Les prix des mandataires peuvent-ils rivaliser avec ceux des occasions récentes ?
En ce moment, les prix des voitures d'occasion sont au plus haut. Y compris ceux des occasions récentes. De quoi relancer le grand match entre une voiture neuve acquise par mandataire, et une occasion récente ? C'est justement ce que nous allons voir.
Le marché de l'occasion récente, on comprend bien ce que c'est. Il s'agit de voitures récemment mises en circulation, et qui sont revendues en tant qu'occasions, entre 6 et 12 après. Elles auront subi dans ce laps de temps en théorie une forte décote, ce qui permet parfois de faire de très bonnes affaires, en se portant acquéreur d'une auto presque neuve, à bon prix. En temps normal, les occasions récentes décotent entre - 10 et - 25 % par rapport à leur prix neuf, selon que l'on parle d'un modèle de 6 mois ou plutôt un an, et selon qu'il s'agisse d'un modèle premium ou généraliste.
Mais il existe un autre moyen de faire une bonne affaire à l'achat : passer par un mandataire. À l’origine, les mandataires étaient "mandatés" par leurs clients, d'où leur nom, pour trouver un véhicule convenu, moins cher, le plus souvent en allant l'acheter dans un pays étranger de l'Union européenne. Là où les prix hors taxes étaient les plus intéressants (Espagne, Portugal, pays nordiques, etc.). Un métier qui a beaucoup évolué.
En effet, les mandataires aujourd'hui, s'ils vont toujours chercher quelques voitures sur d'autres marchés européens, vendent une très grande majorité de voitures de provenance françaises. Beaucoup aident en fait les concessionnaires français à écouler leurs stocks et à toucher les primes de vente. Et ils négocient en conséquence des tarifs imbattables, qu'ils répercutent à leurs propres clients.
Mais est-ce suffisant pour être plus intéressant que l'occasion récente ? Le match a toujours été serré. Et en ce moment, la conjoncture fait que les véhicules d'occasion manquent sur le marché, ils sont donc chers, car ils décotent moins. Cela dit, dans le même temps, les constructeurs ne bradent plus comme avant, tout simplement parce que eux non plus n'arrivent pas à livrer à tous leurs clients. Ils manquent de voiture et le client n'est plus en position de force pour négocier quand un véhicule est disponible. Cela rejaillit donc aussi sur les mandataires.
Pour en avoir le coeur net, nous avons sélectionné quelques modèles parmi les meilleures ventes sur le marché hexagonal. Et nous avons comparé les prix pour les occasions de moins d'un an, versus les prix proposés par les plus gros mandataires ayant pignon sur rue, à savoir Élite Auto, Aramis, Automobile JM, Auto IES, Autolisa et dans une moindre mesure Stallion motors, M-Import et Gaillard auto...
MANDATAIRES VS OCCASIONS RÉCENTES : LES MATCHS
Peugeot 208
Commençons par la star du marché français, la Peugeot 208, meilleure vente 2021 et depuis le début de l'année 2022.
Chez les mandataires, on la trouve jusqu'à - 14 % sous le prix du neuf, que ce soit en essence ou en diesel. Soit au mieux jusqu'à 4 000 € de gagné, sur les finitions hautes.
Sur le marché de l'occasion récente, les meilleures offres, qui ne concernent que quelques dizaines d'autos, se situent entre - 13 % et - 18 %, les meilleures offres se faisant sur les plus hautes finitions. Certains exemplaires en vente sont des "occasions 0 km", ce qui les place à égalité en matière de kilométrage avec les offres des mandataires. Mais la moyenne de décote est plus faible que pour ces "meilleures affaires", entre - 8 % et - 11 %.
Verdict : les meilleures affaires, rares, sont plus intéressantes que les offres des mandataires, parfois pour un kilométrage proche de zéro. Mais en moyenne, les mandataires sont plus intéressants.
Citroën C3
Ensuite, prenons la Citroën C3, qui grimpe depuis le début de l'année 2022 sur la seconde marche du podium des ventes, même si elle était 5e en 2021.
Chez les mandataires, on peut la trouver entre - 6 % chez les moins agressifs, et - 16 % chez les plus intéressants. Des prix qui reflètent bien une hausse des tarifs, ou plutôt, une baisse des remises, car la C3 pouvait se trouver couramment sous les - 20 % il y a 1 ou 2 ans. Les diesels sont en moyenne 2 % remisés en plus par rapport aux essence.
En occasion récente, la C3 apparaît comme ayant moins de succès que la 208. En effet, on peut la trouver jusqu'à - 25 % sous le prix du neuf, pour une version restylée 1.2 83 ch Feel par exemple, et couramment à - 20 %. Idem sur une version plus huppée 1.2 110 ch Shine, avec des meilleures offres à - 26 % et - 21 % assez facilement. Même si les décotes moyennes sont moins intéressantes, soit autour de - 16 %. Ca c'est pour l'essence. En diesel, on trouve aussi du - 25 % en prix plancher, et - 13,5 % en moyenne. Preuve que pour la C3, le diesel a encore de l'attrait en occasion, sinon il serait bien moins cher.
Verdict : pour la C3, si vous vous précipitez sur les meilleures offres, ou que vous négociez bien les autres, l'occasion récente est plus intéressante.
