Les "kits E85" seront homologués en avril prochain : de quoi booster ce carburant plus "écolo" ?
Le bioéthanol (E85) représente 1 % de la consommation de carburant aujourd'hui, avec un parc roulant de 71 000 voitures. Mais un arrêté, qui prévoit l'homologation officielle des boîtiers de transformation, pourrait donner un coup de fouet à ce combustible. Il est en effet très avantageux. Explications.
Dans la liste des "carburants" alternatifs moins polluants, on trouve bien sûr l'électricité, qui n'est pas un carburant en soi, mais une énergie, l'hydrogène (piles à combustibles), le GPL (tombé en désuétude depuis l'arrêt des aides à l'achat) mais aussi les biocarburants. Dont le bioéthanol.
Aujourd'hui, ce sont 71 000 véhicules (une estimation) qui roulent avec tout ou partie de ce carburant dans le réservoir. Dans le détail, 31 000 sont équipés en première monte. Par exemple des Renault Mégane, Kangoo, Scénic ou Laguna, des Dacia Logan, Duster ou Sandero, des Ford Focus, Mondeo, des Saab 9.3, qui ne sont plus équipés aujourd'hui en première monte. Et des Volkswagen Golf et Jeep Grand Cherokee, seuls véhicules vendus aujourd'hui en neuf avec la possibilité de rouler à l'E85. Ils sont dits "flexfuel", c’est-à-dire qu'ils peuvent rouler au choix avec du SP 95, du SP98, du SP E10 ou de l'E85, grâce à un boîtier qui modifie les réglages du moteur selon le carburant.
Mais ce sont aussi 40 000 voitures, selon le syndicat national des producteurs d'alcool agricole (SNPAA), qui disposent d'un boîtier posé en deuxième monte, en marge de toute réglementation, celle-ci étant inexistante. En gros, tout un chacun peut poser un boîtier, mais sans aucune reconnaissance.
Des avantages fiscaux et financiers
Car le bioéthanol, installé en première monte, permet de bénéficier de certains avantages. Outre un carburant très peu cher (presque 50 % moins cher que le SP95), ils bénéficient d'un abattement de 40 % sur leurs émissions de CO2 pour le calcul du malus. Et ils font aussi partie des véhicules dits "peu polluants par construction", qui ne sont pas soumis aux restrictions de circulation en cas de circulation alternée. Dernier avantage, la "surtaxe CO2" due par les véhicules dont les émissions dépassent les 200 g par km est réduite de 50 %.
L'arrêté en question, prévu pour la mi-avril 2017, permettra de mettre ces véhicules adaptés en seconde monte à égalité avec ceux équipés en première monte. Et c'est intéressant à plus d'un titre donc.
Il définira la procédure permettant d'homologuer ces boîtiers, ce qui permettra d'éviter la mise sur le marché de systèmes peu fiables ou diminuant la longévité des moteurs (du moins ceux-là ne seront pas homologués a priori). Il définira aussi une liste d'installateurs agréés.
Et il officialisera l'existence même de ces véhicules. Ainsi, plus de problème de recalage potentiel au Contrôle technique, et plus de souci de garantie constructeur caduque.
De plus, la carte grise sera modifiée pour intégrer ce changement de statut, et bénéficier de l'absence de restriction de circulation, et de la décote sur le CO2.
Par ailleurs, sujet important aujourd'hui, l'arrêté définira aussi si ces véhicules peuvent bénéficier de la vignette Crit'air de niveau 2, même s'ils ont été mis en circulation avant 2006.
Le SNPAA, enfin, insiste pour que les véhicules flexfuel, de première ou de seconde monte, soient exonérés de TVS (Taxe sur les véhicules de société) pendant 2 ans, comme les GPL et les GNV, qui en bénéficient lorsqu'ils émettent moins de 110 g de CO2 par km. Ce qui serait logique selon eux, l'E85 étant tout aussi peu polluant. Mais cet avantage reste encore hypothétique.
Un boîtier E85 amorti en 2 ans maximum
Rappelons pour finir que les véhicules Flexfuel consomment en moyenne 20 à 25 % de plus que ceux carburant au SP, ce qui réduit l'intérêt financier, sans l'annuler. Et que l'installation d'un boîtier coûte, hors pose, entre 400 et 1 000 € selon le SNPAA (et en moyenne 600 € selon nos propres observations, N.D.L.R.). Pour 13 000 km parcourus par an, soit un peu au-dessus du kilométrage moyen en essence, le gain financier est de 500 € par an sur le carburant. De quoi amortir un boîtier en 2 années maximum.
Donner un cadre légal à ces boîtiers E85, dont le circuit d'installation et de distribution est aujourd'hui sauvage, est une excellente chose. Cela devrait permettre de doper le développement de cette technologie, et de booster les ventes de ce carburant, qui possède des valeurs écologiques certaines. Pas la panacée évidemment, mais les rejets de CO2 sont tout de même bien diminués sur les véhicules équipés. De plus, avec l'avènement des biocarburants de 2e génération, plus de risque de tension concernant l'utilisation de terres arables pour la production de bioéthanol. Et des débouchés pour les producteurs locaux, situés en France.
Le nombre de stations distribuant de l'E85 est d'ailleurs en forte progression, avec 872 stations en 2016, contre 728 en 2015.
Source : avec autoactu.com
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