Les automobilistes feront les frais du budget 2025
L'INFO DU JOUR - Après les spéculations vient l'heure de la conclusion. Les grandes dispositions du budget 2025 sont désormais connues et, comme on le soupçonnait, l'aide à l'achat d'une voiture électrique devrait baisser et le malus appliqué aux thermiques va augmenter.
Crédit photo : BELPRESS/MAXPPP
La réalité est proche des prévisions. Le budget 2025 va tailler dans les aides à l’automobile à la hauteur des premières fuites déjà connues, mais pas plus. En fait le projet de loi de finances, dévoilé au soir du 10 octobre par le duo de Bercy, composé d’Antoine Armand, ministre de l’économie et Laurent Saint Martin chargé des finances publiques, reprend les grandes orientations prônées par Gabriel Attal à la fin de l’été.
Au programme donc, et comme prévu, le seuil de déclenchement du malus est abaissé, passant de 118 g / km à 113 dès le 1er janvier prochain. Ce qui, de facto, entraînera un passage à la caisse pour des petites autos qui, jusqu’ici, s’en tiraient sans la moindre augmentation de tarif. Nombre de citadines et de SUV urbains, les voitures les plus vendues en France, vont donc augmenter de 150 euros voir plus.
Un super-malus à 70 000 euros
À l’autre bout de la chaîne polluante, le super-malus, qui se déclenche aujourd'hui à partir de 193 g subit lui aussi une augmentation et passe de 60 000 à 70 000 euros. Quant au malus au poids, il se déclenchera à partir de 1 500 kg, et non plus 1 600, comme c’est le cas cette année encore. Mais cette dernière mesure n’interviendra qu’en 2026.
Reste quelques zones d’ombre dans ce projet de loi. Quid du bonus de 4 000 euros octroyé lors de l’achat d’une électrique neuve et du leasing social ? Ces aides sont encore en discussion et devraient faire l’objet du débat à l’Assemblée nationale dès la semaine prochaine. Mais un bonus abaissé à 3 000 euros tient la corde.
Une seule chose est certaine pour le moment : le montant global alloué à ces deux aides va être ratiboisé, puisqu’il passera de 1,5 milliard à 1 milliard. Des baisses sont donc à attendre, comme le bonus à 3 000 euros. Pour justifier cette dernière coupe, Bercy explique dans le document de présentation de son budget que « le coût des véhicules électriques baisse, et leur part dans les ventes augmente de manière dynamique (près de 20 % en 2024 contre 10 % en 2021), diminuant ainsi le besoin de subvention ».
Sauf que les ventes de VE n’ont augmenté que de 17% cette année et qu’en plus, ce taux est à la baisse depuis l’an passé. En outre, si le prix des électriques a effectivement été revu, leurs tarifs sont toujours au-delà des thermiques, ce qui constitue l’un des freins à leur achat.
Quant aux autos à watts abordables, si elles sont dans les tablettes des constructeurs, elles commencent à peine à montrer le bout de leur nez, comme la Citroën e-C3 et la Leapmotor T03. La Volkswagen ID2 tout comme la Twingo e-tech sont encore à l’état de projet, ou de concept car comme la petite française que l’on découvrira au Mondial de l’auto.
Reste la grande question du leasing social que l’on pensait condamner dans le prébudget établi par Gabriel Attal. Reviendra-t-il finalement pour un deuxième tour de piste en 2025 ? Le document d’explication de ce nouveau budget insiste sur le fait que les aides « financeront en priorité les ménages les plus modestes », ce qui laisse la porte ouverte à son retour.
Peu d'économies pour beaucoup de dégâts ?
Toujours est-il que ce coût de rabot sur l’automobile ne permettra, in fine, qu’une économie de 300 millions d’euros. C’est à la fois beaucoup et très peu par rapport aux 40 milliards d’économies que le gouvernement souhaite faire. Mais ces économies qui n’auront que peu d’effets sur le déficit public risquent d’en avoir beaucoup sur la filière automobile plutôt mal en point en ce moment. Ce durcissement du malus, Luc Chatel, le président de la PFA, la plateforme automobile qui représente les constructeurs et les équipementiers, le ressent comme « une double peine », puisque, selon lui, il ne permet pas de faire décoller les ventes d’électriques, et plombe les thermiques.
Est-ce pour rassurer le même Luc Chatel qui se plaint régulièrement auprès de l’exécutif, l’accusant de changer sans arrêt les règles du jeu ? Toujours est-il que le seuil du malus est d’ores et déjà planifié pour trois ans. Il passera à 106 g en 2026 et 99 g en 2027. Même punition pour le super malus qui atteindra 80 000 € en 2026 et 90 000 € en 2027. Gouverner c’est prévoir, même les mauvaises nouvelles.
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