les constructeurs osent désormais des profils "fastback".
Mais il fut un temps où on savait dessiner autre chose, notamment des berlines élancées, des coupés, des cabriolets, des roadsters. Hélas, seules les marques prémium s'y essayent encore. Les marques généralistes elles, ont totalement délaissé ces segments qui, pourtant, portent la passion automobile. Je me suis fait la réflexion cet été : depuis que je n'ai plus quatre bambins à transporter, je roule en cabriolet. Eh bien, croyez-le ou non, mais les enfants de mes amis ont passé leurs vacances dans ma voiture, oubliant les 3008 flambant neufs et surpuissants (car hybrides) de leurs parents. Alors oui, j'aimerais revoir des carrosseries plus élancées et des découvrables. J'aimerais par exemple, que Peugeot lance vraiment son coupé e-Legend. J'aimerais que Mazda s'inspire de sa RX-8, j'aimerais que Renault décapsule sa Mégane E-Tech électrique. ça ferait briller les yeux des gamins, et les miens aussi…
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