Renault Clio 5
On continue avec la Renault Clio 5, qui talonnait la 208 en 2021 et qui est 3e depuis le début de l'année. Elle était traditionnellement très remisée, cette Clio, avec des offres mandataires qui sont allées jusqu'à pas loin de - 32 % sur la Clio 4. Mais la Clio 5 est moins bradée. Les meilleurs mandataires la proposent à - 24 %, pour des modèles de provenance non française. Sinon, on est entre - 6 % pour les versions hybrides, et - 22 % pour les petits moteurs essence dont personne ne veut (SCe 65 ch). En moyenne, c'est - 14 % à - 16 %.
De l'autre côté, sur le marché de l'occasion récente, les prix jouent aux montagnes russes. En diesel, pour commencer, les meilleures offres sont à - 26 % sur les 1.5 Blue dCi 115 Intens, - 22 % sur les 1.5 Blue dCi 85 Zen. En moyenne, c'est plutôt - 16 %.
En essence, les "best offer"* sont à - 28 % ! Sur les petits moteurs dont personne ne veut, même phénomène de braderie que chez les mandataires. Mais même sur un 1.0 TCE 90 Intens, on peut faire des affaires à - 25 %. Ces prix extrêmes cachent une moyenne plus proche des - 14 % cependant, pour des modèles qui sont en majorité des "occasions 0 km" ! Donc comparables aux offres mandataires.
Verdict : hors exception, les occasions récentes, surtout si on négocie les prix, ce qui est difficile en ce moment, mais pas impossible, sont plus intéressantes que les offres mandataire, d’autant plus que beaucoup de modèles n'ont eux aussi jamais roulé.
Peugeot 2008
C'est le premier SUV en termes de ventes sur le marché français en 2022, et il garde sa 4e place par rapport à 2021. Nous avions déjà étudié le marché de l'occasion récente quand il y a débarqué, en concluant qu'il décotait très peu. Est-ce toujours le cas aujourd'hui ?
En tout cas, chez les mandataires, il n'est pas bradé. En effet, on observe des rabais compris entre
- 11 % et - 14 % maximum. Ce n'est pas ridicule, mais ce n'est pas autant que sur une Clio.
Sur le marché de l'occasion de moins d'un an, le 2008 a de nombreux adeptes manifestement, car il décote très très peu. Ainsi, une version 1.2 Puretech 100 Active ou Active Pack se trouve au mieux à - 15 %, un Puretech 130 au mieux à - 17 % en finition haute GT, sinon - 14 %. Mais ce sont des tarifs plancher, la moyenne, elle, se situe plutôt autour de - 8 %/- 9 %. Et certains exemplaires très récents et affichant 10 km, se monnayent le prix du neuf ou presque.
En diesel, les meilleures offres se situent à - 14 % aussi. Avec une moyenne autour de - 7 %. Incroyable.
Verdict : le 2008 a un succès fou en occasion, qui maintient des cotes incroyables pour un modèle généraliste. De fait, les offres des mandataires apparaissent du coup comme attractives, et sans avoir à négocier.
Dacia Sandero
Nous faisons l'impasse sur les Peugeot 3008 et Renault Captur, qui suivent le 2008 dans le hit-parade des ventes, pour nous intéresser à la Dacia Sandero. Elle était 3e vente en 2021, marque le pas un peu en 2022 (7e). Mais son cas est intéressant, car on sait que Dacia ne brade jamais ses modèles. Les mandataires arrivent-ils à proposer quelques rabais ?
Eh bien, la réponse est non. Déjà, la plupart ne propose pas la marque dans leur offre, certains ne proposent que le Duster. Pour ceux qui proposent la Sandero, on s'aperçoit que le rabais est tout simplement de 0 %, avec parfois une option négociée. Mais c'est tout.
En occasion récente, c'est bien simple, la règle est de vendre l'occasion récente au prix du neuf. Ou bien, encore plus cher ! Car il existe une certaine forme de spéculation sur ce modèle à succès. Autant, si vous le pouvez, s'armer de patience et payer le prix officiel, non ?
Verdict : ni mandataire, ni occasion récente. Enfin si, puisque l'occasion récente peut s'avérer plus chère que le neuf, autant acheter à un mandataire, s'il a l'auto en stock et qu'elle vous convient. Ou bien commander directement en concession, mais avec un délai de livraison assez long en perspective.
LE BILAN
- Mandataires : 2
- Occasion récente : 2
- Match nul : 1
Aux points, impossible de départager mandataires et occasion récente, avec 2 points pour chacun, et un match nul. Le bilan aurait peut-être été différent si nous avions continué l'exercice jusqu'à la dixième place du hit-parade des ventes, mais ce qu'il faut retenir, c'est que face à la flambée des prix sur le marché de l'occasion, les mandataires peuvent redevenir attractifs pour un achat. Ils l'ont toujours été si on les comparaît aux concessionnaires traditionnels, ils peuvent, en ce moment (car tout cela est très conjoncturel) l'être face à l'occasion de moins d'un an. Avec pour avantage de proposer des autos dont aucune n'a roulé, ce qui n'est pas le cas des occasions récentes, sauf les occasions 0 km (qui sont assez nombreuses toutefois). Et donc d'avoir une garantie complète dans sa durée.
Le maître mot est au final plus que jamais : comparer ! Surtout en cette période. Et si la différence de rabais par rapport au prix neuf n'excède pas 5 %, le mandataire peut s'envisager. Au-delà, l'occasion récente reprend le dessus car le rabais supplémentaire aide à faire passer les kilomètres déjà éventuellement parcourus.
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